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                Le Livre noir de  

          NAPOLÉON BONAPARTE [ 7 ]

 « un ordre naturel des places dans la société » ( II )
                                                 
 

 

    Solitude  v. 1772-1802  —   Timbre de la Poste Française, 2022

 Timbre en hommage à Solitude, héroïne de la résistance coloniale en Guadeloupe. Fille d'une esclave violée par un capitaine de navire négrier, elle se joint en 1802 à la révolte du commandant Louis Delgrès (1766-1802), métis "libre de couleur",  et d'autres marrons (esclaves en fuite), contre la loi rétablissant l'esclavage.  La révolte sera finalement matée par le général Antoine Richepance (Richepanse, 1770-1802) et, préférant mourir que de se rendre. Delgrès et ses compagnons de lutte, environ 500 personnes, se donneront la mort le 28 mai 1802.

 

"Vivre libre ou mourir", écrira Delgrès le même jour : 

On attendra le lendemain de son accouchement pour pendre Solitude, le 29 novembre 1802 (Source : "Archives d'Outre-mer : la mulâtresse Solitude, "Vivre libre ou mourir", franceinfo: ;  Archives Nationales d'Outre-Mer, FR ANOM C 7 a 57)  Son histoire sera popularisée par André Schwartz-Bart, dans son roman La Mulâtresse Solitude (Editions du Seuil, 1972).   

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« jouissons du triomphe et ne le souillons point »

​Quand Bonaparte bâillonnait la liberté d'expression

               Une école pour les pauvres ?

« il n'est pas dans la nature des choses que cela existe »

      Une « médecine à deux vitesses »

« la servitude des nègres... un bonheur pour eux  »

« Je suis pour les blancs, parce que je suis blanc  »

           Bibliographie

école

 

 

Une école pour les pauvres ?

“ il n'est pas dans la nature des choses que cela existe ” 

Dès le 18 brumaire an IX (9 novembre 1800),  Jean-Antoine Chaptal, trois jours après sa nomination comme ministre de l'Intérieur par intérim, présente au Conseil d'Etat un projet de loi et un rapport sur l'instruction publique, où il affirme, en particulier, que "les écoles primaires n'existent presque nulle part... par conséquent les écoles centrales, qui supposent des études premières, ne servent qu'à un petit nombre d'individus."  (cité par Louis Maggiolo, notice "CHAPTAL", dans "Dictionnaire de Pédagogie et d'Instruction primaire" dirigé par Ferdinand Buisson, Tome Premier, p. 365, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1887).  Son projet s'apparentait à celui que Joseph Lakanal avait fait voter à la Convention le 27 brumaire an III (17 novembre 1794), objet de la loi sur l'organisation de l'instruction publique du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), séparant l'enseignement en trois degrés, le premier réservé aux écoles primaires appelées "écoles municipales" (enfants de 6 à 10 ans), le second aux écoles centrales dites "écoles communales",  et enfin, les "écoles spéciales", à partir de 16 ans. D'autre part, Chaptal prévoyait, contrairement, à Lakanal, l'enseignement gratuit dans les écoles du premier et second degré  (cf. op. cité, notice "CONSULAT", de James Guillaume, p. 513).  

La circulaire du 25 ventôse an IX  (16 mars 1801) de Chaptal, par l'ensemble des questions posées aux préfets, démontrait bien à quel point la politique d'éducation demeurait une sorte de terra incognita, puisqu'une dizaine d'années après la Révolution Française, le ministre demandait à connaître "le nombre d'établissement d'instruction publique",   "des maîtres et maîtresses pour chacun", ou encore "le genre d'instruction qu'on y donnait" avant 1789   (op. cité, notice "Chaptal").   La circulaire provoqua une vaste enquête pour laquelle différents notables (sous-préfets, conseils de département, d'arrondissement, etc.) brossèrent un tableau catastrophique de la situation de l'instruction publique, qu'il faut parfois, ici ou là, relativiser à cause de partis pris idéologiques, à l'image de la condamnation sans nuance du Directoire quand il s'est agi de justifier Brumaire. L'ensemble des réponses fit l'objet d'un rapport établi lors de la session de germinal an IX du Conseil général, où le rapporteur admit "la cessation presque totale de l'enseignement public.(Grevet, 1991).  

Le Premier Consul ne donna pas de suite au projet de Chaptal, dont la gratuité scolaire et les moyens alloués à l'enseignement primaire, en particulier, ne faisaient pas du tout partie de ses projets et en alourdissait trop le budget.  Bonaparte devait faire un choix, il était simple, il avait et restera toujours  du côté des privilégiés.  Le ministre de l'Intérieur eut plus de chance du côté des arts et réussit à faire avancer la politique muséale du pays. Elle n'est en rien, là encore, ni une volonté, ni une œuvre à attribuer en propre à Bonaparte : 

 

"A la veille de la Révolution, toutes les composantes d'une politique patrimoniale sont presque réunies : la sauvegarde et l'investigation des traces du passé, la transmission des créations artistiques majeures, l'étude scientifique des objets, la volonté de montrer au public et aux jeunes artistes des modèles du Beau. Il manquait encore une conscience collective et une volonté politique pour donner à la notion de patrimoine sa connotation actuelle : la Révolution Française apportera cette réponse." 

"Musées et Patrimoine",  Ouvrage collectif dirigé par Claude Badet, Benoît Coutancier et Roland May,  édition du CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale), 1997, chapitre 1, p. 20. 

Dès la fin de l'année 1789,  les hommes au pouvoir doivent gérer les biens confisqués du clergé (2 novembre 1789),  et plus tard, pendant la Terreur, ceux des émigrés (8 avril 1792)  puis ceux de la Couronne (10 août 1792)  : 

  

"La circulaire du Ministre Rolland de novembre 1792 fonde l'organisation muséale au lendemain de la Révolution. A l'instar d'autres capitales européennes dans lesquelles des musées avaient déjà été créés, Paris est doté de trois établissements où sont regroupés « les chefs-d'œuvre des arts, si dignes d'occuper honorablement les loisirs d'un peuple libre», pour reprendre les dispositions de ladite circulaire."   (Galan, 2003). 

