
Le Livre noir de
NAPOLÉON BONAPARTE [6]
« les riches achètent le sang des pauvres »
A stoppage to a stride over the globe
"Un arrêt à une foulée autour du globe"
anonyme, publié par Piercy Roberts
1803 34,7 x 24.5 cm
The British Museum
J,3.83
Londres, Angleterre
"« Ah ! qui ose m’interrompre dans ma progression ? »
« Pourquoi est-ce moi, le petit Johnny Bull, qui protège un petit endroit où je tape de la main et d..n moi si tu vas plus loin, c'est tout. »
“ Au moment où se rompt la paix d’Amiens, il est déjà si fort et si envahissant que ses voisins, pour leur sûreté, sont obligés de faire alliance avec l’Angleterre : cela le conduit à briser les vieilles monarchies encore intactes, à conquérir Naples, à mutiler l’Autriche une première fois, à démembrer et dépecer la Prusse, à mutiler l’Autriche une seconde fois, à fabriquer des royaumes pour ses frères à Naples, en Hollande, en Westphalie. — À la même date, il a fermé aux Anglais tous les ports de son empire : cela le conduit à leur fermer tous les ports du continent, à instituer contre eux une croisade européenne, à ne pas souffrir des souverains neutres comme le pape, des subalternes tièdes comme son frère Louis, des collaborateurs douteux ou insuffisants comme les Bragances de Portugal et les Bourbons d’Espagne, partant à s’emparer du Portugal et de l’Espagne, des États pontificaux et de la Hollande, puis des villes hanséatiques et du duché d’Oldenbourg, à allonger sur le littoral entier, depuis les bouches de Cattaro et Trieste jusqu’à Hambourg et Dantzig, son cordon de commandants militaires, de préfets et de douaniers, sorte de lacet qu’il serre tous les jours davantage, jusqu’à étrangler chez lui, non seulement le consommateur, mais encore le producteur et le marchand — Tout cela, dans les formes autoritaires que l’on connaît, quelquefois par simple décret, sans autre motif allégué que son intérêt, ses convenances et son bon plaisir, [arbitrairement et brusquement, à travers quels attentats contre le droit des gens, l’humanité et l’hospitalité, avec quel abus de la force, par quel tissu de brutalités et de fourberies], avec quelle oppression de l’allié et quelle spoliation du vaincu, par quel brigandage soldatesque exercé sur les peuples en temps de guerre, par quelle exploitation systématique pratiquée sur les peuples en temps de paix, il faudrait des volumes pour l’écrire. ”
(Hyppolite Taine, Les Origines de la France contemporaine, Le Régime Moderne – Tome premier... Paris, Librairie Hachette et Cie, 1890-1893 ; édition de 1904, Livre Premier – Napoléon Bonaparte, chapitre II, V : pp. 125-127).
La guerre “ sans repos ni trêve”
Par la loi Jourdan-Delbrel (deux députés néo-jacobins du Directoire, représentant, dans l'ordre, la Haute-Vienne et le Lot au Conseil des Cinq-Cents), du 5 septembre 1798 /19 Fructidor an VI, avait été institué pour la première fois en France ce qu'on appellera plus tard le service militaire obligatoire, pour les jeunes hommes de 20 à 25 ans : "Hors le cas du danger de la patrie, l'armée de terre se forme par enrôlement volontaire et par la voie de la conscription militaire." (Titre premier, article 3). Et comme dans les autres activités sociales au temps du règne de Napoléon, l'inégalité des fortunes est de mise. En effet, la loi du 17 ventôse an VIII / 8 mars 1800, qui a pour objet la première levée militaire consulaire, rétablit du même coup le remplacement du conscrit, déjà prévu par la loi Jourdan, et ne sera abrogé que par la loi du 27 juillet 1872.
Le remplacement militaire permet aux plus aisés qui ont tiré "le mauvais numéro" de se soustraire à la conscription (alors, six années de service), le remplacé devant s'acquitter (par un contrat notarié) d'un prix versé au remplaçant, qui deviendra de plus en plus prohibitif au pire des conflits : De quelques centaines de francs en 1800, les riches finiront par débourser de 5000 à 10.000 francs pour éviter à leur progéniture les affres de la guerre, ce qui correspond à ce qu'un ouvrier gagne pendant toute sa vie (Bertaud, 2014 : 201). C'est ce qui fait dire à l'historien que "les riches achètent le sang des pauvres". Ce sont eux, paysans pour la plupart, qui alimentent très largement les armées. Ils sont certes habitués à beaucoup marcher, mais leur petite taille, leur corps amoindri par les pénibles travaux agricoles et les carences d'un régime alimentaire déficient inquiètent les officiers de santé (op. cité). Précisons que de 4,5 % en moyenne des levées militaires entre 1806 et 1810, le taux des remplacements passera entre 18 et 25 % entre 1820 et 1848 (Waquet, 1968).
