
Afrique noire PRÉCOLONIALE
Dominations et esclavages
[ 1 ] Antiquité, première partie
Néolithique :
L'avènement des inégalités
( I )
Après avoir produit l'homme moderne, raconte le chercheur Eric Huysecom, maître de recherche à l'Université de Genève, l'Afrique "a aussi offert à l'humanité plusieurs innovations majeures : une métallurgie du fer dès le XIVe siècle avant notre ère, à une époque où ce métal était encore inconnu en Europe occidentale ; la domestication des bovidés dans le courant du IXe millénaire avant notre ère, soit plus de 1 000 ans avant la Grèce ou le Proche-Orient et, découverte récente, l'une des céramiques les plus anciennes du monde, puisqu'elle remonte au début du Xe millénaire avant notre ère" (in "Un Néolithique ancien en Afrique de l'Ouest ?", revue Pour la Science, n° 358). Le problème pour la connaissance du lointain passé du continent africain, c'est que tous ces développements se sont passés essentiellement au nord du continent, dans les régions sahariennes qui n'étaient pas encore désertifiées (qui seront étudiées dans un autre exposé), ou subsahariennes, essentiellement la région égypto-soudanaise. Pendant ce temps, une très grande partie centrale, mais surtout australe, était occupée par des populations de chasseurs-cueilleurs, qui possédaient leurs cultures propres, comme toute population humaine, mais qui n'ont laissé que très peu de traces tangibles susceptibles de nous éclairer sur leur histoire, faute d'écriture et de témoignages archéologiques suffisants, si ce n'est de très nombreuses gravures rupestres, en particulier, comme celles de l'art pariétal des San, ancêtres des Bushmen, qui nous renseignent sur ce qu'on pense être des pratiques religieuses (chamaniques, rituelles), mais pas sur leur organisation sociale. En conséquence, notre principale source de connaissance quelque peu fournie sur l'Afrique noire dans l'antiquité, demeure la région soudanaise, en grande partie grâce à son voisin égyptien qui était alors le seul en Afrique à posséder une écriture, l'écriture méroïtique nous le verrons, étant très tardive, et probablement pas une langue assez bien outillée pour faire naître une véritable littérature.
Différents témoignages proto-historiques nous le verrons, indiquent, comme dans d'autres endroits dans le monde, qu'existaient déjà en Afrique des conflits guerriers entre communautés, mais aussi que nombre d'entre elles étaient socialement hiérarchisées depuis des temps très anciens : Dès l'existence des premiers cimetières en Nubie, on trouve des traces de cette violence guerrière, comme au Djebel (Gebel) Sahaba, en Nubie, au nord de Wadi Halfa, à la frontière avec l'Egypte actuelle, où 55 squelettes, datés de - 12.000 à - 10.000 environ, ont été trouvés entourés d'éclats taillés, et certains individus meurtris par eux jusqu'à l'os.
A la fin du mésolithique, dans la période holocène (12.000 dernières années), plusieurs squelettes en position repliée, dont un seul est accompagné de mobilier, ont été trouvés à El-Barga (cf. carte en exergue) dans la périphérie de Kerma, datés de 7200 à 6200 avant notre ère, ainsi qu'une seule structure d'habitation possédant un riche mobilier : céramique, matériel de mouture, objets en silex, perles en coquille d’autruche, pendentif en nacre, armatures en os, restes de faune, coquillages (Honegger, 2004, mission Kerma). Dans le cimetière néolithique (6000-5500), beaucoup de tombes possèdent du mobilier, trois tombes sur 95 sont abondants en parure (bracelets en ivoire d'hippopotame, colliers, pendentifs, labrets, etc.) et occupent le centre de la nécropole, dont la plus richement dotée est celle d'une femme : cette position enviable d'une femme n'est pas rare, elle se retrouve dans plusieurs autres cimetières de Nubie, comme Kadruka, à 20 km d'El-Barga (Gallay, 2016 ; Honegger, 2005). Mieux encore, figuraient dans cette tombe féminine des haches ou des harpons, outils et armes généralement réservés aux hommes. Cette hiérarchisation concerne peut-être aussi une tombe qui contenait, comme à Kadruka (vers - 4000 -3000, cf. carte), la sépulture d'un homme placé à côté d'un corps d'enfant surmonté d'un bucrane (crâne de bœuf décharné et parfois, orné), objet qui se multipliera à la période suivante, nous allons le voir, pour manifester de manière éclatante la richesse et le prestige des individus au sein de leur communauté.

Parures
Cimetière d'El-Barga, Soudan
"Coquille de bivalve du Nil (Unio sp.) servant parfois de boîte ou de réceptacle pour de petits objets, boucles d’oreilles en mésolite, labrets en cornaline et amazonite, bracelets en ivoire d’hippopotame ou en coquillages, collier de perles en cornaline et amazonite"
Néolithique, v. - 6000 - 5500
Musée de Kerma, Burgheigh, Soudan
N° inventaire : 36326, 36311, 36312, 36315
36322, 36309, 36307.
Matthieu Honegger, "Aux origines des pharaons noirs", 10’000 ans d’archéologie en Nubie. Hauterive, Suisse : Laténium et Fondation Kerma, 2014
Au nord-ouest de Gao, au Mali, les riches matériels lithiques, d'éclats, de perles en cornaline, sans parler de la céramique ou la nourriture, donnent à penser que les productions "dépassaient de loin la demande locale" (Dupuy, 2020).
Des signes plus ténus peuvent évoquer les débuts de luttes d'intérêts, des guerres entre groupes rivaux qui inaugurent peut-être de nouvelles inégalités entre communautés, comme à Abourma, près de Djibouti, qui possède une sorte d'immense tableau historique d'une longue période sur des gravures rupestres, où on peut voir de rares scènes de combats entre archers (Poisblaud, 2009).
Abourma, Djibouti, gravure rupestre, bataille d'archers, vers - 5000 - 4000
Entre le mésolithique et le néolithique, il s'est donc passé un temps où les distinctions sociales sont nettement apparues :
"Les différences entre les tombes attribuées au Mésolithique et le cimetière néolithique sont fondamentales. D’un côté, des inhumations en faible nombre, sans mobilier, toutes de statut identique; de l’autre, une véritable nécropole avec au moins cent sépultures souvent dotées de mobilier, indicatrices de l’émergence des distinctions sociales. En un millénaire, la société nubienne a complètement changé de type d’organisation. Cette transformation doit être mise sur le compte de l’introduction de la domestication animale, dont les plus anciens témoignages au niveau du continent africain ont été retrouvés dans la moyenne vallée du Nil, à Nabta Playa en Égypte et à Kerma." (Honegger, 2005).
La nécropole de Kerma est probablement liée à une communauté présente dès la fin du IVe millénaire. Au nord, les tombes de l'époque de ce Kerma ancien, à la phase 0 sont de taille encore à peu près uniforme, le matériel funéraire se limite à quelques objets personnels (petites parures, éventails en plume d'autruche, paires de sandale, poignard, etc.), et pourtant, on note la présence (peu nombreuse cependant), ici ou là, d'un ou deux morts d'accompagnement, formule qui s'applique aux individus le plus souvent forcés, mais aussi parfois, peut-être volontaires, à qui on donne la mort pour qu'ils accompagnent leur défunt maître dans l'au-delà : esclaves, serviteurs, principalement, mais aussi épouses, concubines, famille, amis, relations clientélistes sont les principaux concernés (Gallay, 2016). Cette coutume archaïque est commune à de nombreuses cultures du monde : cf. LA PRÉHISTOIRE).
volontaires : supposition faite par l'absence de violences manifestes lors d'une telle contrainte, qui ne doit pas exclure la possibilité d'utilisation de drogues, pratique connue dans d'autres cultures, telle la culture inca, qui a utilisé des drogues psychotropes lors de sacrifices humains (Wilson, 2016).
Tombes avec mort d'accompagnement
Nécropole de Kerma
Kerma ancien, vers 2300-2150
"Tombes d’un archer et d’une femme munie d’un bâton, phase II du Kerma ancien (2300- 2150 av. n.-è.). La tombe d’archer contenait deux individus: un jeune homme en position centrale et une femme déposée à ses côtés. Un chien, un arc, un éventail en plumes d’autruche et un miroir en bronze accompagnaient le jeune homme. La tombe avec un bâton contenait une femme de 20-29 ans. Ces deux tombes étaient partiellement pillées et une partie des squelettes a été graphiquement reconstituée en grisé"
"Le changement observé dans les procédures rituelles à Kerma, c’est-à-dire, la mise à mort de dizaines, centaines, voire milliers de bovins et le dépôt en surface de leurs bucranes, est révélateur de la hiérarchisation croissante de la société vers la fin du 3e millénaire avant notre ère. Nous assistons à l’émergence d’individus ou de clans cherchant à se démarquer publiquement, en exposant ostensiblement et durablement leurs richesses, actes ou statuts sociaux (Meillassoux 1968). Le bétail est en effet considéré comme un signe de richesse et de prestige dans les sociétés agropastorales et pastorales est-africaines (Hazel 1979 ; 1981). De tels rites nécessitent probablement la participation de spécialistes chargés de réunir les bovins à abattre, de les découper et de disposer régulièrement leurs crânes autour des tumulus. La possession du bétail pourrait avoir joué un rôle essentiel dans la formation et le maintien du pouvoir politique et de l’autorité sacrée ou royale à Kerma" (Dubosson, 2015).