Enfin, ce sont beaucoup d'acteurs concernés par la question muséale qui, sous Napoléon, travailleront  à la développer.  Le décret du 1er septembre 1801 (14 fructidor an IX), signé par le ministre de l'intérieur Chaptal, institue quant à lui une liste de dépôts dans quinze ville de province, propres à recevoir "en outre de nombreuses œuvres prélevées lors des conquêtes militaires dans l'Europe et que les grandes institutions de la Capitale ne pouvaient plus accueillir"  (Galan, 2003).  Ainsi, ce décret n'est pas le fruit d'une volonté unique, ni du ministre, ni du Premier Consul. Il découle en partie de la politique de pillage de Napoléon, mais il est aussi, et plus positivement, "l’aboutissement des efforts de différentes personnalités lyonnaises comme Cochard, un des administrateurs du Département du Rhône, ou Mayeuvre de Champvieux, représentant du peuple. Il donnait forme à un des grands projets républicains : propager l’instruction publique et donner une image du « progrès des arts. »(Chaudonneret, 1986). Par ailleurs, la création des musées attachés aux dépôts précités relève de la volonté et du budget des autorités des villes concernées, et si la préservation du patrimoine incombe à l'Etat, "l'essor des musées de province est très souvent lié au dynamisme des Sociétés savantes" (op. cité).    

Revenons maintenant au domaine de l'instruction publique, où c'est un autre chimiste, Antoine-François Fourcroy, conseiller d'Etat succédant à Roederer à la direction générale de l'instruction publique, qui reprend les propositions faites par le gouvernement le 30 germinal an IX, très discutées au Conseil d'Etat présidé par le Premier Consul, mais aussi au Tribunat, à compter du 6 floréal. Aux voix timides "qui pourraient regretter que le projet ne renferme aucune disposition en faveur des filles",  le tribun Chassan répondit que "c'est au soin du ménage que doit être particulièrement habituée cette intéressante moitié de la société("Dictionnaire pédagogique...", op. cité, notice "CONSULAT", p. 516).     Plusieurs tribuns s'offusqueront, par ailleurs, du manque d'enseignement religieux dans les dispositions de la loi.  Un seul d'entre eux, Pierre-François Duchesne (1743-1814), très opposé pendant un temps au coup d'Etat de Brumaire et  qui a combattu à différentes reprises à la politique consulaire, prononce un des très rares et vibrants discours dignes d'un révolutionnaire sous le Consulat, pour défendre l'école primaire  :

« Donnez à tous, dit Duchesne, la même instruction dans les écoles primaires ; que la nation l'ordonne, l'encourage et la protège... Le plus dangereux privilège serait celui qui priverait la majeure partie du peuple fiançais des avantages inappréciables de l'instruction publique dans son premier degré, pour reporter toute la munificence nationale sur des écoles particulières, inaccessibles au plus grand nombre des citoyens. Doit-on et peut-on laisser dans un état d'abandon les écoles primaires, lorsqu'on déploie tant de magnificence pour doter et soutenir des lycées et des écoles spéciales, dont l'utilité d'ailleurs, sous le rapport du progrès des sciences et des arts, n'est pas moins incontestable ?... Une dépense aussi véritablement nationale que l'est celle de l'instruction publique devrait se reverser avec égalité sur toutes les classes de citoyens ; … cependant on nous propose d'abandonner entièrement le premier degré de l'instruction publique à la seule vigilance des conseils municipaux, sous la surveillance des sous-préfets ; on ne lui applique d'autres fonds que la rétribution fournie par les parents... Je considérerai les écoles primaires comme des établissements abandonnés au hasard de quelques dispositions heureuses dans certaines localités, et, dans tous les cas, comme une institution purement facultative, tant que je ne verrai pas la nation elle-même s'interposer dans leur organisation, protéger l'instruction publique dans son premier degré comme dans les degrés ultérieurs, et l'encourager par tous les sacrifices que l'état de nos finances peut comporter... Aucune considération ne doit nous porter à concentrer toute la bienfaisance nationale dans les seuls lycées et dans les seules écoles spéciales, au lieu de répandre une partie de sa salutaire influence sur les écoles primaires, qui sont l'aliment du peuple et le besoin de tous. Un sentiment profond de justice et une sage politique commandent au contraire de reverser sur le premier degré d'instruction une partie des secours que la nation destine à l'éducation publique ; et c'est même l'unique moyen de faire accueillir avec faveur, dans l'opinion de nos concitoyens, toute la partie du nouveau plan qui n'a pour but que le progrès toujours désirable des arts et des sciences... Je vote en conséquence contre l'adoption du projet. 

P-F. Duchesne,  7 floréal an X,  opus cité,  pp. 516-517

 

A la veille de voter la  loi  du  11 Floréal An X (1er mai 1802), "adoptée par 251 boules blanches contre 27 boules noires(op. cité, p. 517), le ministre Fourcroy répond en quelque sorte à Duchesne devant le Corps législatif,  conformément à la ligne idéologique napoléonienne diamétralement opposée aux idées révolutionnaires sur le progrès social : 

"Sans doute apprendre à lire, écrire et chiffrer est le besoin de tous les hommes vivant en société. Aucun ne devrait ignorer ces premiers moyens de communication et de conduite sociale. Mais, malgré cette grande vérité, quel est le peuple nombreux où il existe dans toutes les communes une école gratuite qui y soit consacrée ? Quel est le gouvernement qui peut soutenir ou qui soutient ce fardeau ? Si cela n'existe nulle part, excepté dans quelques pays resserrés et d'une très faible population, c'est qu'il n'est pas dans la nature des choses que cela existe : c'est qu'il est hors de la limite du possible qu'une pareille organisation soit établie chez un grand peuple."  