Enseigne du Bureau de remplacement militaire,
"Hussard sonnant le clairon"
anonyme
1860
tôle, peinture à l'huile, dorure
168,5 x 73 cm
Musée Carnavalet
Tirage au sort
pour la conscription
Hippolyte Lecomte
(1781-1857)
Peintre, lithographe
gravure coloriée
39 x 48 cm
Muséee des civilisations
de l'Europe
et de la Méditerranée
(MUCEM)
Il faut aussi souligner le fait que les juifs, devenus citoyens en 1790, ne pourront bénéficier (contrairement à la loi Jourdan-Delbrel), des faveurs du remplacement militaire à partir de 1808, par un des trois décrets impériaux du 17 mars 1808 (article XVII) :
"Seul, le troisième décret traduit la persistance des préjugés de l'Empereur à l'égard des Juifs, bravant ainsi l'une des lois fondamentales des droits de l'homme à savoir l'égalité. En effet, en vertu d'inciter les Juifs à s'orienter vers les "métiers utiles", leurs créances sont annulées (article III) et ils doivent obtenir des patentes spéciales des préfets pour pouvoir commercer (articles VII à XII). De même, l'article XVI interdit aux Juifs non fixés en Alsace de s'y établir. L'arbitraire est désormais de rigueur à l'égard des Juifs et ces mesures répressives s'étendent aussi au service militaire"
Philippe Landau, Conservateur des Archives du Consistoire israélite, Patrie Défense — Les Juifs et la conscription sous le Premier Empire, article paru dans le mensuel unir, mars 2008

Nous n'évoquerons pas ici les nombreuses évaluations fantaisistes des pertes humaines dues aux guerres napoléoniennes, comme celle de Chateaubriand lui-même, qui, sans étude sérieuse, avait accusé Napoléon d'être responsable de la mort de cinq millions de personnes :
"Buonaparte disoit lui-même : J’ai trois cent mille hommes de revenu. Il a fait périr dans les onze années de son règne plus de cinq millions de François, ce qui surpasse le nombre de ceux que nos guerres civiles ont enlevés pendant trois siècles, sous les règnes de Jean, de Charles V, de Charles VI, de Charles VII, de Henri II, de François Ier, de Charles IX, de Henri III et de Henri IV." (François-René de Chateaubriand, Œuvres complètes de Chateaubriand, Tome 7, "Mélanges politiques – Polémique", Garnier frères, 1861, p. 19).
Des chiffres bien mieux étayés ont été établis depuis par les historiens grâce, en particulier, aux registres matricules de l'armée conservés à Vincennes, et utilisés dans ce but pour la première fois par Jacques Houdaille, qui évaluera les pertes humaines pour la France autour de 900.000 morts et disparus sur un peu plus de deux millions de conscrits, entre 1803 et 1815, chiffre retenu avec plus ou moins de nuances par d'autres historiens, que Thierry Lentz abaisse plutôt à 700.000 (Houdaille, 1972 ; Drevillon, 2013 ; Lentz, 2021). Beaucoup de soldats meurent des suites de leurs blessures, sans compter les différentes maladies qui ont aussi contaminé des civils, sans parler des très nombreux traumatismes de guerre éprouvés par un certain nombre de survivants (cf. Houdecek, 2023). Pour le reste des Européens, Alexander Mikaberidze estime à près de deux millions le nombre de soldats victimes des guerres napoléoniennes : 500 000 hommes pour la Russie, même nombre pour la la Prusse et l’Autriche, 200.000 pour la Pologne et l'Italie, 300.000 pour les Britanniques, mais bien plus pour les Espagnols et les Portugais, environ 700 000 personnes (Mikaberidze, 2020). On voit donc ici que le nombre de victimes annoncé par le générique du film de Ridley Scott (et indépendamment de la valeur historique de cette œuvre) et qui a été si décrié, n'est pas loin de la vérité, car il ne concernait pas seulement la France mais toute l'Europe.
Il ne s'agit pas ici de se demander si Napoléon a été ou non un grand criminel de l'histoire ou "contre l'humanité'. Napoléon est loin d'être le seul responsable des guerres qui se sont produites en Europe ou dans le monde avant et après son accession au pouvoir, où, tour à tour, les nations puissantes du moment continuaient de chercher à conquérir de nouveaux territoires. A commencer par la France du belliqueux Directoire, qui conquiert la Belgique, la Hollande, la Suisse et l'Italie. Par ailleurs, à son arrivée au pouvoir, Bonaparte Premier Consul a proposé la paix à l'Angleterre et à l'Autriche, qui la repousseront catégoriquement.