Néolithique,
L'avènement des inégalités
( II)
Marquer les corps
La domination sociale du groupe sur l'individu comporte aussi des pratiques plus ou moins attentatoires à l'intégrité du corps, connues depuis le paléolithique supérieur, mais surtout à partir du néolithique, et ce dans beaucoup de cultures du monde, et un certain nombre d'entre elles ont persisté jusqu'à ce jour. Certaines de ces coutumes sont relativement "égalitaires", comme les mutilations bucco-dentaires, les trépanations, les tatouages, les déformations crâniennes, etc., pratiquées sur l'un et l'autre sexe, quand d'autres ont pour but de contrôler le corps féminin : infibulation, clitoridectomie, subincision, excision, etc.
On a ainsi trouvé un crâne fossile présentant des mutilations dentaires, possiblement du néolithique à Olduvaï, au nord-est de la Tanzanie (Saul 2003 ; Pecheur, 2006 : cf. Carpentier, 2011). Ce sont des coutumes aux motivations esthétiques (ex. Bantou, Pygmées du Congo), totémiques (affilage des dents pour imiter la dentition du crocodile, chez les Bantous, encore), ou encore mythiques (Carpentier, 2011) :
Jeune homme de 25 ans mutilé au Congo-Brazzaville en 2007
(Molloumba er al., 2008)
La trépanation, était, elle aussi, répandue dans le monde, en Europe, en Sibérie, en Afrique et surtout en Amérique du Sud, en particulier le Pérou. Dans un village néolithique trouvé à Khor Shambat (district d'Omdourman), au Soudan, a été trouvé un crâne avec des signes de trépanation (vers - 5000) pour des raisons thérapeutiques ou magiques, dont l'opération a peut-être été un échec : ce serait le plus vieux cas de l'Afrique septentrionale (Jórdeczka, et al. 2020)
De même, la déformation du crâne, obtenu surtout par bandeaux serrés autour de ce dernier, a été pratiquée sur tous les continents depuis une date très reculée (celles du Pléistocène, vers - 45000 ont été cependant remises en cause). En Afrique, c'est en Ethiopie qu'on trouve les premiers témoignages de cette pratique entre les VIIIe et VIIe millénaires avant notre ère, qui était encore vivace chez les Mangbetu du Congo, ou les Arawe de Nouvelle Bretagne en Océanie au milieu du XXe siècle
Femme Mangbetu avec
déformation crânienne,
République du Congo
La perforation du corps, pour y insérer un ornement a été attestée surtout dès le néolithique, mais de nouvelles études sur un squelette trouvé dans le célèbre site des gorges d'Olduvaï en Tanzanie, en 1913, a révélé le premier cas connu en Afrique de piercing facial, qui date de 20.000 ans, avec trois piercings, un pour les lèvres (labrets, sans doute de bois) et un pour chaque joue, éléments de 2 cm de large au minimum (Willman et al., 2020). A la fin du néolithique, vers - 4500 - 3950, les archéologues ont trouvé des labrets polis en quartz hyalin dans la région Borkou-Ennedi-Tibesti, au nord du Tchad, et dans la vallée du Tilemsi, au Mali (Bouvry, 2011). Ceux-ci devaient être, très probablement comme aujourd'hui, des marqueurs symboliques, d'identité sociale, où esthétiques, qu'on trouve encore chez les Kirdi du Cameroun ou les Mursi et les Surmas (Suri) d'Ethiopie, où il ne concerne que les femmes :
Femme avec labret, Surma d'Ethopie,
vallée du fleuve Omo.
On pratiquait déjà des incisions au niveau du sexe il y a 30.000 ans et on a trouvé des indices de circoncision et de scarifications datant de 10.000 ans (Obadia, 2016), mais la première représentation connue de circoncision est plus tardive. Elle a été trouvée en Egypte, à Saqqara, sur un bas-relief de la porte de la tombe d'Ankhmahor, vizir et architecte du pharaon Téti :
Opération de circoncision rituelle
Tombe d'Ankhmahor, Saqqarah, Egypte
VIe dynastie, règne de Téti
vers - 2345
"À droite, un garçon est debout, à l’aise, sa main gauche sur la tête d’un homme accroupi devant lui. L’homme applique quelque chose sur le pénis du garçon, probablement pour rendre l’opération moins douloureuse, ce que confirment les hiéroglyphes qui accompagnent la scène : « Je la rendrai agréable». Le patient répond : « Frotte-le bien pour que ce soit efficace. » À gauche, une troisième personne, debout derrière le garçon, le tient d’une main ferme, tandis qu’un prêtre hem-ka exécute l’opération" (Tomb, 2022).
“ tous les pays étrangers sont sous tes sandales ”
Scène nagadienne , relief
Djebel Cheikh (Gebel Sheikh) Suleiman, 2e cataracte du Nil
- 3250 275 x 80 cm
A. Montage photographique des clichés de von Friedrich Wilhelm Hinkel (1925-2007), présentés par Charles Bonnet (né en 1933), dans son article "Le groupe A* et le pré-Kerma", dans "Soudan, royaumes sur le Nil", ouvrage collectif, Paris, Institut du Monde Arabe, 1997, p. 37.
B. Nouveau relevé du relief, échelle 1/10e
Sur ce relief, on peut voir clairement des prisonniers les mains dans le dos, l'un à droite du serekh (cf. plus bas), le second attaché en plus par le cou à la proue, au moyen de cordages, les autres prisonniers étant blessés ou morts non loin du bateau.
* vers - 3200 - 2800
Les archéologues, dans l'ensemble, attribuent ce relief au troisième pharaon de la première dynastie pharaonique égyptienne, le roi Djer († vers - 3040), mais certains chercheurs datent plutôt ces vestiges de la période prédynastique de la culture de Nagada (vers - 3800 - 3150), à cause du manque de titulature royale (Somaglino et Tallet, 2014),
Cette dernière est habituellement inscrite dans le serekh (litt. "bâtiment"), sous la figure d'un ou deux Horus (le dieu faucon), symbole du palais royal, visible tout à gauche de la scène.
Comme de très nombreuses sociétés dans le monde entier depuis la fin de la LA PRÉHISTOIRE, de nombreuses sociétés africaines sont très hiérarchisées nous l'avons vu, et présentent différents signes d'asservissement. Dès l'époque thinite, au moins, en Egypte (vers - 3100 - 2700), un des tout premiers pharaons, Djer, ponctionne des hommes et des femmes au sud du pays, dans les régions soudanaises de Nubie, comme l'illustre un relief retrouvé au Djebel Cheik Suleiman (Gebel Sheikh S.), près des sites de Kor et Buhen (Bouhen) du Moyen empire (cf. carte), aujourd'hui au Musée de Khartoum,
Il en va de même avec le pharaon Snefrou (vers - 2600), de la IVe dynastie, dont un document nous dit qu'il avait effectué un raid contre "le pays des noirs" (Jiménez-Serrano, 2006). Quelques siècles plus tard, les tombes de la colline de Qoubbet-el-Haoua (Qubbet el-Hawa), à Assouan, nous apprennent l'intense activité des notables locaux dans des expéditions en Nubie. Les voyages à l'étranger d'Herkhouf (Hirkhouf) "responsable des troupes auxiliaires", qui repose dans la tombe 34, avaient plutôt une vocation commerciale, en particulier au pays mystérieux de Iam (Yam), que les spécialistes peinent encore à localiser, mais aussi dans les provinces nubiennes. Il les raconte dans son autobiographie inscrite sur la façade de son tombeau : "Je suis revenu avec 300 ânes chargés d’encens, de bois d’ébène, d’huile hékénou, d’aromate (khé)saÿt, de peau(x) de léopard, de défense(s) d’éléphant, de bâtons de jet et de toutes sortes de beaux présents" (in Obsomer, 2007a). Quant à Héqa-ib, son contemporain, dans la tombe 35, il raconte ses différentes missions menées pour le roi Néferkarê Pépi II (vers 2270-2200), dont le but principal, rappelle l'égyptologue belge Claude Obsomer visait "à soumettre par la force les pays nubiens de Ouaouat et d’Irtjet" (Obsomer, 2007a).