A-F Fourcroy, 10 floréal an X, op. cité

Une fois encore, Napoléon Bonaparte tournait le dos aux meilleurs principes nés de la Révolution Française.  Comme pour l'ensemble de sa politique, le Corse avait des visées élitistes, aristocratiques, et ne s'intéressait aucunement aux classes populaires, privée largement, et encore pour longtemps d'une solide instruction publique.  La loi de floréal, pour commencer, ne consacre que quatre articles succincts aux écoles primaires , (Titre II) tandis qu'au titre IV des lycées, on en compte pas moins de quatorze.  Sans surprise, donc, comme l'avait rappelé Duchesne, l'effort budgétaire du trésor public fut porté vers les lycées (référence à l'antiquité grecque), création de  la loi de floréal, et les écoles spéciales, tandis que es écoles communales, payantes, ne pouvaient compter que sur les moyens des parents et des communes, libres à des particuliers, laïcs mais surtout religieux, d'ouvrir des écoles (sous réserve d'autorisation). Dans le domaine de l'éducation, comme dans d'autres, le préfet était un petit maître dans son département. Il contrôlait les budgets communaux (travaux dans les écoles, salaires des enseignants, etc.), surveillait les écoles primaires, confiait la direction de ces établissements à tel ou tel (Grevet, 1991), et les congrégations religieuses, profitant de la carence de l'état en la matière (et déjà, plus clandestinement, pendant la Révolution) n'ont pas manqué de profiter de la situation pour occuper un peu partout le domaine de l'enseignement primaire, où le catéchisme, cependant, n'y fut pas obligatoire avant 1807.  Le préfet, encore, décidait en dernier ressort de la nomination des instituteurs (ou de leur suspension éventuelle), choisis par les conseils municipaux mais rétribués par les parents, parfois dispensés pour cause d'indigence, dans la limite d'un cinquième des enfants. Situation cependant très disparate, surtout dans les campagnes : A Willerval, dans le Pas-de-Calais, par exemple, l'instituteur avait renoncé à sa charge, ne pouvant pas être payé "à cause de l’extrême pauvreté des enfants" (Grevet, 1991), Ainsi beaucoup de maîtres et de maîtresses, dans les territoires ruraux, étaient obligés d'exercer une activité complémentaire pour améliorer leur propre sort : ils étaient un peu plus d'un tiers dans cette situation, en 1809 (Grevet, 1991)Autre signe du désintérêt de Napoléon Bonaparte pour l'école primaire était la qualification requise pour devenir instituteur ou institutrice, très aléatoire, puisqu'il ne leur était réclamé aucun grade universitaire, mais seulement un diplôme attestant de leur capacité et de leur moralité. 

boules  :   "Avant l’avènement du scrutin secret moderne, en Angleterre, en France et dans les colonies américaines, on utilisait toute une gamme de pratiques de vote, héritées du monde antique, de l’Église et des cités de l’Europe moderne : entre autres, le tirage au sort, le vote à mains levées, au moyen de fèves, de boules ou de bulletins."

 

Malcolm et Tom Crook, L’isoloir universel ? La globalisation du scrutin secret au XIXe siècle,  article de la Revue d’histoire du XIXe siècle, N° 43, 2011, pp. 41-45. 

 

Collèges et lycées sont donc organisés pour les élites, et  les femmes en seront écartées jusqu'à la IIIe République :  "Payants et chers, dans les deux cas, ils sont sélectifs et n’accueillent que 1 à 3 % de la classe d’âge masculine jusque dans les années 1880"  (Duval, 2011).  Pour en bénéficier, les familles devront débourser entre 400 et 500 francs, soit à peu près le salaire annuel d'un ouvrier (Jacques-Olivier Boudon, dans "Héritage de Napoléon : des lycées pour former les élites de la Nation", article du magazine Géo).  

"Des raisons idéologiques et politiques poussaient Bonaparte, puis Napoléon, à se préoccuper davantage de l’instruction primaire et secondaire des enfants de la bourgeoisie, parmi lesquels l’Etat devait recruter ses cadres administratifs et ses militaires. Dans ce but, les établissement scolaires urbains devaient être favorisés, alors que les écoles rurales pouvaient être délaissées.

(Grevet, 1991). 

​Ainsi, toute l'organisation des lycées est dictée, non par souci de développer les connaissances des élèves, mais dans un but essentiellement idéologique : "Lorsque les écoles centrales sont remplacées par les lycées, les nouveaux choix pédagogiques sont dictés par un objectif politique clair : après les tourmentes révolutionnaires, préserver l’ordre moral et social." (Duval, 2011 : 44).  

 

A l'opposé de l'école révolutionnaire, où la religion n'était plus enseignée, où les antiques humanités (langues anciennes, rhétorique, etc.) avaient reculé au bénéfice des matières scientifiques, l'école de Napoléon fait comme dans d'autres domaines un retour en arrière, avec des humanités qui empièteront un peu plus tard sur les matières scientifiques et où l'éducation, et la société dans son ensemble, sera de nouveau plongée dans un bain religieux. 

"il s’agit de préparer les lycéens aux concours de la fonction publique, pour devenir des fonctionnaires au service de l’État, ainsi qu’à ceux des « écoles du gouvernement » appelées « grandes écoles » à partir des années 1880, en particulier Polytechnique (créée dès 1794), pour ceux d’entre eux qui se destinent aux métiers d’officier ou d’ingénieur pour le Génie, l’Artillerie, la Marine ou encore les Ponts et Chaussées." (Duval, 2011 : 45). Par ailleurs, la "création des lycées marque d'abord le retour à un type d'organisation scolaire, celui des collèges d'Ancien Régime. Cette organisation scolaire est caractérisée par la division des élèves en classes successives correspondant chacune un niveau d'études et, quand on les parcourt à la suite, à un cursus tracé par avance dans une filière d'études donnée. Cette forme d'organisation, qui paraît aujourd'hui parfaitement naturelle, a son origine historique aux Pays-Bas, à la du Moyen-Age, dans les écoles des Frères de la Vie commune. Elle s'est imposée toute l'Europe avec la diffusion, pour ce qui concerne les pays catholiques, du modèle des collèges d'enseignement constitués dans le ressort de l'Université de Paris au début du XVIe siècle."  (Savoie, 2005)

Proviseur   :  "Si la fonction de proviseur est entièrement nouvelle, le mot, lui, ne l’est absolument pas. Il existe en effet des « proviseurs » dès le Moyen Âge, le mot latin provisor désignant, dans des contextes variés, « celui qui pourvoit à », c’est-à-dire, la plupart du temps, une sorte d’intendant dans les hospices. Mais dans l’esprit de Napoléon Bonaparte et des législateurs, le mot renvoie surtout à l’Université de Paris, fondée dès le XIIIe siècle : les proviseurs étaient les chefs des différents « collèges » qui la composaient. Trente-trois proviseurs se sont ainsi succédé à la tête du plus important de ces collèges, celui d’Harcourt (futur lycée Saint-Louis), entre 1280 et 1793, date à laquelle l’institution disparaît, emportée par la tourmente révolutionnaire."  (Clavé, 2021) 

 

Extrêmement encadrés par trois fonctionnaires : proviseur  (seul maître à bord, à qui la loi de 11 floréal impose d'être marié), censeur et économe, les  lycées sont, de plus, sous la coupe d'une hiérarchie parallèle de trois "inspecteurs généraux des études, qui  visiteront une fois au moins l'année les Lycées, en arrêteront définitivement la comptabilité, examineront toutes les parties de l'enseignement et de l'administration et en rendront compte au Gouvernement." (Loi précitée du XI floréal an X, Art. 17),  