"Mettre l’accent sur la France a pourtant l’inconvénient de n’éclairer qu’une facette des relations internationales, car les puissances européennes n’étaient ni moins rapaces, ni moins divisées. La Russie songeait à une alliance avec l’Angleterre ou la France, afin d’accomplir son rêve d’hégémonie (en Pologne, en Turquie, mais aussi en Allemagne et dans le nord de l’Europe). Peu soucieuse du sort de l’Allemagne et de l’Italie, l’Angleterre aspirait à conserver sa suprématie navale et coloniale, jusqu’en Méditerranée et en Orient. La Prusse ne savait qu’inventer pour détrôner l’Autriche de l’Allemagne, celle-ci agissait de même et suivait de près les négociations entre les divers États de crainte que ne lui échappe une part du gâteau, que ce soit en Allemagne, en Pologne, en Turquie ou en Italie, tandis qu’elle souhaitait échanger la Belgique contre la Bavière. Aucune puissance ne faisait confiance à l’autre, mais toutes étaient plus ou moins dépendantes d’une alliance avec la Russie notamment la Prusse, l’Autriche, l’Angleterre et la France pour se protéger mutuellement. Avant même Napoléon, il y avait loin des réalités politiques aux beaux projets des Lumières sur la paix universelle ou l’équilibre du continent." (Jourdan, 2002).
La différence notable entre Napoléon et les autres souverains européens est sa grande supériorité en terme militaire, et les historiens sont unanimes à reconnaître son génie en la matière, considéré unanimement comme un des plus grands stratèges de l'histoire. Car c'est un fait que Clausewitz avait bien compris. Napoléon était un génie de la guerre, et même, un parfait tueur :
Karl von Clausewitz (1780-1831), célèbre pour son ouvrage Vom Kriege ("De la guerre"), publié en 1827, a connu et analysé de près les guerres napoléoniennes, et en tire la conclusion que "l'impitoyable Bonaparte" a inventé une forme de guerre d'une "perfection absolue". Jusque-là, pour l'auteur, la guerre représentait une "forme bâtarde que l'action militaire a presque toujours revêtue jusqu'à l'époque récente où, après un court prélude exécuté par la Révolution française, Bonaparte, bientôt imité par ses adversaires, a fait voir l'extrême intensité de puissance qu'atteint la guerre lorsqu'on la poursuit sans repos ni trêve tant que l'ennemi n'est pas terrassé." (Général de Clausewitz, Théorie de la Grande Guerre, traduction du Lieutenant-Colonel De Vatry, tome troisième, Paris, 1887, Livre VIII, chapitre II, p. 115).
Il ne s'agit pas de discuter du génie napoléonien en la matière, au contraire : le reconnaître, pointer son importance, c'est aussi montrer l'incongruité, le caractère choquant, voire révoltant, des discours laudateurs qui, aujourd'hui, continuent encore de célébrer et de glorifier les qualités guerrières, au lieu de pointer du doigt le surcroît de malheur que ce talent a ajouté et surtout, son caractère archaïque et nocif dans le développement des civilisations.
Sur le sujet de la guerre, comme sur beaucoup d'autres, cela a été souligné, Napoléon est donc un homme du passé, aux idées rétrogrades. L'époque des Lumières avait pourtant proposé diverses réflexions très critiques sur la guerre :
"Sur bien des points, les hommes des Lumières se retrouvent à ce propos, en particulier sur l’absurdité de la guerre dans un monde orienté vers le commerce et les échanges, dans un monde guidé par la Raison. De l’Europe aux Amériques, plus d’un se flatte de trouver une solution réaliste pour émanciper la société moderne des fléaux de l’esprit de conquête. C’est ainsi qu’après Bentham, qui défendait l’idée d’un Code du droit des gens, fondé sur l’utilité commune de toutes les nations, Hume renchérit et incite les gouvernements à réformer dans un sens libéral, à renoncer à toute prérogative exclusive et à encourager non seulement le commerce mais les échanges techniques et culturels. Mably fait presque figure d’arrière-garde quand il conçoit une ligue de souverains réunis autour de la France, mais c’est dans l’espoir de faire respecter les droits des neutres et la liberté du commerce. Tous enfin condamnent les pactes de famille et la politique privée des rois, qui ne tiennent nullement compte de leurs peuples et les entraînent dans des guerres, au détriment de leur vie et de la prospérité de la patrie." (Jourdan, 2002).
Napoléon, lui, aura préféré faire son miel de la littérature guerrière. Il se passionne pour les campagnes de Frédéric II, lit l’Essai général de tactique (1772) de Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert (1743-1790), les Principes de la guerre de montagne (1775), de Pierre de Bourcet (1700-1780), et bien d'autres encore (Bertaud, 2014 ; Colson, 2022) et, plus qu'aucun autre, disent en substance les historiens, il démontrera sur les champs de bataille tout le génie qu'il possédait de cette science morbide.