Ouaouat : (Wawat), nom donné par les Egyptiens à la Basse Nubie, ou Nubie égyptienne, entre la 1e et la 2e cataracte. Ouaouat était en fait un des trois petits états de cette région, avec Irjet (Irtjet) et Setju (Satjou).
hékénou : (hekenu), "L’« onguent » hekenou, pommade rituelle parfumée, parfois dénommée l’ « huile de jubilation », se compose, tout au moins à l’époque ptolémaïque, de plusieurs produits issus de la botanique africaine et résulte d’opérations complexes nécessitant de nombreuses cuissons et réductions ainsi que de multiples pauses. L’onguent se fabrique à l’aide de divers composants : les fruits d’arbre nedjem, sans doute des bourgeons de cassia (Cinnamomum iners), c’est-à-dire la fausse cannelle, de l’ânti, la myrrhe, provenant des arbres et arbustes de la famille des Commiphora spp., et de styrax, de la résine de pin d’Alep, de trois aromates tels que le tichepès, extraits de résines aromatiques, de djebâ et de cheben ainsi que du vin de l’oasis et de l’eau. Offert dans les temples, cet onguent est aussi régulièrement attesté en seconde position dans la liste des sept huiles canoniques que l’on dépose auprès du mort. Il a des propriétés comparables à celles de l’encens et sert à l’onction notamment lors du Rituel de l’Ouverture de la Bouche." (Bruwier, 2007)
La colonisation nubienne s'intensifie sous la XIIe dynastie (vers - 1987 - 1795), pendant laquelle le pouvoir égyptien dresse pas moins de quatorze forteresses colossales, à Bouhen, Aniba (Miam), Ikkour, Qouban, etc. dont les garnisons assurent un contrôle permanent de la Basse-Nubie, Ouaouat (Obsomer, 2007a). C'est dire si le royaume de Kerma avait acquis une puissance que le pouvoir pharaonique ne prenait pas à la légère, et qu'il s'organisa pour ne plus avoir une telle menace aux portes de l'Egypte. C'est donc à partir de ces places fortes que Sésostris Ier et Sésostris III lanceront des expéditions militaires contre Kouch (Koush, Kush), dont le nom apparaît alors pour la première fois dans les textes égyptiens. Une stèle de l'époque de Sesostris Ier témoigne de ces campagnes militaires contre la Nubie :
Stèle du général Montouhotep (Mentouhotep)
datée de l'an 18 du règne de Sésostris Ier
Trouvée par le politicien et explorateur Sir William Banks (1786-1855) à Bouhen, en 1818
vers - 1946
Musée archéologique de Florence, Italie
2540
On y voit le dieu égyptien de la guerre, Montou, tenir dix Nubiens attachés pour les conduire au roi (cf. le dessin de Ricci, ci-contre, qui a figuré l'ensemble de la scène, avant la détérioration de la stèle). Ils symbolisent "tous les pays qui sont dans Ta-Séty" (Ta-Séti : "Le pays de l'arc"), nom que donnait alors les Egyptiens à la Basse Nubie. Les noms de ces pays sont indiqués sur le cintre de la stèle "Chémyk, Khésaï, Chaât [Ile de Sai ?, NDA], Ikherqyn, ?, ?, Ima (?)». Série verticale (de haut en bas): «Kas [Kouch, NDA], Haou, Ya (?) »" (in Obsomer, 2007b).
Comme d'autres textes égyptiens, il exprime une violence extrême contre les ennemis de l'Egypte, à la fois par l'image et par le texte : "le faucon qui saisit grâce à sa force", "le taureau blanc qui va piétiner les Iounou" (Anous, Aounou, population nubienne) ; "Je me suis avancé… (?)] en détruisant [leurs] troupes (?) […], leur vie étant achevée. [J’ai] massacré […, j’ai mis] le feu dans [leurs] tentes (?), […], leur grain étant jeté dans le fleuve […]. [Je suis] quelqu’un qui obéit, qui ne transgresse pas [les instructions du palais], un homme dans la force de son ka, [journellement (?)] et à jamais. Aussi vrai que vit le Fils de Rê Sésostris, je dit ce qui s’est passé véritablement" (in Obsomer, 2007b).
Prisonnier nubien agenouillé, figure d'exécration
Egypte, Moyen-Empire, XIIe dynastie
vers - 1987 - 1795
Musées royaux d'Art et d'Histoire
E. 7440
Bruxelles, Belgique
Les figures d'exécration ont pour modèle un prisonnier agenouillé, bras dans le dos attachés au niveau du coude. Les traits physiques sont bien soulignés, sur "cet exemplaire, on reconnaît un Nubien à sa coiffure crêpelée, aux yeux globuleux, au nez évasé, aux pommettes saillantes et aux lèvres épaisses" (Bruwier, 2007 : Catalogue des objets archéologiques). Un texte est écrit sur le corps en démotique, qui devient l'écriture officielle vers - 750. Le démotique est une des deux écritures cursives égyptienne, avec le hiératique, ce dernier étant aussi ancien que les hiéroglyphes, Ecrit à l'encre rouge, "couleur des forces hostiles, ce texte reprend une liste des ennemis de l’Égypte, dans le pays et en dehors de ses frontières. La magie opérant, ils seront privés de leurs mouvements, tout comme la statuette en cas de rébellion, d’attaque ou de complot contre celle-ci" (op. cité). Ces listes étaient souvent très détaillées, avec le nom personnel, des princes, des prisonniers, des alliés, de leurs ancêtres, même, tenues scrupuleusement à jour par l'administration égyptienne.
S'il est clair que l'Egypte pharaonique, comme beaucoup d'Etats ou de tribus, exerçaient des violences régulières sur d'autres populations, il ne faudrait pas lire l'iconographie égyptienne de la guerre de manière littérale, comme s'ils n'étaient faits que d'actes sauvages : La relation avec les Nubiens, nous le verrons, est aussi faite de commerce, de diplomatie, et de collaboration entre les élites. Malgré ce qu'affirme Montouhotep, la propagande des puissants ne permet pas du tout de savoir "ce qui s'est passé réellement". Comme toute iconographie émanant du pouvoir, les représentations égyptiennes de la guerre sont subordonnées aux intentions idéologiques de ceux qui gouvernent, qui veulent ici magnifier la force donnée aux égyptiens par les dieux pour dominer tous les ennemis de l'Egypte : "tous les pays étrangers sont sous tes sandales" (in Obsomer, 2007b). dira un graffiti des environs de la première cataracte, daté du roi Montouhotep II (Mentouhotep II, vers - 2064-2013).
Le Royaume de Kerma
( - 2500 - 1500 )
dessin d'Alain Honegger, dans son passionnant et beau dossier "KERMA, Mission archéologique suisse au Soudan"
Kerma, vue sur les vestiges de la ville et de la puissante deffufa (forteresse), vers - 2050
Reconstitution de la ville de Kerma avec sa deffufa, qui donne une idée de la puissance naissante du royaume de Kerma., On notera la grande hutte d'apparat du roi (Ø 14 m), tout près de la forteresse, sur sa droite, mais aussi divers entrepôts royaux protégés par des enceintes, dont sont aussi pourvues des habitations de privilégiés.
Aquarelle de Jean-Pierre Golvin, Université Bordeaux III
Dès le Kerma moyen (2050-1750), la distinction de classe sociale s'opère nettement d'autant plus que se multiplient alors dans les tumulus de l'élite, les morts d'accompagnement, Au Kerma classique (- 1750 - 1480), c'est par plusieurs centaines (322 squelettes dans la tombe K x) que se comptent ces morts d'accompagnement, dans les grands tumuli explorés par l'archéologue américain George Andrew Reisner (1867-1942), qui a mené le premier de grandes fouilles dans la nécropole royale, entre 1913 et 1916 (Honegger 2004 ; Rilly, 2017a ; mission Kerma). Ce développement se traduit aussi par un artisanat prolifique et de belle facture, et ce sont de plus en plus les inégalités sociales qui permettent déjà aux riches de s'octroyer des objets de qualité : vêtements, poterie, armes, bijoux, etc., dont on retrouve les spécimens les plus ouvragés dans les tombes des élites.
Vase caliciforme
El-Kadada, Soudan
Art nubien du Royaume de Kerma,
Kerma classique, v. -1800 - 1600
Musée national de Khartoum,
Soudan
Bol en terre cuite incisée
Art de Nubie, Naga el-Erian,
Nécropole115, tombe n°98
Ø 8 cm
- 2400 - 1550
Museum of Fine Arts (MFA), Boston
Etats-Unis
Modèle de maison
Kerma, Soudan,
cimetière est, tumulus KIII, K 315
terre cuite
Kerma classique, v. -1800 - 1600
Musée national de Khartoum,
Soudan, SNM 119
Nécropole de Kerma, tombe KN 24
avec 241 bucranes,
- 2050 - 1750
Histoire et civilisations du Soudan... : cf. Rilly, 2017)
Nécropole de Kerma, tumulus
vers -2050 - 1750
Histoire et civilisations du Soudan... : cf. Rilly, 2017)
Si de petits tumulus funéraires abritent les tombes des plus humbles, ce sont des superstructures possédant des appartements intérieurs et pouvant atteindre 100 m de diamètre que s'offre l'aristocratie ou les souverains eux-mêmes, dont la course au prestige multiplie les bucranes en demi-cercle autour des tombeaux, pas moins de 4 351 devant la tombe n° 253 ! (Rilly, 2017c),
Nécropole de Kerma, bucranes,
Kerma moyen, vers 2050
L'étude anthropologique des squelettes de l'époque classique a montré des violences fréquentes dont les effets se sont gravés dans les os des disparus (Judd et Irish, 2009). Plus près de nous, un néolithique un peu spécial, adapté à l'Afrique australe, dans des régions longtemps réputées pour avoir perduré longtemps au stade préhistorique de la pierre ("Late stone age", tels les ancêtres des San, plus connus sous le nom anglophone de Bushmen), s'est mise en place ou s'est renforcée une organisation sociale plus inégalitaire que par le passé. Ainsi, à Kasteelberg et peut-être aussi à Jakkalsberg, en Afrique du Sud, au long du premier millénaire de notre ère, l'élevage se développe, peut-être celui, autochtone, des San/Bushmen, à moins qu'il n'ait été transmis par les immigrants Khoekhoe (Hottentots), ce qui aurait donné la culture mixte khoisan. Dans tous les cas, "il semble que les moutons et la céramique ont été considérés comme des biens prestigieux, peut-être utilisés comme un capital politique dépensé à l’occasion de grands festins" (Sadr, 2005).
On a souvent parlé du néolithique comme d'une période révolutionnaire, sans voir souvent comment elle a accéléré la construction des inégalités sociales en domestiquant tour à tour les plantes, les animaux, et les hommes eux-mêmes, par la servitude, l'esclavage, la guerre, la division entre des riches et des pauvres, en particulier par le retranchement des puissants derrière des palais, des châteaux-forts, s'arrogeant la maîtrise du verbe et de l'écriture pour définir la culture dominante (Scott, 2017).