Il n'y a pas que le domaine éducatif lui-même qui soit corseté, régimenté, conçu d'en haut  par les gouvernants seuls, sans aucune consultation et encore moins de participation du simple citoyen ; l'espace physique est aussi pensé par le pouvoir comme outil idéologique. Le lycée est un bâtiment à l'architecture inspirée du domaine militaire et religieux. Clos par de hauts murs, son organisation en internat (alors que l'externat était la règle à la période révolutionnaire) permet un contrôle très étroit de la vie des élèves, qui se double d'une "discipline stricte, au son du tambour, et une éducation religieuse, avec le retour des aumôniers." ." (Duval, 2011 : 44)

Retour en arrière, une fois de plus, dans l'esprit du Concordat, du retour en force de l'idéologie religieuse dans les écoles, combinée à l'idéologie politique.  S'attachant les élites ecclésiastiques, Napoléon Bonaparte les associera au nouveau régime au début de l'année 1803. Ils pourront alors bénéficier  "d’une reconnaissance administrative, fixée par l’arrêté du 7 ventôse an XI (26 février 1803), qui cependant n’a pas été publié dans le journal officiel ni dans le bulletin des lois. Les cardinaux, les archevêques et les évêques sont les seuls dignitaires ecclésiastiques auxquels les honneurs civils et militaires sont rendus." (Petit, 2018).  Le mois suivant, le Premier Consul procédait à la remise de la barrette rouge ("berretta") aux quatre cardinaux français dans un des salons des Tuileries, qu'il transforma en chapelle :

"Napoléon, dont le goût pour le pouvoir absolu ne se déguisait plus sous la toge du consul, ne faillit pas à une forme qui tenait à la prérogative du souverain. Il donna la barrette aux quatre cardinaux, de Belloy, Fesch, de Boisgelin, Cambacérès*, tout comme aurait fait le plus grand potentat, Louis XIV lui-même, avec l’autorité et la dignité d’un monarque de vieille souche." 

 

M. L'Abbé Lyonnet (Jean-Paul L.), "Le Cardinal Fesch, Archevêque de Lyon, Primat des Gaules, etc. etc... Fragments biographiques, politiques et religieux...",Tome premier, Lyon, Paris, Imprimerie catholique de Perisse Frères, 1841,  p. 221

Etienne-Hubert de Cambacérès (1756-1818), archevêque de Rouen en 1802, frère cadet du consul Jean-Jacques Régis de Cambacérès (1753-1824).  

Après la cérémonie, le cardinal de Belloy donna un magnifique banquet pour de nombreux dignitaires (ministres, ambassadeurs, évêques, etc), non sans avoir, auparavant, prononcé un discours plein de reconnaissance, à juste titre, pour le monarque républicain, qui a redonné tout son lustre à l'Eglise catholique  : 

"Vous avez pensé qu’une religion, dictée par Dieu même, pour le bonheur des hommes et la félicité des Etats, devait se présenter avec un appareil et une pompe capable d’élever les pensées vers le ciel, et d’inspirer un pieux respect pour les cérémonies et les fonctions du saint ministère. Vous avez, à cet effet, rendu à la pourpre romaine son ancien éclat, qui, depuis quelques années, semblait comme enseveli sous les ruines du sanctuaire, et vous avez daigné nous en faire décorer (...) nos temples retentiront de toutes parts d’actions de grâces et de nos vœux pour la précieuse conservation de vos jours , et pour la continuation de la gloire dont ils sont constamment environnés. Le Clergé n’oubliera jamais que c’est à votre piété et à vos bontés qu’il doit son existence actuelle ;" (op. cité, p. 222),  etc. etc.

Les consuls Cambacérès et Lebrun reçurent à leur tour les nouveaux cardinaux et "firent des frais d'étiquette et de prévenances qui annonçaient leurs bonnes dispositions en faveur de la reconstitution de l'Église de France.(op. cité, p. 222), mais la fête la plus brillante, semble-t-il, fut celle que donna ensuite Elisa Bonaparte (1777-1820), sœur de Napoléon, future duchesse de Toscane, pour célébrer en particulier la promotion au cardinalat de son oncle, Joseph Fesch, déjà évoqué : cf. 1e partie).  

Les marques d'honneur et de prestige touchant la haute cléricature, ne cesseront de se multiplier par la suite. L'année suivante, par un décret relatif aux cérémonies, aux préséances et aux honneurs civils et militaires, du 24 messidor an XII (13 juillet 1804), Napoléon Ier, devenu empereur le 18 mai de la même année, fera compter "les cardinaux, les archevêques et les évêques parmi les dignitaires de l’Empire (...) Sous le Premier Empire, les cardinaux sont officiers de la Légion d’Honneur et comme tels, membres-nés du collège électoral du département de leur domicile." (Petit, 2018).

medecine

Côté militaire, l'exemple du Prytanée (référence au Prytaneum de l'Athènes antique) est intéressant, car il cristallise la mentalité élitiste, aristocratique de Lucien et Napoléon Bonaparte. Créé le 30 juillet 1798 (12 thermidor an VI), le Prytanée français fut un précurseur des lycées, fondé sur la base des bourses accordées à neuf anciens collèges disparus et qui furent réunies "à celles du collège Egalité dans ce qui fut d’abord appelé l’Institut des boursiers, puis en 1798 le Prytanée français (...) situé dans l’ancien collège Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques" (Palmer et Julia, 1981), rebaptisé Collège de Paris,  et deviendra ensuite  le premier modèle de lycée en 1803, le Lycée de Paris.  Le 1er germinal an VIII (22 mars 1800), Lucien Bonaparte, ministre de l'Intérieur, "fut à l’origine de la subdivision du Prytanée en quatre établissements qui devaient être implantés à Paris, Fontainebleau, Versailles et Saint-Germain. Celui de Fontainebleau devint quelques années plus tard l’Ecole supérieure militaire de Saint-Cyr (...) Le programme d’enseignement fut transformé de manière substantielle à la fois pour prendre en compte les faiblesses réelles des écoles centrales et pour satisfaire les parents qui demandaient une discipline plus stricte. Les professeurs des lycées étaient à peu près les mêmes hommes que ceux des anciennes écoles centrales. Les élèves étaient plutôt traités comme des cadets militaires, habillés en uniforme et organisés en escouades. Ils venaient pour la plupart de familles qui étaient favorables au régime de Bonaparte, tout comme, dans les écoles centrales, ils étaient venus de celles qui étaient favorables à la République."  (Palmer et Julia, 1981),

Enfin,  tout un système concurrentiel, entre établissements, entre enseignants ou entre élèves,  sera à même de renforcer la mentalité individualiste, compétitive des élites propres, très loin, encore une fois, d'un esprit, d'une volonté de coopération entre les individus. La première grille de rémunérations des fonctionnaires du lycée, fixée par arrêté le 27 octobre 1802,  établissait ainsi "un classement des lycées en fonction du montant des droits d’inscription versés par les élèves : trois « ordres », appelés plus tard des « classes », sont ainsi mis en place."  (Clavé, 2021),  En 1803, le législateur va encore plus loin, par l'arrêté du 15 brumaire an XII (7 novembre 1803), en instituant (pour plus d'un siècle) une inégalité de traitement entre le personnel "hors classe" des lycées parisiens et leurs homologues des trois classes provinciales (cf. tableau chiffré), elles-mêmes hiérarchisées  (op. cité).  