Il faut donc, une fois pour toutes, montrer à quel point Napoléon a prôné des idées, des méthodes, réalisant des buts politiques néfastes au bien commun dans bien des cas, nous l'avons vu en partie, par la forme dictatoriale, aristocratique, coercitive de sa gouvernance, par les différentes inégalités établies au fur et à mesure de la mise en œuvre d'une hiérarchie sociale, d'une reproduction des élites qui reproduisent les valeurs de l'Ancien Régime : le domaine militaire est bien une dimension inégalitaire de plus à ajouter à tout ce dispositif de régression sociale, nous allons continuer de le voir.
Veau Marengo
Le 30 floréal an VIII (20 mai 1800), Bonaparte passe le col du Grand-Saint-Bernard avec ses troupes. Le peintre Jacques-Louis David, le représentera, cela va sans dire, à la manière dont le conquérant voulait graver ce moment dans toutes les mémoires, et non selon la réalité, comme à son habitude. "Calme sur un cheval fougueux", aurait demandé le général consul, selon la tradition. On imagine sans peine le tableau cocasse qui aurait montré, fidèle aux faits, le maître de la France brinqueballé par une mule menée par un muletier et qui manque de tomber dans un ravin, tout juste rattrapée par la bride.
Uniforme de Bonaparte en Egypte et à Marengo.
Habit de laine bleu "national", deux rangées de feuilles de chêne identifient un général de division
Musée Grévin, Paris
Le 26 prairial an VIII (14 juin 1800), à la bataille de Marengo, petit village du Piémont italien, près d'Alessandria, la défaite contre les Autrichiens du maréchal de camp (feldmarschall) Michael von Melas est évitée par les généraux Louis Charles Antoine Desaix (1768-1800), qui y perd la vie, et François Etienne Kellerman (1770-1835), et, encore une fois, la propagande se charge de broder la légende de Napoléon Bonaparte. Le général stratège n'aurait pas fait l'erreur de diviser son armée et de se replier, mais il aurait simulé une retraite, pour tendre un piège à ses ennemis, diront certains récits hagiographiques (Jean Tulard, "Marengo ou l'étrange victoire de Bonaparte", Editions Buchet-Chastel, 2021). Prenons par exemple la Relation de la bataille de Marengo, du maréchal Louis-Alexandre Berthier (1753-1815), "un monument à la gloire de Bonaparte", selon l'auteur lui-même ("Relation de la Bataille de Marengo, gagnée le 25 prairial an 8, par Napoléon Bonaparte, Premier Consul, commandant en personne l'armée française de réserve, sur les Autrichiens, aux ordres du Lieutenant-Général Mélas ; Rédigée par le Général Alex. Berthier, Ministre de la Guerre, commandant sous les ordres immédiats du Premier Consul..., Paris... an XIV. --- 1805", page en exergue).
En rééditant et commentant l'ouvrage de Berthier, Bernard Gainot et Bruno Ciotti se sont penchés sur cette "journée littéralement revisitée" par Berthier, sous la forme d'une "entreprise littéraire éminemment politique, destinée à séduire les consciences et renforcer l’autorité du premier Consul" où "le maréchal peint une épopée militaire tout à l’avantage du seul Bonaparte, ne laissant que des miettes aux Murat, Masséna ou Lannes avant l’épisode proprement dit de Marengo. Le récit ne vit que par et pour le général en chef des armées. Bonaparte apparaît tout à la fois supérieur, brillant, pétri de génie, clairvoyant, habile, vif, prompt, tacticien hors pair." (Triolaire et Ciotti, 2011). Les auteurs montrent que Marengo est un moment crucial pour le général Bonaparte, qui, face à aux généraux Desaix ou Moreau (fort de ses succès militaires sur le Danube), " fait piètre figure en comparaison " (Maréchal Alexandre Berthier, Bernard Gainot, Bruno Ciotti, "14 juin 1800 Marengo", Les Editions Maisons [LEM], 2010, p. 98).
Pour le général Bonaparte, ce n'est pas le moment de paraître faible, et il doit renforcer une légitimité encore discutée : "Le « S’il passe une année, il ira loin » lancé par Talleyrand à Hyde de Neuville en décembre 1799 dit tout de la situation encore très précaire des débuts du Consulat, au moins jusqu’à Marengo. Pendant l’absence du Premier Consul en mai et en juin, les conciliabules secrets n’ont pas manqué à Paris." (De Waresquiel, 2014). Le même Talleyrand, mais aussi Fouché, et peut-être Bernadotte, apprenant la défaite de Napoléon par des émissaires, s'entendent déjà pour renverser le vainqueur du 18 Brumaire. Alors le Premier Consul, comme à son habitude, prend des libertés avec la vérité des faits pour son intérêt personnel : Il "corrige les rapports trop secs – notamment de Berthier – et réclame que ses mérites soient loués, ouvrant ainsi la voie à toute une littérature de circonstance dans les jours suivants– seulement évoquée par l’auteur – faisant de Desaix un héros tombé au champ de gloire, mais surtout un simple exécutant des dispositions pensées par Bonaparte." (op. cité).
