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 Afrique noire PRÉCOLONIALE
    Dominations et  esclavages  

  ]  Antiquité, troisième partie

   Culture Nok | Royaume de Méroé

image en exergue : cf plus bas : Méroé

La Culture Nok

Le Royaume de Méroé  : introduction

Méroé : L'arc et le sceptre

La Traite orientale préislamique

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Carte de la Nubie antique

basée sur 

Claude Rilly, J. Picard,

D. Bonardelle (Cnrs-LLACAN*)

(Rilly, 2017a)

         *  laboratoire Langage LAngues et Cultures d'Afrique Noire

culture nok

 

     acmé de la culture Nok,

        (  - 500  >   + 200 )

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Niger

Benue

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 NIGER 

BÉNIN

 NIGERIA 

TCHAD

CAMEROUN

               Tête masculine

    Culture Nok, Etat de Sokoto 

                                      

  terre cuite   H.33  x L. 20 cm          

                - 500 - 100  

 

        Musée du Quai Branly,

                 Paris

                 

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La culture Nok (vers - 1500 + 200) figure parmi les plus anciennes connues en Afrique subsaharienne, avec une période d'épanouissement entre - 500 et + 200 s'éteignant peut-être à cause de conditions environnementales défavorables au tournant de l'ère chrétienne.  Elle semble avoir dominé une région où a fleuri d'autres traditions, comme à Sokoto ou à Katsina, ou encore Yelwa, où les sculptures en terre cuite retrouvées ont aussi leur style propre.  

L'archéologue britannique Bernard Fagg lui donna le nom du village nigérian proche de sa découverte de sculptures en terre cuite, par hasard dans les alluvions d'une mine d'étain à ciel ouvert.  Malgré de grands travaux de fortifications pour construire de larges fossés autour de certains villages,   qui nécessitaient une organisation et probablement des chefs, les sociétés noks, semblent avoir été plutôt économiquement égalitaires.   

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         Tête de janus

Culture Nok, Katsina  Ala 

 terre cuite   H. 27,5  cm  

             

          700 - 400  

 

collection particulière

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                                   Tête de femme   

         Culture Nok, Rafin Kura, Nigeria         

                                      

         terre cuite         h.30  x  22 cm          

                       - 500 + 200 

 

    Yemisi Shyllon Museum,  Ibeju-Lekki,

               Etat de Lagos, Nigeria  

                

                                                               

 

"Aucune des nombreuses fouilles des vestiges architecturaux n'ont révélé des habitations susceptibles d'avoir été occupés par des membres de haut rang de la communauté. De plus, les  tombes ne présentent pas de signes d'hétérogénéité indiquant une différence entre sépultures de membres de l'élite et celles du peuple. Nulle part, on trouve une accumulation d'objets de valeur , que ce soit en fer ou d'autres matériaux soulignant une inégalité en terme de propriété ou de richesse." (Breunig & Rupp, 2016)  Ce qui n'a pas empêché ces cultivateurs de millet ou de niébé ( qui récoltaient aussi des plantes sauvages,  d'avoir une nourriture abondante et une organisation propre à créer des objets sophistiqués que nous classons aujourd'hui  au rang d'objets d'art. 

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Niébé, haricot cornille

vigna unguiculata

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Culture Nok,  Nigéria,

 

terre cuite,

vie quotidienne,

 

h 54 x 50  cm,

 

v. - 500 - 200,

 

Musée du Quai Branly, Paris

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Culture Nok, Nigéria,

 

terre cuite, homme,

 

38 x 13 cm,

 

v. - 500 - 200,

 

Musée du Quai Branly, Paris

méroé intro
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Le Royaume de Méroé

 env.  - 270   + 340 

 

 

Dessin de Jean-Pierre Heim,  Méroé, Travelling is an art, février 2021

Les pyramides de Méroé, Soudan, croquées avant d’être croquées (chroniques-architecture.com

Introduction

 

 

 

Une violente scission entre castes dirigeantes serait à l'origine d'une refondation du royaume koushite, au IVe siècle avant notre ère. La tradition grecque parlait d'un violent conflit de pouvoir entre prêtres et souverains,  et vanta la culture grecque du premier souverain inhumé à Méroé, Ergaménès (Arkamani, Arqamani), pour expliquer sa prétendue décision de rompre avec une "superstition" qui donnait aux prêtres un pouvoir de vie et de mort sur tous, y compris le roi : 

"Précédemment, les rois obéissaient aux prêtres, non qu’ils y fussent contraints par la force ou les armes, mais parce que leur esprit était soumis à cette superstition. Or, au temps de Ptolémée II, le roi des Éthiopiens, Ergaménès, qui avait reçu une éducation grecque et agissait en philosophe, fut le premier à dédaigner cet ordre. Il prit une décision digne d’un roi et, entouré de soldats, entra dans le saint des saints, où se trouvait le naos d’or des Éthiopiens. Il égorgea tous les prêtres et, ayant aboli cet usage, engagea des réformes selon ses propres principes"  (Agatharchide de Cnide, cité par Diodore de Sicile, Bibliothèque historique (titre original grec : ιστορική βιβλιοθήκη, Bibliothecae historicae, en latin),1er siècle avant notre ère). 