 

 Une “ médecine à deux vitesses ” 

 

 

 

S'agissant de la médecine, Napoléon hérite d'un système universitaire créé en 1794 sous la Convention à l'initiative, surtout, du chimiste et médecin Antoine François Fourcroy (dont il  a déjà été question sur le sujet de l'éducation : cf. Napoléon, partie 2 en particulier) membre de la Société royale de médecine depuis 1780,  qui,  au sein du Comité de salut public présente un projet de réforme le 27 novembre 1794 (7 frimaire an III), adopté par une  loi le 4 décembre, qui fusionne médecine et chirurgie et établit trois grandes écoles de Santé, à Paris, Montpellier et Strasbourg. 

Dans le même ordre d'idée, il faut nuancer la création de l'internat de médecine par Napoléon. Officiellement, l'externat et l'internat des hôpitaux sont créés par décret du 4 ventôse an XI (10 février 1802). "Pourtant ne croyons pas que l’internat naisse avec le Premier Consul, sinon dans les textes officiels. En réalité, dès le XIe siècle apparaissent dans les Hôtels Dieu (qui furent créés par l’Église dès le VIe siècle !) des salles de garde dévolues aux barbiers-chirurgiens. Car ceux-ci sont rapidement devenus la cheville ouvrière des hôpitaux*, où seuls les religieux assurent une présence médicale entrecoupée par leurs obligations conventuelles et où les médecins sont totalement absents. Ces barbiers-chirurgiens doivent donc dîner et souper sur place, souvent y dormir, aussi met-on à leur disposition chambres, réfectoire et cuisine : c’est-à-dire des salles de garde (...) À côté du maître-chirurgien prend place celui qu’on nomme le gagnant-maîtrise dont le rôle est à peu près équivalent à celui de nos actuels chefs de clinique. Il est lui-même secondé par au moins six compagnons-chirurgiens encore en formation et que l’on peut comparer à nos internes. En obtenant cette fonction, ils gagnent le « tablier » qui caractérise leur rang".

 J-N Fabiani-Salmon, "Histoire de l’internat des hôpitaux (1802–2005)",  article  du Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine, volume 206, N° 9, décembre 2022, pp. 1269-1275. 

on disait encore "hospices" et réservait plutôt l'appellation d'"hôpital" aux hôpitaux militaires (Bertaud, 2014).  Sous l'Ancien Régime "Les médecins en revanche n'y venaient jamais" (F-Salmon,op. cité)

​​

Le développement des sciences n'a pas attendu Napoléon pour se poursuivre et de grands scientifiques ouvrent la voie aux développements de la physiologie, de l'anatomie ou de la prise en charge individualisée des malades, (questionnement du patient, auscultation, palpation, percussion), tels Corvisart, déjà cité, mais aussi Marie François Xavier Bichat (1771-1802), ou encore René-Théophile-Hyacinthe Laënnec  (1781-1826).  

 

Mais ce qui est propre à Napoléon, encore et toujours, ​c'est sa conception aristocratique et inégalitaire des classes sociales qui anime chacune des réorganisations opérées dans les différents corps de l'Etat. Prévue à l'origine pour lutter contre le charlatanisme, la loi de 1803 sur la professionnalisation de la médecine, instaurant un diplôme officiel, opèrera, à la manière du système de suffrage censitaire, un tri par le revenu, puisque le futur médecin doit débourser 1000 francs pour les inscriptions aux cours, sa thèse et divers droits (en 1833, ces frais passeront à 2000 francs (Léonard, 1966 ; Bertaud, 2014).  Cette "médecine à deux vitesses", selon l'expression reprise par l'historien Jean-Paul Bertaud, donnera, d'un côté, des internes en médecine patentés, pour soigner les notables, et de l'autre, des stagiaires rabaissés en "officiers de santé", à la scolarité écornée (moins d'examens et de matières) et écourtée, sans parler de l'interdiction qui leur est faite par la loi d'exercer hors du département où leur diplôme a été décerné, ou de pratiquer "les grandes opérations chirurgicales" (Léonard, 1966)  sans la présence d'un vrai médecin. 

"La loi établit donc pour la paysannerie, classe majoritaire et nourricière de la nation « des praticiens souvent incompétents, parfois dangereux, toujours intimidés par la responsabilité médicale » inscrite au Code pénal"   (Bertaud, 2014, citation de Jacques Léonard, "La médecine entre le savoir et les pouvoirs", Paris, Aubier, 1981, p. 46 et ss.) 

 

la servitude

 

 

 

la servitude des nègres... un bonheur pour eux

Le 20 mai 1802 (30 floréal an X), une loi "relative à la traite des Noirs et au régime des Colonies" spécifiait : Dans les colonies restituées à la France en exécution du traité d'Amiens, du 6 germinal an X, l'esclavage sera maintenu conformément aux lois et réglemens antérieurs à 1789" (article Ier).  Ce n'est pas tout. Le 2 juillet de la même année, un arrêté ségrégationniste de Bonaparte  interdisait non seulement "aux Noirs, Mulâtres et autres gens de couleur, d’entrer sans autorisation sur le territoire continental de la République" mais aussi "à tous étrangers d’amener sur le territoire continental de la République, aucun noir, mulâtre, ou autres gens de couleur, de l’un et de l’autre sexe."  (arrêté 2001, 13 Messidor an X, Bulletin des Lois de la République n¨219)

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Décret du 20 mai 1802  (30 floréal an X), autorisant la traite et l'esclavage dans les colonies restituées par le traité d’Amiens,

 

                                     Archives nationale, A-1055, p. 1.