Le 24 juin (5 messidor an 8), Lucien Bonaparte écrivait à son frère Joseph : "La nouvelle a consterné tous les intrigants (…) quant à nous, si la victoire avait marqué la fin du Premier Consul à Marengo, à l’heure où je vous écris, nous serions tous proscrits." (cf. Théodore Iung, "Lucien Bonaparte et ses mémoires – 1775-1840...", tome premier, Paris, G. Charpentier, 1882, p. 406).
D'une légende l'autre, terminons par la fameuse invention du veau marengo, dont la tradition veut que, le soir de la bataille éponyme, devant la fringale du général Bonaparte, le cuisinier de Napoléon, François Claude Guignet dit Dunand (Dunan, Dunant), improvise un plat avec les moyens du bord : poulet, tomates, croûtons de pain, ail, œufs frits, écrevisses, qu'il fait revenir dans de l'huile d'olive. On remplacerait plus tard le poulet par le veau. En fait, on ne sait pas vraiment ce qu'a mangé Napoléon ce soir-là, mais une chose est sûre : Dunand n'entrera à son service qu'en 1802.
"Tout est faux" admettra à ce propos Jean Tulard, un des plus grands historiens de Napoléon, dans son Marengo... (op. cité).
Bataille de Maringo (Marengo)
gravure :estampe à l'eau-forte, coloriée à la main
Gabriel Tessier (ou Texier)
(1750 - 1821)
après le 14 juin 1800
H 23,9 x 37 cm
Collection de Vinck,
Bibliothèque Nationale de France (BNF)
RESERVE QB-370 (55)-FT 4
“ le luxe, même en campagne ”
Certains jeunes soldats, comme dans beaucoup de guerres, partent, inconscients, la fleur au fusil, contents de voyager, ou d'améliorer un peu leur pauvre sort, mais la dure réalité de la guerre les rattrape tôt ou tard : "Les conscrits partent fringants dans leur uniforme neuf à la découverte du monde. Au début, ils se montrent sensibles, dans leur correspondance, aux merveilles rencontrées. Très vite les souffrances quotidiennement subies accaparent les esprits" (Bertaud, 2014). Le havresac que portent les conscrits pèse entre 20 et 25 kilos, auquel il faut ajouter le fusil, un modèle 1777 rectifié en l’an IX et en l'an XIII, d'un poids d'environ 4,5 kilos, ou encore le sabre "briquet", d'un peu plus d'un kilo. Avec cet attirail, ce sont 20, 30 voire 40 km que les soldats parcouraient à pied et au pas de charge, peu protégés par des chaussures qui n'existent qu'en trois tailles, confectionnées dans un mauvais cuir et qui se détérioraient très rapidement en quelques jours (François Houdecek, spécialiste de l'histoire militaire napoléonienne, Le paquetage du fantassin napoléonien, article de Napoleon.org).
"En janvier 1797, la division Masséna parcourt plus de 110 km en 4 jours, tout en participant à trois combats. Lors de la manœuvre d’Ulm, les étapes sont de 35 à 40 km par jour. En 1808, de l’Oder à l’Espagne, des unités de cavalerie se déplacent au rythme de 40 à 50 km par jour, sans connaître une journée de repos."
Philippe Masson, "Napoléon, chef de guerre", article de la Revue du Souvenir Napoléonien, n° 462, déc. 2005 - janv. 2006.
"Un épisode marquant eut lieu en 1805, avant la bataille d’Austerlitz : avertie l’après-midi du 29 novembre par l’empereur, l’armée du maréchal Davout se prépara pour parcourir 130 km presque sans repos et arriver au combat le 2 décembre au matin. Rien d’étonnant à ce qu’au terme de ces marches exténuantes les soldats se plaignent d’avoir « les pieds en sang. »"
Enrique F. Sicilia Cardona, historien, "Les soldats de Napoléon : une vie à la dure", article Le Monde | Histoire & Civilisations, 5 janvier 2021.