Dague
Kerma classique
vers - 1500 L 55 cm bronze, pommeau en ivoire, Musée national de Khartoum
Soudan
n° 1062
Couteau
Kerma moyen
vers - 1800
L 30.4 cm bronze, garde et rivets en or, pommeau en ivoire, manche en corne ou écailles de tortue.
Musée national
de Kerma
n° 36332
Gravure rupestre, chasse à la girafe
Iwelen, Massif de l'Aïr, Niger
Art Peul, Équidiens, époque des chars
Ier millénaire avant notre ère
"A considérer la mobilité restreinte nécessaire au succès de l’élevage équin en milieu sahélo-soudanien, on devrait retrouver parmi les peuples évoluant non loin des massifs de l’Adrar des Iforas et de l’Air, les descendants des éleveurs de bovins qui avaient introduit le cheval dans le sud du Sahara au cours du premier millénaire avant notre ère. Il se trouve précisément dans les bassins des fleuves Niger et Sénégal et plus à l’est autour du lac Tchad, des pasteurs peuls sédentaires, éleveurs de bovins, organisés en des sociétés hiérarchisées." (Camps et Dupuy, 1996)
Le chasseur (mais aussi sans doute pasteur de bovins), armé d'une lance à pointe de cuivre, a une coiffure trilobée et porte des pendentifs à l'oreille. A sa droite, un char à timon unique et deux roues rayonnées, tiré par deux chevaux attelés, caractéristiques de l'aristocratie locale. Les gravures correspondent en tout point avec le matériel (lances et chars) retrouvé sur le site.
Kerma, miroir en cuivre
porté par 2 faucons
v. -1750 - 1550,
Fine Arts Museum of Boston, Etats-Unis
“ ...entre l'Asiatique et le Noir de Nubie ”
Ce que les historiens ont longtemps décrit comme une invasion de groupes sémites ou des steppes caspiennes, colonisant la Basse-Egypte, les fameux Hyksos (Ὑκσως), était en fait une construction tardive, faite à partir de la tradition rapportée en grec par le prêtre égyptien Manéthon dans son Histoire de l'Egypte (IIIe s. av. notre ère). En réalité, ces Heka Khasout ("chefs de pays étranger") représentaient des groupes de population émigrées de Syrie et de Palestine, peut-être des marchands du Levant, qui avaient progressivement investi leur future capitale d'Avaris (site actuel de Tell el-Dab'a), ville portuaire du delta du Nil, et avaient finalement acquis assez de puissance pour prendre le pouvoir et régner sur la Basse-Egypte entre 1638 et 1530 (Siesse, 2019 ; Stantis et al, 2020).
Pris en sandwich entre les Hyksos au nord, et les Nubiens au sud, le pharaon Kamosis (Kames, Kamose, XVIIe dynastie, règne autour de - 1550) a fait inscrire sur une stèle commémorative à Karnak : "Je siège entre l'Asiatique et le Noir de Nubie" (Gabolde, 2005), texte reproduit sur la tablette Carnavon (en bois stuqué), du nom de Lord Carnavon qui l'a découverte en 1908.
Cette comparaison physique, où le pharaon se distingue d'un Nehesy (nḫsy, Nubien, et par extension, Noir, cf. plus bas) et d'un Amou (Asiatique) n'a rien d'étonnant. C'est le même regard sur la différence que portent les textes relatifs à ce sujet, ou qui est exprimé par les représentations exécutées par les artistes égyptiens des différentes races humaines, à leurs yeux, formalisées à la fin de la XVIIIe dynastie par le Livre des Portes, nous allons le voir plus loin
Sous le règne d'Ahmosis (Ahmose, Amosis), premier pharaon de la XVIIIe dynastie, un simple mousse homonyme du prince, Ahmose (Ahmès), devenu par sa bravoure "combattant du souverain", deviendra riche et comblé d'honneurs. Ainsi, il put se faire bâtir une tombe (N°5) à El-Kab (près d'Esna) où il fit inscrire son autobiographie, vers 1465 avant notre ère :
(Lepsius, 1849-1859),
Ahmose, autobiographie,
tombe d'El Kab, Egypte, XVIIIe dynastie
"Puis ce fut la prise d’Avaris. J’y capturai un homme et trois femmes, soit au total quatre personnes. Sa Majesté me les donna comme esclaves.
Alors on mit le siège devant (la ville de) Sharouhen pendant trois ans. Lorsque Sa Majesté la prit enfin, j’en rapportai du butin : deux femmes et une main. On m’accorda l’or de la bravoure et on me donna mes prisonnières comme esclaves. (...) Sa Majesté en fit un grand carnage. Pour ma part, j’en rapportai du butin, à savoir deux hommes vivants et trois mains. Je fus une nouvelle fois récompensé par l’or et on me donna deux femmes esclaves (...) On me donna cinq esclaves et des lopins de terre, en tout cinq aroures (4 ha) dans ma ville. On agit semblablement pour l’ensemble des équipages.
Ensuite vint cet ennemi nommé Tétian. Il avait rassemblé autour de lui des gens pleins de félonie. Sa Majesté le tua. Son entourage cessa d’exister. On me donna trois esclaves et cinq aroures (4 ha) dans ma ville." (Ahmose, op. cité, in Rilly, 2017a).
Esclaves pour les uns (Schulz 1995 : 336 ; Beylage 2002 : 95-96), servage pour les autres (Doranlo, 2009), cette question n'est pas tranchée, mais il s'agit bien là d'hommes et de femmes noirs que l'on capture en terre étrangère, qu'on ramène de force en Egypte, loin de leur famille, de leur pays, de leur culture, pour les soumettre à une vie de servitude.
Ahmose, op. cité
(Doranlo 2009)
Nous sommes clairement là dans la distinction que Meillassoux a établi entre le captif, qui est une marchandise, et l'esclave qui est un moyen de production (Meillassoux, 1986 : 325). Quand bien même les Egyptiens eux-mêmes n'y auraient pas été soumis, leurs souverains, nous l'avons vu, ont bien profité de la force de travail d'esclaves noirs de leur colonie nubienne (au moins), razziés par des chefs noirs à leur botte, pour certaines de leurs réalisations architecturales, mais aussi pour leur service personnel. D'autre part, on sait que beaucoup de paysans et d'ouvriers avaient des conditions d'existence si misérables depuis une période très reculée de l'histoire égyptienne (cf : Egypte pharaonique, IIIe / IIe millénaire), qu'on peut établir un parallèle étroit, comme en Europe, entre condition de servage et condition d'esclavage. S'il n'y a pas de mots précis pour désigner l'esclave, dans l'Egypte antique, il est un mot qui désigne fréquemment une condition servile : bak. Mais, derrière cette appellation se cache différentes réalités : "Ainsi, un groupe de contrats, datés entre le VIIIe et le VIe siècle avant J.-C., atteste la vente de personnes nommées bak. Normalement, ce terme se traduit par « serviteur » mais ici, ces derniers peuvent être vendus. On dispose également d'un autre texte sur une jeune femme syrienne qui faisait l'objet d'un contentieux commercial entre deux Égyptiens, dans ce qui s'apparenterait à de l'esclavage domestique. Mais cela reste très épars." (Damien Agut-Labordière, égyptologue, interview du magazine Le Point, 29 novembre 2022). Le même égyptologue évoque des ouvriers très bien payés sur le chantier de la pyramide de Khéops, ce qui signifie que les situations, d'un chantier à l'autre, d'une période à une autre (la période dynastique égyptienne couvre plusieurs millénaires), pouvaient être très différentes d'un point de vue des conditions de travail.
Des découvertes archéologiques sur le site de Tell El-Amarna, dans le Cimetière des Tombes du Nord, vont aussi dans ce sens. Elles ont mis à jour de frustes sépultures d'ouvriers datant du pharaon Akhenaton (†- 1332), célèbre pour son culte unique d'une divinité solaire. Quasiment dépourvus de mobilier funéraire, les tombes ont livré des corps juste emballés d'un épais tissu. L'étude de ces 105 corps, appartenant à des enfants et des adolescents, garçons et des filles, morts très précocement, entre 7 et 25 ans pour 90% d'entre eux, a montré leur mauvaise alimentation, leur mauvaise santé, des blessures fréquentes et traumatiques, des fractures vertébrales et autres caractéristiques d'une activité pénible, avec de lourdes charges de travail, souligne l'archéologue Mary Shepperson (Did children build the ancient Egyptian city of Amarna ? : "Les enfants ont-ils construit l’ancienne ville égyptienne d’Amarna ?", article de Mary Shepperson, The Guardian, 6 juin 2017). Plusieurs choses supplémentaires indiquent l'origine servile de ces enfants travailleurs : le fait qu'ils aient été séparés de leur famille, qu'ils aient été ici ou là entassés à plusieurs dans des tombes de taille individuelle, sans aucun égard, pourrait même désigner des esclaves.