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       Arrêté ségrégationniste (n¨2001) du  13 Messidor an X /2 juillet 1802

                              Bulletin des Lois de la République n¨219

  

L'institution de l'esclavage avait été abolie par la Convention le 4 février 1794 (16 pluviôse an II), fait confirmé par la constitution de l'an III, du moins sur le papier, car les colons défendirent avec succès leurs intérêts becs et ongles. Face aux représentants du Directoire, les avocats René-Gaston Baco de la Chapelle (1751-1800) et Étienne Laurent Pierre Burnel (1762-1835), missionnés à l'Ile de France (Ile Maurice) et à l'Ile Bourbon (Ile de la Réunion) pour faire appliquer la législation antiesclavagiste plus de deux ans après sa promulgation, en juin 1796, les colons des Mascareignes se montrèrent très fermes  et mêmes rebelles, dans leur refus, eux qui expulsent les agents du gouvernement vers les Philippines. A leur retour, ces derniers apprendront que la traite s'était poursuivie dans l'Océan Indien, malgré les dénégations des assemblées coloniales  (Mazauric, 1999).  

 

Au fur et à mesure, la loi s'est étendue à des régions qui n'entraient pas dans le cadre de la loi, comme la Guadeloupe ou la Guyane. 

Depuis le milieu du XVIIIe siècle, et de manière plus vive au début de la Révolution Française, nous avons vu que la question divisait les élites (cf. L'Aristocratie de l'épiderme).  L'arrivée au pouvoir de conservateurs et réactionnaires, au Directoire et au Consulat avait progressivement remisé la question, et au Consulat  la littérature sur le sujet était plutôt le fait "des colons ou d’auteurs qui leur étaient favorables. Ils réclamaient l’ordre, la tranquillité pour le commerce et le maintien de l’esclavage, « mal nécessaire, utile aux colonies et dans l’intérêt des Africains eux-mêmes »" (Branda et Lentz, 2024/a, citation Pierre-Auguste Adet)

 

Rappelons une des réformes principales que les colons souhaitent pour pouvoir continuer de prospérer  : 

"Pour rétablir les colonies , il faut remplacer la population noire que l'anarchie a dévoré ; il faut des hommes acclimatés dans le pays chaud , des agriculteurs que l'Europe ne saurait fournir ; il faut des têtes françaises et des bras africains ; dans le cas contraire, on préparerait infailliblement une misère perpétuelle à la France Car avec l'indépendance des noirs , il n'y a plus des colonies ; sans colonies , il ne peut y avoir de commerce ; sans commerce, nous n'aurons point de marine ; sans marine et sans commerce, il ne peut y avoir d'industrie" 

(...)

On trouvera dans la dissertation sur la couleur des nègres, par Barrere, imprimée en 1741 , et dans l'exposition anatomique du corps humain, par Winslow, que le nègre et le blanc ont une différence qui tend à prouver que le premier n'est pas de même et semblable espèce que le second ; car les nègres ont les germes de la génération , la substance du cerveau, la glande pinéale , tout différemment que les blancs , le sang même est plus noir ; il est également prouvé par ces mêmes anatomistes, que la bile du nègre est noire. 
   Que cette fange de philantropie débarrasse ce monde de toutes ces variations et de toutes les bisarreries qui s'opposent au bonheur des hommes de tous les pays, de toutes les couleurs, de toutes les mœurs et usages.  
    Plus humain que philosophe, je dirai que la servitude des nègres dans les colonies est un bonheur pour eux.

      En effet , en Afrique , la servitude y est aussi ancienne que le monde, et toutes les contrées de cet immense pays se trouvent asservies à un ou plusieurs despotes, qui, mille ans avant la naissance de Christophe-Colomb , vendaient leurs sujets aux marchands arabes, qui, pour un cheval barbe, le marchand arabe recevait de 18 jusqu'à 20 nègres esclaves, qu'il amenait
en captivité à Tunis et sur les autres côtes de Barbarie.

      

 "Coup d'œil sur les intérêts du commerce maritime, par Gabriel Chastenet-Destere [1760-1812, NDA], né et propriétaire dans la partie française de St.-Domingue.", dans  "Recueils de pièces imprimées concernant Saint Domingue, la Nouvelle Écosse, colonies de Sierra Léona et de Boulama, commerce des colonies espagnoles.", p. 1 ; 17 ,  1793-1800.   

Pierre-Auguste Adet (1760-1812) "Tribunat. Rapport fait par P. A. Adet, au nom d’une commission spéciale, Sur une pétition adressée au Tribunat par des colons qui demandent une loi portant suspension de toutes poursuites exercées contre les habitants des colonies, en vertu d'engagemens contractés avant la révolution pour acquisition d'immeubles dévastés, ou de propriétés mobilières perdues depuis la révolution. Séance du 2 Prairial an 8." (22 mai 1800).  

bonheur :   Certains pensent, comme Jean-Félix Carteau (né vers 1740), colon propriétaire, planteur de Saint-Domingue, que l'existence des esclaves des colonies était plus enviable que celle des pauvres paysans de France : "Peinture fidelle du régime précédent des Esclaves. De la comparaison de leur sort à celui des journaliers de France ; il demeure évident que ceux-ci ne jouissaient pas à beaucoup près, des avantages des premiers, et que la vie de nos Noirs abondait plus en sujets de joie, de satisfaction et de plaisir."   (J-F. Carteau, "Soirées bermudiennes, ou Entretiens sur les événements qui ont opéré la ruine de la partie française de l'île de Saint-Domingue", Bordeaux, chez Pellier-Lawalle, 1802, p. XV. 

 

Beaucoup d'ignorance et de préjugés, bien sûr, chez notre propriétaire, à part le tout dernier paragraphe. En effet, du plus loin qu'on peut remonter dans l'histoire de l'Afrique, ce continent ne se démarque pas des autres dans la pratique très ancienne de l'esclavage, répandue du nord au sud du continent, qui a très bien servi d'abord les intérêts esclavagistes arabes, puis européens  : cf.  Afrique Noire,  Dominations et Esclavages.  

Du côté de nos robins, tel Regnaud, il n'y a aucun doute sur le sujet, qui s'exprimera ainsi dans un discours tenu lors de la séance du Corps législatif qui rétablira l'esclavage, du 30 floréal an X  :

 

"L’humanité ne veut pas qu’on s’apitoie avec exaltation sur le sort de quelques hommes [comprendre : les esclaves] ; et qu’on cherche à leur procurer des biens douteux en exposant une autre partie de l’espèce humaine [les colons blancs] à des maux certains et terribles"   

La position de  l'écrivain François-René de Chateaubriand (1768-1848), qui publie sur le sujet la même année de la loi,  se teinte sans surprise de cette compassion chrétienne bien commode, bien hypocrite, qui s'exerce sur les malheureux tant qu'ils restent dans le rang, sans "bouleverser l'ordre et les propriétés". Deux millénaires plus tôt, rappelons-nous,  Jésus, et après lui Paul de Tarse, n'avait jamais contesté, non plus, l'esclavage, pas plus que les inégalités sociales  (cf.  Critique et utopie sociales — Le temps judéo-chrétien).  