:Chaussure d'un soldat du Premier Empire
Pendant ce temps, Napoléon, se déplaçait "à bord d’une voiture légère, escortée d’aides de camp ou à cheval" (op. cité). Tous les officiers supérieurs étaient à cheval, mais aussi les régiments particuliers (chasseurs à cheval, cuirassiers, dragons, hussards, etc.). De la même manière que l'empereur a rétabli d'autres protocoles royaux, "il récréa les Grandes écuries qui avaient été un des services les plus importants de la Maison du Roi (...) En outre, le budget du Grand écuyer était le plus important de toute la Maison de l’Empereur, les fonds accordés chaque année ne passant jamais en dessous de la barre des trois millions... Le budget connut un bond à 3 700 000 francs en 1812, en raison de la constitution de l’équipage de campagne de Napoléon pour la campagne de Russie, composé de 500 chevaux de selle et de trait et de 64 voitures, qui coûta 400 000 francs" (Vial, 2012).
Napoléon donnant un ordre à un officier supérieur des Guides
Théodore Géricault (1791 - 1824)
vers 1812-1816
Huile sur toile - 45,9 x 55.5 cm
Musée des Beaux-Arts Ae Reims
France
Si deux instructions de 1792 et 1802 spécifient que les troupes doivent être équipées de tentes, les simples soldats "dorment le plus souvent tout habillés à la belle étoile, enroulés dans leur capote, autour d’un feu qui sert à cuire leurs aliments et à se réchauffer pendant la nuit." (Musée de l'Armée, "Le campement de la Grande Armée, épisode 3 : établir le bivouac", 14 mai 2019)
"Tout est mis en œuvre pour favoriser la rapidité de la manœuvre. Depuis Hoche déjà, l’armée ne couche plus sous la tente ce qui représente un gain de temps appréciable. Elle établit des bivouacs ponctués de feux de camp. Pour peu que l’étape se prolonge, les hommes n’hésitent pas, comme la guerre se déroule en territoire étranger, à enlever les portes, les poutres, les éléments de toiture des villages, transformés en un tournemain en véritables ruines." (P. Masson, op. cité)
Napoléon, quant à lui, dort aussi souvent que possible dans de belles demeures. Pendant la seconde campagne d'Italie, par exemple, il est l'hôte du banquier Rodolphe Emmanuel de Haller. du 12 au 16 mai 1800, à Lausanne, dans le quartier de Villamont. Le 17 mai, c'est le couvent des Bernardins, qui l'accueille, à Martigny. Le 20 mai, il dort à la cure d'Etroubles, dans la vallée d'Aoste : c'est un jour plein d'émotion qui aurait pu changer le cours de l'histoire, car le Premier Consul, à dos de mule près du col du Grand Saint-Bernard, manque de verser, on le rappelle, dans un ravin. Le lendemain, il est à Aoste et demeure jusqu'au 25 dans le Palais Épiscopal. Le 26, il s'installe au Palazzo Perrone. Etc. Ici, il déjeune chez un curé, dîne chez un abbé ou un prévôt, là, il prend une collation dans une auberge, visite des fortifications romaines ou visite un palais, elle n'est pas belle la vie à la guerre ? (cf. Napoléon & Empire, La Campagne d'Italie de 1800 jour après jour)
Mais parfois, sans aucun monastère, sans palais ou château à la ronde, c'est vrai que notre sire dort en tente. Oui, mais quelle tente ! L'empereur a à disposition des dispositifs luxueux et régulièrement améliorés, et il ne faut pas moins de plusieurs dizaines de voitures pour transporter les effets de notre empereur : "Souvent démontables pour être transportables, les lits, meubles, luminaires sont fabriqués spécifiquement sur commande impériale et forment un véritable convoi de 40 voitures et de plus de 400 chevaux." (Lucie Agache, diplômée de l'Ecole du Louvre, rédactrice en chef de la revue connaissance des arts ; Arts et Expositions, Napoléon, le luxe, même en campagne, 22 septembre 2015).
"Au fil des années, ses tentes deviennent de vrais palais tissés, pliables et transportables. En 1809, quatre tentes rondes reliées par des corridors abritent ses appartements de souverain en guerre. Alliant efficacité et prestige, le mobilier pliant qui s'y trouve est fort ingénieux. Il ne faut que quelques heures pour tout déployer, ce qui permet à Napoléon de s'installer en majesté partout où il le désire." (Revue Historia, Numéro spécial, N¨58, mars 2021, "100 objets qui ont fait Napoléon"). Il dort en particulier sur un lit portatif et pliable créé par l'artisan ferronnier et serrurier Marie-Jean Desouches (1764-1828), invention brevetée en 1804. Toutes sortes de caisses, de malles et d'étuis servaient à transporter avec précaution tout le nécessaire de Napoléon Ier : mobilier, mais aussi lampes, tapis, différents nécessaires comme une écritoire, des nécessaires de porte-manteau de campagne ou de voyage, etc.