Rappelons que le travail des enfants a existé très tôt dans l'histoire des pauvres de tous les continents, s'est poursuivie jusqu'à une époque moderne très récente, et continue de l'être dans beaucoup d'endroits : nous avons vu dans d'autres articles son importance en Europe jusqu'au XIXe siècle. La découverte d'Amarna n'est pas sans rappeler le récit biblique du livre de l'Exode, sur Moïse et le séjour des des Hébreux en Egypte. Contrairement à ce qu'on peut lire ici ou là, le texte ne parle pas d'esclavage mais de corvées, de travaux pénibles que le pouvoir pharaonique leur impose. On sait que les Egyptiens de cette période du XIIe-XIe siècle ont opéré des razzias et des pillages au Levant, donc les Hébreux ont pu tout à fait faire partie de populations déplacées et asservies. Cependant, il n'existe aucun témoignage historique pour confirmer cette histoire (ni l'existence de Moïse, d'ailleurs), et la Bible, l'Ancien Testament en particulier, demeurant avant tout un ensemble de textes idéologiques. Ainsi, on ne peut que sourire à l'évocation d'un "peuple d'Israël" devenu "plus nombreux et plus puissant que l'Egypte", au point d'inquiéter son pharaon (Exode 1 : 8-9), alors qu'il n'est mentionné qu'une seule et unique fois par des hiéroglyphes, sur une stèle de Merenptah (v. 1208), comme une des nombreuses populations contre qui l'Egypte a toujours imposé sa puissance : "Tehenu est dévastée, Kheta est pacifiée, Canaan est saisi de tous les maux, Askelon est captive, Gezer ["Guezer"] est prise, Yenoam est réduite à néant, le peuple d'Israël ["Jezrahel"] est dévasté, mais ses récoltes ne le sont pas, Khor ["Palestine"] est devenue une veuve pour l'Egypte" (William Matthew Flinders Petrie, "Six Temples at Thebes, 1896", Londres, Bernard Quaritch, 15, Piccadilly, W, 1897).
Revenons maintenant au regain de puissance retrouvé par les souverains égyptiens, qui, après avoir chassé les Hyksos du pouvoir, au nord, récupèrent progressivement l'intégrité de leur territoire et soumettent par étapes la Nubie, au sud :
"La conquête égyptienne du royaume de Kouch commence véritablement avec l’un des plus illustres pharaons du début du Nouvel Empire, Thoutmosis Ier (1496-1483 av. J.-C.). Après avoir repris les forteresses de Basse Nubie et s’être emparé de Kerma, il fonde une nouvelle ville à un kilomètre au nord de celle-ci, au lieu-dit Doukki Gel. L’emprise égyptienne sur la région du sud de la Troisième cataracte ne devient cependant effective qu’avec Thoutmosis III (1479-1424 av. J.-C.)" (Honegger, 2004, mission Kerma).
Par la suite, Thoutmosis II et III, puis la reine Hatchepsout, intègrent alors pour six cents ans le nord du Soudan actuel (Bilad-al-Soudan en arabe : "le pays des Noirs") à l'Empire des pharaons. Convoitée en particulier pour ses mines d'or de Ouaouat ou du pays de Kouch (Koush), la Nubie "exportait en outre vers l'Egypte un grand nombre de produits recherchés : des denrées agricoles, de l'ivoire, de l'ébène, de la gomme, des plumes et des œufs d'autruche, des peaux de léopards, des têtes de bétail et sans doute aussi des esclaves. Ils étaient considérés comme vassaux du pharaon qui devait régulièrement recevoir l'hommage de leur fidélité. Leurs fils étaient emmenés en Egypte (à l'origine comme otages) pour y recevoir une éducation égyptienne et un rang dans l'administration ou la noblesse de cour" (Museur, 1969). Après avoir conquis Kerma, la capitale du royaume nubien, le pharaon fait raser les deux enceintes et un palais du centre cérémoniel de Doukki Gel, pour y faire élever "un menenou soit une fondation royale puissamment fortifiée" (Bonnet, 2013).
C'est à cette époque que les artistes égyptiens commencent à représenter les Nubiens de manière notable, dans le cadre de leur sujétion, tributaires ou prisonniers, iconographies réalisées pour le compte de hauts dirigeants égyptiens, mais que les dirigeants nubiens, eux aussi se font représenter dans leurs tombeaux à la manière égyptienne, car la direction des différentes colonies nubiennes était toujours confiée à de hauts personnages nubiens, qui manifestaient jusque dans leur tombe leur allégeance et la glorification de l'Egypte.
Ces représentations, qui soulignent des différences physiques, on va le voir, entre Egyptiens et Nubiens, existent depuis longtemps en Egypte, on citera celle de la tombe (QH 35 d, Qubbet el-Hawa) du gouverneur noir d'Eléphantine Pépi-Nakht (Pepinakht, Heqa-ib), personnage important dirigeant une province frontière de la Nubie et de l'Egypte, qui est figuré dans sa tombe avec la peau noire et les cheveux crépus, ou celle de pèlerins nubiens gravés sur des bas-reliefs de la tombe du gouverneur de l'île de Philae, le prince Haka-Ip (Museur, 1969), deux exemples de la VIe dynastie, contemporains du pharaon Pépi II (né vers -2284), ou, plus tardives et plus connues :
la représentation de princes nubiens rendant leur hommage au pharaon ou d'autres Nubiens, faits prisonniers et asservis par Horemheb, bien plus tard, à la fin de la XVIIIe dynastie ou celle, encore, des prisonniers et du tribut nubiens rapportés à Toutankhamon en bateau par le vice-roi nubien Amenothep/
Houy.
Tombe d'Horemheb
(KV 57),
Saqqarah, Egypte,
XVIIIe dynastie,
règne de Toutankhamon
v. 1336-1327
Musée archéologique, Bologne, Italie
à gauche: Hommage de princes étrangers, dont Nubiens, au pharaon Toutankhamon,
à droite : Captifs nubiens
Horembeb était alors commandant militaire de Toutankhamon, avant de devenir le dernier pharaon de la XVIIIe dynastie (1319-1292). A chaque avancement de carrière, il se faisait construire une tombe dans les villes emblématiques de ses succès. La scène montre un dénombrement et un enregistrement de captifs nubiens, en position assise, récemment capturés par les troupes d'Horemheb, surveillés par des gardiens menaçant les prisonniers de bâtons, Un scribe rédige un compte-rendu et une inscription précise qu'il réserve deux prisonniers pour la cour de Toutankhamon (Museo Civico archeologico di Bologna)
Tombe d'Amenhotep/Houy,
"fils royal de Koush"
(TT 40)
Gournet Mourraï (Gurnet Murraï, Qurnet Murai, Thèbes-ouest)
Arrivée du tribut nubien à Thèbes
XVIIIe dynastie,
règne de Toutankhamon, v. 1336-1327
Les Nubiens sont reconnaissables à leur teint sombre, aux boucles d'oreilles et à la plume d'autruche plantée dans la plupart des coiffures.
Houy, à la tête de la colonie nubienne d'Egypte, comme vice-roi, est tenu d'apporter le tribut dû annuellement par les peuples soumis au pharaon. Il commença sa carrière comme scribe du vice-roi Mérymosé, sous Amenhotep III (Rilly, 2017a).
Le tableau des "races"
Les Egyptiens ont ensuite formalisé des types "raciaux" dans les décors de leurs tombeaux les plus prestigieux, commandités par les élites du pays. L'exemple le plus emblématique est sans doute celui qui a été initié par le texte que l'égyptologue Gaston Maspero a appelé le Livre des Portes (Nouvel Empire, vers - 1320), et qui relate le passage de l'esprit en autant d'étapes que d'heures de la nuit, et parmi elles, une procession des "quatre races" humaines entrant dans le monde des morts à la cinquième heure. Ce que les égyptologues ont appelé "tableau des Nations" ou "tableau des quatre races", sera représenté dans différentes tombes des pharaons à compter de la XIXe dynastie, peint en particulier dans la tombe de Séthi Ier (1294-1279, salle D à 4 piliers, KV 17 : images 1-3) et dans celle de son petit-fils, le pharaon Merenptah (Menephtah, Mineptah, Merneptah, v. 1269-1203, KV 8 : images 4-6), dans la Vallée des Rois (Biban-el-Molouk, Bab el Meluk, Bîbân el-Mulûk : "Les portes des rois"), découvertes parmi d'autres par l'aventurier Giovanni Battista Belzoni (1778-1823) et illustrées dans ses Plates illustrative of the researches and operations of G. Belzoni in Egypt and Nubia, avec des lithographies de Charles Joseph Hullmandel (1789-1850), chez John Murray, Londres, 1821-1822 (planches 19, 21, 23, cf. images 4-6). Le même thème des races est aussi représenté dans le tombeau de Ramsès III (règne de 1186 à 1154, KV 11 : images 7-8 [détail], et 9), toujours dans la Vallée des rois, dans la chambre F, dédiée au Livre des Portes, encore une fois.
Champollion (1790-1832), commentera "la série des peuples" vue lors de sa visite de la tombe de Merneptah :
"J’ai fait également dessiner la série de peuples figurée dans un des bas-reliefs de la première salle à piliers. J’avais cru d’abord, d’après les copies de ces bas-reliefs publiées en Angleterre, que ces quatre peuples, de race bien différente, conduits par le dieu Hôrus tenant le bâton pastoral, étaient les nations soumises au sceptre du Pharaon Ousireï [Merenptah, NDA] ; l’étude des légendes m’a fait connaître que ce tableau a une signification plus générale. Il appartient à la 3e heure du jour, celle où le soleil commence à faire sentir toute l’ardeur de ses rayons et réchauffe toutes les contrées de notre hémisphère. On a voulu y représenter, d’après la légende même, les habitants de l’Égypte et ceux des contrées étrangères. Nous avons donc ici sous les yeux l’image des diverses races d’hommes connues des Égyptiens, et nous apprenons en même temps les grandes divisions géographiques ou ethnographiques établies à cette époque reculée.