Le scénario grec, en fait, recycle des mythes anciens, en particulier celui du roi Busiris, "une légende grecque selon laquelle Héraclès, sur le point d’être sacrifié sur l’ordre de ce roi légendaire d’Égypte, brisa ses chaînes et tua les prêtres qui devaient procéder à son immolation" (Rilly, 2017e).   L'invention grecque fait l'impasse sur le fait que Méroé, appelée parfois "île  de Méroé",  car entourée des eaux du Nil, du Nil bleu et de l’Atbara, était déjà une capitale politique depuis un bon moment,  et Hérodote mentionne la cité sans jamais parler de Napata, qui n'avait pourtant pas cessé de célébrer le culte d'Amon (Amani), dont le nom est intégré à celui des trois premiers rois de Méroé :  Arkamani Ier ( (Khenem-ib-Rê, règne vers - 270 - 260), Amanislo (Ankh-Nefer-ib-Rê), et Amanitékha.  En réalité, expliquera Török, il a dû s'agir d'un changement violent de dynastie, par lequel Arkamani s'est arrogé le pouvoir par la force et non de manière traditionnelle, par les liens du sang. En dehors de quelques détails vestimentaires, il faut noter l'importance déjà signalé des femmes, non pas dans le pouvoir proprement dit, mais par l'influence politique qu'elles exercent (op. cité).  Ainsi, la reine-mère, par exemple, tient le second rôle dans le rang protocolaire, et si dans la principale nécropole napatéenne de Nouri, on ne trouve que des rois,  dans la partie méroïtique de Begrawwiya, non seulement les reines se tiennent aux côtés de leurs époux mais deux d'entre elles, Bartaré et Kanarta, sont figurées elles aussi en costume tripartite de souverain et portent la calotte royale kouchite, probablement parce qu'elles ont exercé réellement le pouvoir en tant que régentes, pendant la minorité de leur fils, qui ont été peut-être Arkamani et Amanislo. Il ne s'agit donc pas, comme dans beaucoup d'autres pays,  d'un pouvoir suprême tenu par des femmes, et leurs monuments de petite taille comparés aux pyramides massives de leurs fils sont là pour en témoigner.  

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Dans le royaume de Méroé, on pratique un certains nombre de métiers au sein des activités familiales,  dans les quartiers  d'habitation  (tissage, vannerie, confection d’outillage, cuisine), tandis que des ateliers spécialisés sont installés en périphérie (potier, briquetier, forgeron, etc.).

"L’enceinte quadrangulaire (Hamadab, Méroé), l’association temple-palais-voie processionnelle (Wad Ben Naga, Mouweis, El-Hassa, Hamadab, Méroé, Naga, Dangeil, Djebel Barkal) et les quartiers réguliers en insulae (Hamadab) sont incontestablement le fait d’une autorité locale forte, désireuse de contrôler le paysage urbain. De la même façon, la séparation nette entre activités domestiques mineures pratiquées au sein de l’habitat (cuisine, tissage) et activités artisanales spécialisées renvoyées en dehors de la ville (ateliers, fours) sont la marque d’une organisation urbaine très développée, typique de l’organisation urbaine méroïtique. Par ailleurs, le réseau régulier de villes principales (Méroé) et secondaires (Mouweis) mis en place dans le Boutana relève, lui aussi, d’une volonté de contrôle du territoire et de la population."  
(Choimet, 2018)   

Les territoires trop éloignés des grands centres royaux ont une organisation plus lâche, plus indépendants, ne reposent "que sur la légitimité religieuse du souverain, le commerce à longue distance et la redistribution des biens de prestige". Cependant, "on ne peut imaginer le développement d’un royaume, sur plus de 1 500 kilomètres de long, et pendant plus de 500 ans, sans une centralisation affirmée"  (op. cité)   

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                                               Boîte à toilette  

                           Cimetière de Karanog 

       

                                      

         bois, incrustations d'ivoire   |   h.  28.1  x  l.  26.9  x  P.  23.1  cm  

 (Francigny, 2008)

                               - 100   + 300      

 