Bivouac de Napoléon,
avec mobilier pliant de campagne de Desouches
Exposition
Le Bivouac de Napoléon :
luxe et ingéniosité
en campagne
18 sept. / 13 dec. 2015
Galerie des Gobelins
Collection du Mobilier National
(ancien Garde-Meubles royal)
Paris, France
Bivouac* de l'Empereur Napoléon Ier,
près du château d'Ebersberg, en Autriche
4 mai 1809
Antoine Pierre Mongin
(1761 - 1827)
huile sur toile 135 x 203 cm
Châteaux de Versailles et de Trianon
Versailles, France
n° MV1563
* le mot français "bivoie" (1650), puis "bivouac" (1690, Furetière) emprunte au moyen-bas allemand "biwacht" ("garde extraordinaire") ou au néerlandais "bijwacht" ("garde secondaire") pour désigner un garde de camp. A partir des campagnes napoléoniennes, en 1805, il s'entendra d'un campement provisoire d'une troupe en plein air. (CNTRL)
Napoléon Bonaparte
Nécessaire de campagne
Œuvre de Martin-Guillaume Biennais
(1764-1843)
orfèvre
« Marchand tabletier – ébéniste et éventailliste »
Un nécessaire de ce type avait déjà été vendu
à crédit par l'artisan au général Bonaparte avant
son départ pour la campagne d'Italie
L 52 x H 18 x P 36 cm
vers 1805
Musée Carnavalet
Paris, France
Napoléon Bonaparte
Nécessaire de voyage
Œuvre de M-G. Biennais
(cf. illustration précédente)
Quatre plateaux amovibles :
« Dans le premier plateau les riches boîtes à poudre ou éponge en vermeil ciselées de frises végétales ainsi que des flacons de cristal taillé et un encrier. Ce plateau, profond, est placé dans le bassin à barbe en vermeil qui permettait de se raser, devant un miroir caché dans le couvercle du coffret. Sous le bassin deux plateaux superposés contiennent un porte-plume, une brosse à dents, des peignes, des étuis, porte-aiguilles, ciseaux et même un petit tire-bouchon ! Enfin le quatrième plateau permettait de ranger des Francs d’or ou d’argent… malheureusement disparus ! »
Acajou, Argent, Bois divers, Cristal, Écaille, Ivoire, Laiton, Nacre, Vermeil
L 22,6 x H 14, 2 cm
n° 2019.6.1
Musée de la nacre et de la tabletterie
Méru, Oise, France
Napoléon Bonaparte
Flambeau de bureau à trois lumières
et malle
Œuvre de Thomire*-Duterme et Cie
(1804-1820)
Lampe bouillotte à trois chandeliers
bronze et métal
L 29 x H 60 cm
livré le 29 juin 1812
Paris, France
n° GML-333-001
* Pierre-Philippe Thomire (1751-1843, sculpteur, bronzier, fondeur, ciseleur...
“ façonner à une profession utile ”
La guerre a longtemps été l'objet d'une attention idéologique particulière du pouvoir, pour la faire accepter au mieux par les populations, et Napoléon a exacerbé ce fait autour de sa personne, comme cela a été évoqué dans le cadre des campagnes d'Italie, en particulier. Le refus de la guerre par une partie de la population n'a rien de nouveau : "Dans l’étude des révoltes d’Ancien Régime, les oppositions aux guerres et surtout aux gens de guerre occupent une place considérable. Que ce soit dans l’Europe méditerranéenne ou dans l’espace septentrional, les populations réagissent vivement à la présence de soldats et aux potentielles violences militaires." (Hugon, 2004).
Ainsi, malgré tous les efforts des élites pour glorifier le service à la patrie, et tout particulièrement sous le règne de l'empereur Napoléon Ier, nombreux sont ceux qui opposent une "contre culture de la gloire" à l'intensification de la militarisation et à la culture de la guerre (Crépin, 2007). Ceux qu'on appellera les "réfractaires" (article 8 de la loi du 6 floréal an XI / 26 avril 1803) sont les conscrits qui n'ont pas rejoint leur affectation dans un délai d'un mois. Ils forment 28 % des appelés pendant le Consulat, tandis que, pour la période de 1799 à 1806, le nombre d'insoumis, conscrits qui refusent de faire la guerre, s'élève à 250.000 et celui des déserteurs à 180.500 avant de chuter drastiquement puis de remonter brusquement, après la terrible et désastreuse campagne de Russie. A l'inverse, dans les territoires annexés, et qui devenaient alors soumis aux lois françaises, l'insoumission ne fera que s'accroître avec le temps (Woloch, 1994). A ces révoltes, il faut ajouter la mutilation volontaire que s'infligent un certain nombre d'appelés, qui "cherchaient à se faire dispenser en se provoquant un handicap physique sérieux. Cela pouvait être d’autant moins accepté que l’ampleur du phénomène grevait sérieusement les rangs des régiments et menaçait l’armée d’impuissance." (Lebrun, 2006). Tous ces révoltés, qui sous l'Ancien Régime, rejoignaient des civils aux galères, étaient désormais mis à l'écart et réintégrés autant que possible dans des corps ou dépôts disciplinaires militaires, et les régiments et bataillons correspondant étaient vus comme des maisons de correction militaire, où différents châtiments étaient prévus : peines du boulet, travaux publics, fers aux pieds et aux mains, piquet, etc. : "La France semble à cet égard s’être créée une situation tout à fait particulière : aucun pays n’a développé un tel arsenal répressif en ce domaine." (op. cité).