Les hommes guidés par le Pasteur des peuples, Hôrus, sont figurés au nombre de douze, mais appartenant à quatre familles bien distinctes. Les trois premiers (les plus voisins du dieu) sont de couleur rouge sombre, taille bien proportionnée, physionomie douce, nez légèrement aquilin, longue chevelure nattée, vêtus de blanc, et leur légende les désigne sous le nom de RÔT-EN-NE-RÔME [Roth/ Reth, NDA] la race des hommes, les hommes par excellence, c’est-à-dire les Égyptiens. [image 4]
Les trois suivants présentent un aspect bien différent : peau couleur de chair tirant sur le jaune, ou teint basané, nez fortement aquilin, barbe noire, abondante et terminée en pointe, court vêtement de couleurs variées ; ceux-ci portent le nom de NAMOU. [Amous/Aamous/Amus/Aamus, image 5]
Il ne peut y avoir aucune incertitude sur la race des trois qui viennent après, ce sont des nègres ; ils sont désignés sous le nom général de NAHASI. [Nehesu/ Nehesy, image 5]
Enfin, les trois derniers ont la teinte de peau que nous nommons couleur de chair, ou peau blanche de la nuance la plus délicate, le nez droit ou légèrement voussé, les yeux bleus, barbe blonde ou rousse, taille haute et très élancée, vêtus de peaux de bœuf conservant encore leur poil, véritables sauvages tatoués sur diverses parties du corps ; on les nomme TAMHOU : [Tahamou/ Tahamu/ Themehou/ Themehu image 6].
Je me hâtai de chercher le tableau correspondant à celui-ci dans les autres tombes royales et, en le retrouvant en effet dans plusieurs, les variations que j’y observai me convainquirent pleinement qu’on a voulu figurer ici les habitants des quatre parties du monde, selon l’ancien système égyptien, savoir : 1° les habitants de l’Égypte, qui à elle seule formait une partie du monde, d’après le très modeste usage des vieux peuples ; 2° les Asiatiques ; 3° les habitants propres de l’Afrique, les nègres ; 4° enfin (et j’ai honte de le dire puisque notre race est la dernière et la plus sauvage de la série) les Européens qui, à ces époques reculées, il faut être juste, ne faisaient pas une trop belle figure dans ce monde." (Champollion Le Jeune /Jean-François C.), Lettres écrites d'Egypte et de Nubie en 1828 et 1829, Lettre 13, p. 248-249, Paris, Firmin-Didot Frères, Libraires)
Européens : Ce serait plutôt des Berbères qui sont désignés ainsi, car les Egyptiens désignaient par Thnw, Tehenu/ Tehennu/ Tehenou/ Temehu/ Tjehenou. Tjemeh, les lybico-berbères dès la première dynastie, plus connus d'eux à l'époque que les Européens, et dont le mot se composerait de "tama" : "peuple", "créature" et "hu" : "blanc", "ivoire" (Gerald Massey, Book of Beginnings, vol ll University Books, 1881, p27). Par ailleurs, c'est sans doute du méroïtique abore (abur : "éléphant"), que vient le mot latin "ebur", qui a donné le français "ivoire" (Rilly, 2017 : introduction).
De son côté, l'égyptologue Emmanuel De Rougé (1811-1872) donnera des indications intéressantes sur le sujet :
"On voit, en effet, dans le tableau des races, peint dans le tombeau de Séti Ier, que la création de la race rouge était attribuée au soleil. La déesse Pacht [Bast, Bubastis, déesse à tête de chat, NDA] était, au contraire, la créatrice des Namous (tombeau de Séti Ier, tableau des races). La création des nègres est attribuée à un dieu représenté par un oiseau noir, et celle des hommes de la quatrième race, nommée Tamehou, semble encore revenir au soleil, autant que la rupture de la légende permet d'en juger."
Mémoire sur l'inscription du tombeau d’Ahmès, chef des Nautoniers, dans "Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France — Première série, Sujets divers d'érudition. Tome III, Paris...1853", pp. 1-196).
On retrouvera ce thème jusque tardivement, dans le temple d'Edfou, en particulier, dans le Mythe d'Horus, traduit par Edouard Naville (Textes relatifs au mythe ďHorus, recueillis dans le temple d'Edfou, 1870) :
"Dans les beaux textes d’Edfou, publiés par M. Naville, nous lisons que le bon principe, sous la forme solaire de Harmakou (Harmachis), triompha de ses adversaires dans le nome Apollinopolite [Apollinopolis Magna : Edfou, NDA]. De ceux qui échappèrent au massacre, quelques-uns émigrèrent vers le midi : ils devinrent les Kouschites ; d’autres allèrent vers le nord, ils devinrent les Amou ; une troisième colonne se dirigea vers l’occident, ils devinrent les Tamahou ; une dernière enfin vers l’est, ils devinrent les Shasou. Dans cette énumération, les Kouschites comprennent les nègres ; les Tamahou englobent la race à peau blanche du nord de l’Afrique, des îles dé la Méditerranée et de l’Europe ; parmi les Amou, comptent toutes les grandes nations de l’Asie, la Palestine, la Syrie, l’Asie Mineure, la Chaldée et l’Arabie ; les Shasou sont les nomades, les Bédouins du désert et des montagnes de l’Asie. Telle était pour les Égyptiens la division des grandes familles humaines."
René Ménard (1827-1887), La vie privée des anciens (1880-1883), tome I, Les peuples dans l'antiquité, L'Egypte, I, Aperçu géographique
De la même manière que les Egyptiens se distinguaient eux-mêmes des Noirs par une couleur moins foncée, qu'ils représentaient en général en rouge sombre, différents auteurs grecs ou latins préciseront eux aussi que les Egyptiens ont la peau moins foncée que les Noirs, comme Pline ou Manilius, poète latin d'origine berbère, né vers l'an 10, qui dira : Aegyptia infuscat corpora moderata, "la terre égyptienne obscurcit les corps de façon moins lourde"), en se référant aux Noirs dont il parlait précédemment, et dont il dit qu'ils "’sont desséchés par Phébus, "Phoebus Afrorum exsiccat populos" (Manilius, Astronomica 4, 723). Pline dira quant à lui, en parlant des Indiens (Indi) : "Dans la zone située au midi du Gange, les peuples sont hâlés par le soleil, avec déjà le teint basané, mais non pas encore brûlé comme celui des Éthiopiens. Plus on va vers l'Indus, plus le teint est foncé" (Pline, Histoire Naturelle / Naturalis historia, 6, 70).
Ainsi, il ne faut pas prendre à la lettre la notion variable de "noir" attachée aux citations de différents auteurs grecs, Hérodote lui même parlant une fois d'Egyptiens aussi noirs que les Colchidiens (Histoire/ Enquête, II : 104), qui ne sont pas noirs puisqu'ils sont caucasiens, vivant dans la région de l'actuelle Géorgie. D'autre part, l'historien grec n'a lui-même jamais visité de pays d'Afrique noire : "Il n’a pourtant pas visité la Nubie, son voyage en Égypte (situé vers 460 av. j.-c.) n’ayant pas dépassé Éléphantine, sur la première cataracte. Mais il prend ses informations auprès des Égyptiens, les mixant sans doute avec d’autres sources grecques, orales ou écrites, et n’hésitant pas à distordre les faits pour les rendre pittoresques ou instructifs." (Rilly, 2017e). Sans compter que l'ensemble "du « récit éthiopien », comme souvent chez Hérodote, doit être reçu avec la plus grande précaution. Les détails qu’il livre sur l’Égypte que, selon la plupart des spécialistes, il a pourtant visitée, comportent souvent des inexactitudes, des affabulations ou des omissions étonnantes" (op. cité). Plus proche de la réalité est la description d'Egyptiens " au visage brûlé" (aethiopes : d'où vient l'ethnonyme Aethiopia : Ethiopie) : "c'est que les Egyptiens avaient la peau foncée par rapport à la peau blanche des Grecs" (Bloch, 1903). Enfin, Hérodote, mais aussi Homère, comme beaucoup de littérateurs antiques, ne font aucune relation entre couleur de peau et qualités morales ou humaines. Ils parlent des "Ethiopiens" "en des termes élogieux, les parant de toutes les vertus du corps et de l’esprit" (Rilly, 2017e).
Tout ce qui vient d'être exposé ici montre bien l'entreprise idéologique, afrocentriste, qu'a essayé de mener Cheikh Anta Diop pour donner un vernis scientifique à tout un discours sur une Egypte pharaonique noire par laquelle, à l'instar de l'Europe et de sa culture gréco-romaine, l'Afrique aurait eu sa propre matrice culturelle :
"En revanche, les traits typiquement négroïdes des pharaons Narmer, Ire dynastie, le fondateur même de la lignée des pharaons, Djeser, IIIe dynastie (avec lui tous les éléments technologiques de la civilisation égyptienne étaient déjà en place), Chéops, le constructeur même de la grande pyramide (type camerounais), Mentouhotep, le fondateur de la XIe dynastie (teint noir foncé) Sésostris, Ier, la reine Ahmosis Nefertari et Aménophis Ier montrent que toutes les classes de la société égyptienne appartenaient à la même race noire."