"La manière sensible et religieuse dont les missionnaires parloient des Nègres de nos colonies étoit la seule qui s’accordât avec la raison et l’humanité. Il rendoit les maîtres plus pitoyables, et les esclaves plus vertueux ; il servoit la cause du genre humain, sans nuire à la patrie, et sans bouleverser l’ordre et les propriétés. Avec de grands mots on a tout perdu ; on a éteint jusqu’à la pitié ; car, qui oseroit encore plaider la cause des noirs, après les crimes qu’ils ont commis ? Tant nous avons fait de mal ! tant nous avons perdu les plus belles causes et les plus belles choses !" 

 

"Génie du christianisme ou Beautés de la Religion chrétienne ; par François-Auguste Chateaubriand... Tome Quatrième. Paris, Chez Migneret, Imprimeur... An X. — 1802", Quatrième Partie, Culte - Livre Quatrième, Missions - Chapitre VII, Mission des Antilles, 

 p. 189).    

blanc

 

 

 Je suis pour les blancs, parce que je suis blanc 

Les positions contradictoires de Napoléon Bonaparte en Egypte sur le sujet de l'esclavage ont été évoquées dans le chapitre concerné (partie 1, campagne d'Egypte), qui indiquent très probablement qu'il n'approuvait pas intellectuellement le principe même de l'esclavage, mais que ce sentiment n'a guère pesé dans son action politique. En effet, primo, le Premier Consul, à l'instar de l'écrasante majorité des élites de l'époque, pensait sa civilisation supérieure à celle des Africains, auxquels il refusait même le caractère civilisé :

 

"On ne veut voir que des partisans des Anglais dans nos colonies, pour avoir le prétexte de les opprimer. Eh ! bien, M. Truguet, si vous étiez venu en Égypte nous prêcher la liberté des noirs ou des Arabes, nous vous eussions pendu en haut d'un mât. On a livré tous les blancs à la férocité des noirs, et on ne veut pas même que les victimes soient mécontentes ! Eh ! bien, si j’avais été à la Martinique, j’aurais été pour les Anglais, parce qu’avant tout il faut sauver sa vie. Je suis pour les blancs, parce que je suis blanc ; je n’en ai pas d’autre raison, et celle-là est la bonne. Comment a-t-on pu accorder la liberté à des Africains, à des hommes qui n’avaient aucune civilisation, qui ne savaient seulement pas ce que c’était que colonie, ce que c’était que la France ? Il est tout simple que ceux qui ont voulu la liberté des noirs, veuillent l’esclavage des blancs ; mais encore, croyez-vous que si la majorité de la Convention avait su ce qu’elle faisait, et connu les colonies, elle eût donné la liberté aux noirs ? Non sans doute ; mais peu de personnes étaient en état d'en prévoir les résultats, et un sentiment d'humanité est toujours puissant sur l'imagination. Mais à présent, tenir encore à ces principes ! Il n'y a pas de bonne foi ; il n'y a que de l'amour-propre et de l'hypocrisie."

  

N. Bonaparte à la séance du Conseil d'Etat, 30 floréal an X / 20 mai 1802, cité par Antoine Claire Thibaudeau, "Mémoires sur le Consulat. 1799 à 1804. Par un ancien Conseiller d'État. Paris. Chez Ponthieu et Cie, Libraires...1827", p. 120-121

Secundo, le sens moral n'étouffant pour ainsi dire jamais Napoléon Bonaparte, son pragmatisme primait avant tout, comme l'indique bien un certain nombre de décisions relatives aux colonies françaises. Ainsi, les termes de la Constitution de l'an VIII concernant les colonies montrent bien que, contrairement au souci d'unité républicaine affiché par le Directoire, Napoléon Bonaparte, en prévoyant que "Le  régime  des colonies françaises est déterminé par des lois spéciales" (article 91) ou encore que "dans les cas de révolte à main armée, ou de troubles qui menacent la sûreté de l'Etat, la loi peut suspendre, dans les lieux et pour le temps qu'elle détermine, l'empire de la Constitution" (article 92),  se dotait de tous les moyens et de toute la latitude possible pour mater toutes les formes de contestation du pouvoir colonial.  Les lois spéciales seront réitérées par la Charte du 4 juin 1814 ("les colonies seront régies par des lois et règlements spéciaux"), puis celle du 14 août 1830, sous la monarchie de Juillet, dont l'article 64 précise que  "les colonies seront régies par des lois particulières"

: "son magistère ne devait pas être remis en question par quelques généraux noirs et, puisque l’intérêt économique du pays passait par une reprise en main des colonies, il ferma les yeux sur les moyens d’y parvenir, laissant le champ libre, en les appuyant de son autorité, aux héritiers du club de Massiac."  (Branda et Lentz, 2024/b).   

Pragmatisme encore, quand, en 1800, il s'oppose au rétablissement de l'esclavage demandé par l'ancien intendant de Saint-Domingue, François Barbé-Marbois,  se montrant ainsi favorable à son maintien là où il n'a pas été aboli (Martinique et Sainte-Lucie, colonies anglaises à partir de 1793) ou, au contraire, à son abolition, là où celle-ci a été prononcée (Guadeloupe, Guyane ou Saint-Domingue, alors colonies françaises). Le 25 décembre 1799, les consuls de la République annonçaient un "nouveau pacte social" et déclaraient "que les principes sacrés de la liberté et l’égalité des Noirs n’éprouveront jamais parmi vous d’atteinte ni de modification. S’il est dans la colonie de Saint-Domingue des hommes malintentionnés, s’il en est qui conservent des relations avec les puissances ennemies, braves Noirs, souvenez-vous que le peuple français seul reconnaît votre liberté et l’égalité de vos droits" ("Aux citoyens de Saint-Domingue", 4 nivôse an VIII / 25 décembre 1799, Correspondance de Napoléon 1er publiée par ordre de l’Empereur Napoléon III, n° 4455).  Le 8 novembre 1801 (17 brumaire an 10), cherchant à amadouer une population révoltée, le Premier Consul proclamait dans une lettre : "Habitants de Saint-Domingue, Quelles que soient votre origine et votre couleur, vous êtes tous Français ; vous êtes tous libres et égaux devant Dieu et devant la République. […] Si on vous dit : ces forces sont destinées à vous ravir votre liberté, répondez : la République nous a donné la liberté, la République ne souffrira pas qu’elle nous soit enlevée […]"

 