Les réfractaires
Julien Le Blant (1851-1936)
1894
huile sur toile
Historial de la Vendée,
Les Lucs-sur-Boulogne
France
A la liste des mesures coercitives, il faut ajouter le recrutement forcé d'une partie la plus robuste des orphelins ou des enfants abandonnés (sans parler des individus sortis des prisons), qui formeront le régiment des Pupilles de la Garde, par décret du 30 mars 1811. Ce dernier, allégeant du même coup les hospices, réunira 11.000 enfants de 1811 à 1814 de 15 ans et plus, mais dont quelques centaines (400 en 1811) ont moins de 14 ans, et même 6 ans pour quelques- uns, qu'on retrouve comme musiciens ou tambours, en particulier, dans les unités : 'Il s'agissait de soustraire à l'oisiveté et au vagabondage, de façonner à une profession utile, les enfants mâles dont la société se surcharge par le mariage des soldats, par l'affluence des enfants trouvés, par les orphelins des hommes de mer, par cette tourbe d'êtres disgrâciés que le sort fait naître sous les haillons de la misère".
Général Etienne-Alexandre Bardin, 1774-1841, "Recherches historiques sur le Régiment des Pupilles de la Garde", article du journal Le Spectateur militaire — Recueil de science, d'art et d'histoire militaire — Tome vingt-unième. (du 15 avril au 15 septembre 1836) — Paris, chez M. Noirot... 1836, p. 416.
La plupart de ces pupilles mourront sur le champ de bataille ou des suites de leurs blessures (Colavolpe 1987 ; Bertaud, 2014).
"Parmi les refusés, il est difficile de distinguer ceux qui sont irrémédiablement tarés (infirmes, débiles, etc.) de ceux qui n'ont pas encore atteint leur maturité. Les enfants abandonnés souffrent d'un retard dans leur développement physique, retard qu'on impute alors à plusieurs causes : entassement dans les hôpitaux avec les malades et les infirmes, mauvaise alimentation, en somme tous les facteurs négatifs inhérents à leur sort tant à l'hospice que chez les nourrices. Pour les placés, des conditions de travail particulièrement éprouvantes peuvent avoir contribué à aggraver leur état. En Seine-Inférieure, des enfants de quinze ans employés dans les manufactures, comme des forçats 15 heures par jour (...) Pour faire route dans des conditions supportables, il faut un minimum d'équipement. Il n'est pas rare que les enfants soient presque nus ou habillés de loques et ils ont plus souvent des sabots que des chaussures. En tout état de cause, l'armée doit fournir un minimum d'effets mais elle s'y refuse souvent, ne considérant pas les pupilles comme de véritables soldats, puisqu'ils sont recrutés par le Ministère de l'Intérieur." (Colavolpe, 1987).
Ce ne sont pas seulement les "oisifs" qui sont façonnés pour la guerre, mais l'ensemble de la population, les notables d'abord, par la "militarisation des institutions" comme autant de "militarisation des esprits, des consciences et des cœurs que veut entreprendre Napoléon Bonaparte dès son accession au pouvoir. Les moyens de ce qui n’est pas simple propagande mais se veut conquête intellectuelle, spirituelle et affective", résume Anne Crépin en rendant compte de l'ouvrage de Jean-Paul Bertaud sur le sujet :
"Grâce au système concordataire, l’empereur enrôle les religions et leurs prêtres à son service pour justifier la guerre et faire croire à leurs fidèles qu’elle est défensive. Évêques, pasteurs et rabbins s’emploient à élaborer une théologie de la guerre juste et à trouver dans la Bible des arguments qui sacralisent la conquête et celui qui la mène.
Mais c’est aussi l’imaginaire public que Napoléon s’efforce de toucher par le biais des fêtes, la mise en scène de la lecture des bulletins de la Grande Armée et la mise en scène, au sens propre du terme, des pièces de théâtre et des opéras. Parades et défilés concourent au culte de la gloire (Crépin, 2007).
Lettre confidentielle sur l'insoumission
Bureau des déserteurs
1813
Service historique de la Défense,
Vincennes C 10 136.
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