Cheikh Anta Diop, "Chapitre 1, Origine des anciens Egyptiens", dans Histoire Générale de l'Afrique (tous les volumes sont disponibles en ligne en différentes langues sur le site de l'UNESCO), volume II, Afrique ancienne, dir. Gamal Mokhtar, 1987, pp 41-74 ; Editions Unesco, 8 volumes de 1980 à 1999).
Est-ce à dire, comme on le lit souvent dans des papiers très sérieux, que le racisme ne s'est développé très tard dans l'histoire, progressivement, qu' à partir des explorations du continent américain par les Européens et qu'il s'est accru sensiblement avec la colonisation européenne de l'Afrique ? En France, le terme de "racisme" n'est en effet apparu qu'en... 1932 ! (Delacampagne, 1983). Ce n'est pas sûr, car, depuis l'antiquité, les Blancs émettent sur le physique des Noirs des jugements subjectifs allant du positif au très négatif, au point où il est permis de poser la question du racisme de manière pertinente quand, au-delà du goût personnel, l'inégalité des races y est parfois évoqué, nous le verrons plus loin.
positif : Properce ou Martial in Rome, De la naissance à la République.
Presque neutre, pourrait-on dire, en un certain sens, est le jugement qui fait préférer les goûts culturels auxquels les individus sont habitués depuis leur naissance : nourriture, modes musicaux, manières de vivre, etc. La couleur de la peau en fait partie. Ainsi, si dans les Satires de Juvénal, les esclaves noirs ne font pas l'objet de commentaires négatifs, il "est cependant dit clairement que ce sont les esclaves blancs que l'on préfère : les pueri de luxe devaient avoir le teint blanc comme la neige, tel ce Flos Asiae qui rappelle Amazonicus, l'esclave égyptien de Flaccus, que nous a dépeint Martial. Tout au long de la poésie réaliste les esclaves de luxe sont associés à la neige, aux roses de Paestum, au cygne..." (Garrido-Hory, 1977).
Commençons par un passage intéressant du Satyricon (Satiricon, III : 102) de Petrone :
"Non, non! il faut chercher encore une voie de salut. Examinez à votre tour ce que j'ai conçu. Eumolpus, étant curieux de lettres, possède manifestement une provision d'encre. Muons notre couleur avec ce topique; atramentons-nous, des ongles aux cheveux. Ainsi, comme des esclaves Æthiopès nous ferons figure près de toi, hilares d'éviter l'affront et les géhennes, si bien que, grâce au changement de teint, nous en imposerons à nos ennemis. — Malin, va! dit Giton. Il faut pareillement nous circoncire de telle sorte que nous ayons l'air de Juifs, nous trouer les oreilles en imitation des Arabes et nous passer la margoulette au blanc de craie afin que les Gaules nous regardent comme leurs naturels. Comme si la pigmentation de la peau à elle seule modifiait le type du visage ! Comme s'il ne fallait pas le concours de nombreuses choses pour maintenir l'imposture avec une ombre de raison! Mais je veux que ton infâme drogue dure longtemps sur notre face. Admettons que nulle aspersion d'eau ne vienne faire tache sur quelque partie de notre corps ; admettons que l'encre n'adhère pas à nos effets, ce qui arrive communément, lors même qu'elle n'est pas agglutinée avec de la colle. Et puis, après ? comment tuméfier nos lèvres en bourrelets effrayants, calamistrer nos cheveux à l'instar des nègres ? Comment labourer nos fronts de tatouages, tordre nos jambes en cerceaux, poser les talons à terre et présenter des barbes à la mode pérégrine ? Cette couleur, fabriquée par l'art, coïnquine le corps, ne le change point. Ecoutez ce qui vient à l'esprit du désespéré: nouons un vêtement autour de nos chefs, ensuite, immergeons-nous dans la profonde mer."
Petrone, Satyricon, traduction Laurent Tailhade (Paris, L. Conard, 1910), nouvelle édition illustrée de J. E Laboureur, Paris, Editions de la Sirène, 1922.
Chez Juvénal, le problème du dégoût, du rejet de la peau noire est manifeste. Ainsi, les "Éthiopiens entrent dans des énumérations et des réseaux d'associations et d'oppositions où ils sont assimilés à des individus cagneux, à des êtres disgracieux, à des animaux, tandis qu’ils sont opposés à Labyrtas, beau comme Cupidon, à un homme bien fait, de couleur blanche, au géant Atlas, à un cygne, à la déesse Europe etc. Éthiopien signifie donc noir dans l’esprit de Juvénal : Sat. II, 23 (à partir du grec aethiopes, "complètement brûlés"). Leur couleur noire fascine et repousse et ils sont présentés comme des êtres inférieurs, sans toutefois que cela s’accompagne d’une connotation morale." (Garrido-Hory, 1977).
On peut se demander si un tel jugement n'entre pas dans le domaine du racisme, puisqu'on considère des individus à peau blanche supérieurs à d'autres de peau foncée. Si cette détestation d'une particularité physique ne donne pas lieu à un jugement général, ni sur une personne et encore moins à une communauté entière, elle fait bien partie d'une forme primitive de racisme, la xénophobie, sorte de peur, de rejet de ce qui est autre, de ce qui est différent des traits physiques ou culturels qui nous caractérisent. Par ailleurs, comment ne pas parler de racisme quand on considère sa patrie supérieure à d'autres, par la culture ou par le sang, comme les Grecs et les Romains face aux "Barbares" ou se revendiquant de telle ou telle lignée ou "race" par le fait supposé que le sang commun a conservé une pureté et charrié leurs qualités génération après génération (cf. Athènes, une parodie de démocratie). Sans parler des préjugés raciaux, rattachant des qualités ou des défauts à tel ou tel peuple, imputés par exemple, au climat :
"Ici viennent les faits qui dépendent de ces influences célestes. Les Ethiopiens sont, en raison de la proximité, brûlés par la chaleur du soleil. Ils naissent comme s'ils avaient été soumis à l'action du feu; leur barbe et leurs cheveux sont crépus. Dans la place opposée, dans la zone glaciale, les habitants ont la peau blanche, une longue chevelure blonde. La rigueur du climat rend farouches les peuples du nord; la mobilité de l'air rend stupides ceux de la zone torride. La conformation des jambes mêmes montre chez les uns l'action de la chaleur, qui appelle les sucs dans les parties supérieures; chez les autres, l'afflux des liquides tombant dans les parties inférieures. Au nord, des bêtes pesantes; au midi, des animaux de formes variées, surtout parmi les oiseaux, qui offrent toutes sortes de figures. Des deux côtés la taille des habitants est haute, ici par l'action des feux, là par l'abondance des liquides. Dans l'espace intermédiaire la température est salubre ; le sol est propre à toutes les productions; la taille est médiocre; la couleur même de la peau présente un juste mélange; les mœurs sont douces, les sens pénétrants, l'intelligence féconde, et capable d'embrasser la nature entière. Ce sont ces peuples qui ont l'empire ; les nations des zones extrêmes ne l'ont jamais eu. Il est vrai qu'elles n'ont pas non plus été assujetties par eux ; mais, détachées du reste du genre humain, elles vivent solitaires sous la nature inexorable qui les accable."
Pline l'Ancien (23-79), Histoire Naturelle, Livre II, LXXX, traduction par Emile Littré, Paris, Dubochet, Le Chevalier et Cie, 1848.
Pour terminer sur le sujet, contrairement à ce qu'ont pu affirmer certains ethnogénistes du passé, comme Volney (Constantin-François Chassebœuf de La Giraudais, comte Volney, 1757-1820) ou, plus près de nous, l'historien sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-1986), les études d'anthropologie biologique effectuées depuis la découverte des marqueurs génétiques des groupes sanguins par Lansteiner (1900-1901) ont largement infirmé les thèses de l'origine "négroïde" des Egyptiens (cf. Boëtsch, 1995). Ces premières études véritablement scientifiques sur l'origine des Egyptiens ont confirmé que, comme l'immense majorité des autres populations du monde, la population égyptienne d'aujourd'hui est issue de divers métissages et a conclu à une conservation remarquablement constante de son patrimoine génétique commun, au moins jusqu'à l'époque romaine. Ces premières études avaient conclu que les éléments "négroïdes" de la composition génétique des populations égyptiennes sont assez négligeables dans l'ensemble (Wiercinski, 1958, Michalski, 1964 : cf. Boëtsch, 1995), qui présentent plutôt des apports "berbères" (21 %), "méditerranéens" (19 %) et "orientaux" (17 %), et dans une moindre mesure "nordiques", fait de métissages égéens ou encore des éléments "arménoïdes" (Michalski, op. cité). Wiercinski va dans le même sens en montrant "l'importance des influences hamitique, méditerranéenne, orientale et arménienne, avec de surcroit, la présence d'éléments morphologiques provenant d'une « race jaune » qu'il faisait venir de la partie ouest de l'Asie centrale" (Wercinski, op. cité). En mai 2017, la prestigieuse revue Nature publiait une étude importante effectuée par une équipe internationale de chercheurs, dirigés par la paléogénéticienne Verena J. Schuenemann et le bio-informaticien Alex Peltzer, réunis par l'Institut Max-Planck et l'université de Tübingen en Allemagne, sur l'ADN mitochondrial de 90 momies parmi les 151 retrouvées en Moyenne Egypte, dans la région du Fayum (Fayoum), sur le site d'Abousir el-Meleq, datant de 1388 avant notre ère à 426 après J.-C (cf. l'article de la revue Nature : "Ancient Egyptian mummy genomes..."). Cette étude a confirmé avec plus de certitude encore la grande proximité génétique des Egyptiens avec les populations du Moyen-Orient. Jusqu'à la période romaine, c'est-à-dire presque la fin de la période pharaonique de l'Egypte, le patrimoine africain ne représentait qu'environ 6 à 15% du patrimoine génétique égyptien, mais, élément nouveau, il s'est accru ensuite jusqu'à représenter entre 14 et 21 % de celui-ci, en particulier, pensent les scientifiques, par les relations commerciales intenses avec l'Afrique subsaharienne et la traite accrue des esclaves.