Confiture de paroles, rappelons-nous, qui ne traduit aucunement les véritables convictions et intentions du consul Bonaparte. Le lendemain de sa soumission au général Charles Victor Emmanuel Leclerc (1772-1802) beau-frère du Premier Consul (il était l'époux de Pauline Bonaparte), le 7 mai 1802, le général noir François-Dominique Toussaint, dit Toussaint Louverture (1743-1803), ancien esclave affranchi,  passait des accords de paix avec Leclerc, qui  s'engageait à ne pas rétablir l'esclavage (Lettre autographe du Général Leclerc au Général Toussaint, Au Quartier-Général du Cap, 17 Floréal an X, Collection Kurt Fisher) : La loi sur le rétablissement de l'esclavage, nous l'avons vu, interviendra pourtant moins de quinze jours après ces accords. Mais les insurrections des Noirs  continuent de donner beaucoup de fil à  à retordre au général, qui, dans une lettre adressée du "Quartier Général du Cap, le 15 Vendémiaire An XI (7 octobre 1802)" au Premier Consul,  se laisse aller à confier ses pensées génocidaires : 

"Voici mon opinion sur ce pays. Il faut détruire tous les nègres des montagnes, hommes et femmes, ne garder que les enfants au-dessous de 12 ans, détruire moitié de ceux de la plaine et ne pas laisser dans la colonie un seul homme de couleur qui ait porté l’épaulette. Sans cela jamais la colonie ne sera tranquille et au commencement de chaque année, surtout après les saisons meurtrières comme celle-ci, vous aurez une guerre civile qui compromettra la possession du pays." 

"Lettres du Général Leclerc commandant en chef de l’armée de Saint-Domingue en 1802. publiées avec une introduction par Paul Roussier", Bibliothèque d'histoire coloniale (6),  Paris, Société de l'Histoire des colonies françaises, 1937,  p. 256.  

 

Malgré toutes ses belles paroles trompeuses, et répétées, comme  on l'a vu, Napoléon Bonaparte réactive donc l'esclavage et la traite, poussé par les intérêts des lobbies négriers, et, probablement  d'autres businessmen : "On ne saurait non plus exclure que les hommes d’affaires ayant soutenu la « révolution de Brumaire » aient recherché un rapide « retour sur investissement »." (Branda et Lentz, 2024/b).  Comme beaucoup d'autres avant lui, le Premier Consul laissait encore de côté "la question de savoir si nos Colonies ne nous étaient pas plus à charge qu'avantageuses."  (C. Balu, "Des colonies et de la Traite des Nègres", Paris, 1809, p.1).  Avec la cession de l'Espagne, en 1800, de la Louisiane occidentale et de La Nouvelle-Orléans à la France, puis des préliminaires de paix établis à Londres avec la puissance navale britannique, en 1801,  le Premier Consul avait entrevu une main mise française sur une partie de l'Amérique, et pour parvenir à cet objectif géopolitique et économique, il avait nécessairement besoin de renforcer au mieux les colonies françaises. Cependant, les rêves américains du Premier Consul seront douchés par de grandes défaites à Saint-Domingue, qui conduiront à l'indépendance d'Haïti, le 1 er janvier 1804. Pragmatique, il finira par revendre l'immense territoire de la Louisiane de l'époque (plus de 22 % des Etats-Unis actuels) au président américain  Thomas Jefferson, le 30 avril 1803, pour quinze millions de dollars.  

 

Exactement au même moment où Toussaint Louverture acceptait sa reddition à Saint-Domingue, c'est par une répression terrible que les soldats français commençaient à reprendre la main sur la Guadeloupe (et en juillet, sur la Martinique), pour y faire appliquer bientôt le rétablissement de l'esclavage, avec les troupes du général Richepance (cf. image en exergue), puis celles du contre-amiral Jean-Baptiste Raymond de Lacrosse (1760-1829), qui fut préfet en métropole, gouverneur et capitaine général et de la Guadeloupe.  Si le Premier Consul Bonaparte n'a pas donné les ordres du massacre lui-même, ni prononcé les 250 condamnations à mort parmi les rescapés  (cf. Fondation Napoléon), il est clair, encore une fois,  que la fin (le contrôle économique sur le commerce esclavagiste ) justifiait encore pour lui tous les moyens utilisés par ses officiers, d'autant qu'il ne s'en est jamais ému. 

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 "Profil de l'Apollon, celui du nègre, et celui  de l'orang-outang pour termes de comparaison des divers angles  de la face. D'après Camper..."

 

      Julien-Joseph Virey (1775-1846)

"Histoire Naturelle du genre humain, ou Recherches sur ses principaux Fondemens physiques et moraux ; précédées d'un Discours sur la nature des êtres organiques et sur l'ensemble de leur physiologie. On y a joint une Dissertation sur le sauvage de l'Aveyron. Avec figures."

 

Tome Second, p. 134., Planche IV,  

         

         Gravure  de  Duhamel   

                 

                       1800

biblio

 

Comme dans beaucoup d'autres domaines (despotisme, autoritarisme, esclavage, censure,  élitisme, privilèges de classe, pratiques monarchiques,  etc.) on voit clairement encore une fois à quel point Napoléon Bonaparte est un homme du passé, aux idées archaïques, qui, parfois, sous des allures de nouveautés, recycle un certain nombre de pratiques politiques anciennes qui avaient entretenu une ferme domination  des riches sur les pauvres, ou bridé, par son pouvoir absolu, la liberté de penser et d'agir des individus en contrôlant étroitement le corps social  par toutes sortes de moyens,  

 

Au regard des faits, il n'y a aucun doute que le régime politique du Consulat s'apparente déjà à une forme de dictature. Non pas selon la conception antique d'une "magistrature extraordinaire" d'un chef, mais bien moderne, à savoir un "Régime politique dans lequel le pouvoir est entre les mains d'un seul homme ou d'un groupe restreint qui en use de manière discrétionnaire(Trésor de la Langue Française informatisé, TLFi, entrée "dictature"), n'en déplaise à Thierry Lentz, qui voudrait sans doute réserver l'usage de ce mot  aux  régimes de terreur seulement : "Mais parler de dictature et, qui plus est, de dictature militaire est se moquer de l’histoire et du sens des mots…"  (Lentz, 2023)

 

Plus aimable que d'autres, si on peut dire, puisque la dictature de Napoléon Bonaparte ne torture pas ceux qui ne pensent pas comme elle, elle a cependant, bien avant la consécration impériale, déposé un pouvoir presque absolu dans les mains d'un seul homme, a violenté et étouffé la liberté d'expression, a imposé à tous par le mensonge, la falsification et la propagande,  une fabrication de l'histoire à son image et à sa gloire.   

                   

                     

 

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