Pendant la XIXe dynastie (vers 1296-1186), la construction du grand temple pharaonique d'Abou Simbel, dans la Basse-Nubie, a été supervisée comme beaucoup d'autres chantiers royaux, par les vice-rois de Nubie , pour le compte de Séthi Ier et Ramsès II. Les dignitaires nubiens utilisaient largement les esclaves pour ces constructions, ce qui nous ramène à la connivence récurrente entre élites de pays et de cultures différentes, fussent-elles dans une relation de pouvoir et de soumission, puisque les élites soumises restent chez eux puissants er riches et ont une relation privilégiée avec les puissances conquérantes : "La relative proximité de la Basse-Nubie permettait d’acheminer plus facilement de la main-d’œuvre depuis l’Égypte, car le recrutement local ne suffisait pas. On sait en effet qu’en l’an 44 du règne le vice-roi Sétaou lança des expéditions contre les oasis du désert occidental et contre les pays d’Irem et d’Akita, deux régions situées sur les marches de Koush, pour se procurer des esclaves destinés à la construction du temple de Ouadi es-Seboua" (Rilly, 2017a).
Ainsi, avant d'être mêlé à l'esclavage issu du commerce que les Arabes vont développer, par la traite orientale (du latin tractatus, "traîner avec violence"), qui elle-même précède de plusieurs siècles la traite atlantique des Européens entre le XVe et le XIXe siècles, l'esclavage africain fait d'abord partie de l'histoire des peuples africains eux-mêmes (Diop, 1972 ; Meillassoux, 1986), et il est principalement de deux sortes : l'esclavage de guerre ou l'esclavage pour dette (Testard, 2001).
A l'instar d'autres systèmes esclavagistes, l'esclavage africain connaissait aussi un degré de sophistication et de violence propre à asservir les individus, dont l'ethnologie rendra compte, nous le verrons plus tard pour la période moderne, au travers de l'enquête, la tradition orale, en particulier, étant témoin d'une très longue histoire de l'asservissement en Afrique. Dans de nombreuses sociétés du continent, on mettait en esclavage des personnes qui avaient perpétré des crimes ou des délits, mais aussi des prisonniers, des captifs de guerres inter-ethniques ou de simples razzias, qui pouvaient être vendus comme de simples marchandises, de la même manière que les métaux ou autres denrées précieuses. On peut aller razzier des esclaves à plus de mille kilomètres de chez soi, les arracher à leur famille et plus la distance les éloigne de leur lieu d'existence, plus aisément s'opèrent les phases de déshumanisation, de dépersonnalisation de l'individu, à qui on ôte tout ce qui, dans les sociétés africaines ou ailleurs, constituent alors le socle social d'une personne, pour faire de l'individu une propriété impersonnelle, une marchandise comme une autre, et en Afrique particulièrement, de manière assez générale, son appartenance à une lignée, son rattachement à une généalogie d'ancêtres, à un nom propre (Meillassoux 1975 ; 1986) :
"Faute d’ancêtres, faute de propriété, faute de nom, l’esclave n’a pas de parole et donc de voix délibérative (...) Dépourvu de la parole vraie, celle des adultes libres, l’esclave n’émet que des propos domestiques, semblables à ceux des enfants et des femmes." (Memel-Fotê, in Henriques et Sala-Molins, 2002)
"Les diverses situations d’esclavage observées en Afrique noire à travers les données des époques modernes et contemporaines paraissent hétérogènes, allant du provisoire au permanent, de la dépendance totale à l’exercice d’un pouvoir important. Mais, à la différence peut-être d’autres espaces culturels, l’origine de l’esclave semble peu compter dans la définition de son régime juridique : qu’il soit prisonnier de guerre, victime de rapt ou de razzia, personne objet d’une peine pénale, ou objet « d’échange » (pour cause de dette, par exemple), descendant d’esclave, chacun peut devenir esclave « de case » (domestique), esclave de plantation ou de mine, esclave royal ou enfin marchandise d’exportation (esclave de traite). Seule exception, les esclaves de « caste » des mondes mandé et peul dont le statut d’essence « collective » – lignagère ou clanique – interroge toujours aujourd’hui en Mauritanie et en Sénégambie" (De Lespinay, 2012)
Majhemout Diop, étudiant les sociétés précoloniales du Mali et du Sénégal, souligne par exemple que la structure des castes sociales se fonde en tout premier lieu sur une dichotomie radicale entre maîtres et esclaves (Diop, 1972). Un autre chercheur africain, le Gabonais Laurent-Marie Biffot, affirme quant à lui :
"La vassalisation des Pygmées est un phénomène très ancien non seulement du nord-est du Gabon mais du Gabon tout entier.
D'aucuns peuvent y voir une conséquence de la traite des nègres ; nous pensons plutôt qu'elle correspond à une des tendances les plus profondes de l'être humain" (Biffot, 1977).
Comme d'autres populations africaines, nous le verrons, les Pygmées, sont toujours considérés au XXIe siècle comme des esclaves par d'autres communautés africaines, en l'occurrence, bantoue. , car au sein de certaines communautés, l'esclavage n'a pas disparu mais s'est adapté aux évolutions de la société.
Il n'y a donc aucune raison pour que ne se soit pas établi, depuis un temps très ancien, des rapports de commerce ou de sujétion entre esclavagistes africains eux-mêmes ou entre eux et les esclavagistes étrangers, tous possédant des intérêts communs à faire fructifier le commerce d'esclaves. Ce qui fera dire à l'anthropologue et économiste sénégalais Tidiane N’Diaye que "la complicité de certains monarques et leurs auxiliaires africains dans ce commerce criminel est une donnée objective" (Interview de Philippe Triay pour France infotv.fr, Portail des Outre-Mer, 7 mai 2015). Dans son ouvrage de référence sur le sujet, l'historien Paul Lovejoy affirmera quant à lui : "l’Afrique est intimement liée à l’histoire de l’esclavage" (P. Lovejoy, Une histoire de l’esclavage en Afrique – Mutations et transformations (XIVe-XXe siècles), Editions Karthala, collection "esclavages", 2017).
Temple de Beit-el-Wali (Ouali)
Ce temple creusé dans la roche (dit "spéos"), est le premier consacré par Ramsès II en Nubie, au sud de la 1e cataracte.
vers - 1279 - 1213
Dans la cour du temple de grands pans de mur célèbrent en relief la victoire de Ramsès II sur les pays étrangers qui le menaçaient. Ces scènes sont reprises sous forme de fresque à l'intérieur du sanctuaire mais celles-ci ont été abîmées lors des moulages effectués par l'égyptologue Robert Hay et l'architecte et dessinateur Joseph Bonomi en 1825, réalisés pour le British Museum de Londres. Ce sont ces copies qui permettent d'admirer au mieux un certain nombre de peintures du temple aujourd'hui.
"Après les phases de batailles et de victoires, les ennemis se soumettent , rendent hommage au vainqueur et lui remettent de riches tributs. Les Nubiens apportent au pharaon "deux girafes, un lion, des panthères, un oryx, une gazelle, des taureaux, mais aussi des matériaux tels que l’or, l’ivoire de défenses d’éléphants, des billes d’ébène, des peaux de félins, des plumes d’autruches et, enfin, des produits manufacturés comme des chaises en ébène à usage royal en raison du sema-taouy* sculpté en à-jour entre les pieds." (Bruwier, 2007)
* Sema-taouy, "celui qui réunit des Deux-Terres", par le double lien du Nil, enroulé autour du lotus et du papyrus.
Modèle iconographique de victoire pharaonique très utilisé par les artistes égyptiens, comme sur le superbe coffre en bois stuqué et peint du trésor de Toutankhamon (H 44 x L 61 x l 43 cm), exposé au Musée égyptien du Caire, qui célèbre ses victoires sur ses ennemis, en particulier les Asiatiques (sur le devant du coffre) et sur les Nubiens du pays de Koush,, désignée par "Koush la misérable", ainsi que leurs alliés au teint clair (sur un côté du coffre)
Ramsès II poursuit et écrase les Nubiens
Ramsès II tue un Lybien avec une sorte de serpe
Ramsès II empoigne un Syrien par les cheveux
Ramsès II poursuit les Bédouins
Ramsès triomphe des ennemis du Nord
Ramsès II reçoit le prince consort et des officiers, accompagnés de prisonniers
Dessins de John Foster, in "The Beit El-Wali Temple of Ramesses II", d'Herbert Ricke, Georges R. Hughes et Edward F. Wente, The University of Chicago Oriental Institute Nubian Expedition, Vol I, 1960/61.
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Histoire et civilisation du Soudan - 5. « C’est Amon qui m’a fait ! » - Africae (openedition.org)
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Histoire et civilisation du Soudan - 3. La Terre de l’Arc - Africae (openedition.org)
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Histoire et civilisation du Soudan - 6. L’autre Terre des pharaons - Africae (openedition.org)
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Un néolithique pour l'Afrique australe | Cairn.info
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