                                                   Pennmuseum 

(University of Pennsylvania Museum of Archaeology and Anthropology) ,  Philadelphie (Pennsylvanie)

La serrure a disparu, avec pour seul vestige un moraillon en fer à l'endroit de la plaque de serrure, au-dessus de la figuration des bijoux. Le dieu Bès, représenté deux fois, sans corps, sert à "écarter les forces hostiles". La déesse représentée rappelle Aphrodite, et sa coiffure ressemble à celle de la déesse Hathor.  Elle est figurée sur deux registres dans une fenêtre cintrée surmontée d'une frise d'uraei stylisés, protégée par un sphinx. Au-dessus des frises, apparaissent des fleurs de lotus en bouton ou ouvertes. 

Ont été retrouvés dans certaines boîtes des étuis à khôl, des petits pots de crème et d'onguents, qui ont servi au quotidien avant le décès. 

      

   

                                                               

Nous avons vu que la société koushite était hiérarchisée depuis longtemps déjà, et  le vêtement est un des éléments qui permettent aux archéologues de matérialiser les différences sociales. Si une grande partie de la population évolue en tenue d'Adam ou simplement vêtue d'une ceinture pelvienne ou d'un pagne en tissu ou en cuir,  les vêtements de la classe dirigeante, souvent représentés sur les monuments, et trouvés en abondance dans les tombes, avec,  depuis le Ier siècle, un grand développement du coton parfois mélangé à la laine. Faut-il préciser qu'à l'instar de nombreuses sociétés hiérarchisées, l'habit du riche doit se distinguer de celui du pauvre, et même parfois, distinguer les rangs sociaux eux-mêmes : "Les costumes des notables, complétés de bijoux et d’accessoires, opéraient une discrimination visuelle immédiate et forte entre les membres de l’élite et le reste de la population"  (Yvanez, 2018).  

 

Cette distinction sociale touchait parfois aussi bien les adultes que les enfants. Si les enfants  avaient plutôt l'habitude d'être nus, les garçons des classes privilégiées  s'habillaient parfois du même costume que leur père ou le patriarche familial, ce qui souligne une fois de plus l'importance des liens de parentés chez les Koushites, qui doit être ostensible. 

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Djebel Adda III,

 

stèle funéraire, 1er-IIIe s.,

 

Musée égyptien du Caire

 

Par ailleurs, l'homogénéité  technique et stylistique des  textiles destinés aux élites, dans l'ensemble de la Nubie, entre le Ier et le IIIe siècle,  semblent être un indice supplémentaire de la puissance centralisatrice de l'Etat koushite   (Yvanez, 2018).   A la fin de la période méroïtique, l'importance du succès social se lit en particulier dans l'espace funéraire, où un certain nombre de familles insistent de plus en plus sur les rangs administratifs de leurs membres plutôt que sur leurs noms personnels, allant même jusqu'à le faire disparaître au profit du titre acquis par l'individu (op. cité)

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      Tissu funéraire    

  "Tissu en armure nattée et bouclée, bordé d’une frise de svastikas et rayures en tapisserie bleue"  (Yvanez, 2018)

 

Djebel Adda, tombe Z-7,

 époque méroïtique final ou post-méroïtique

 

                             Royal Ontario Museum

                                    ROM  973.24.3528  

 

                                                    

svastikas   :  "Le svastika... est un motif universel d’une grande ancienneté, puisqu’il apparaît en Iran dès le IVe millénaire avant notre ère. Symbole solaire dans de très nombreux cas, il est aussi « symbole du tourbillon créationnel autour duquel s’étagent les hiérarchies créées qui en émanent. Quel qu’en soit le sens, le svastika indique manifestement un mouvement de rotation autour du centre, autour du moyeu immobile, qui est le pôle du monde manifesté. C’est le symbole de la génération des cycles universels, des courants d’énergie : non du monde, mais de l’action du Principe à l’égard de la manifestation »" [Chevalier, Gheerbrant, 1974 (t. IV, p. 248), citant notamment Champeaux et Sterckx (Introduction au monde des symboles, p. 25), note n° 137].


"Le mot sanscrit svastika signifie « de bon augure ». Ce motif est considéré comme bénéfique dans des aires culturelles diverses. Des svastikas sont associés à un oiseau qui attaque le mauvais œil, sur un vase en terre cuite provenant de Chypre (VIIe s. av. J.-C.). Dans un décor de stuc, à Qum, en Iran, un svastika est formé de calligrammes : le nom de 'Alî dessine la première partie des bras du svastika, que prolongent les noms de Muhammad et Fâtima. Autour du motif, le mot Hasan est écrit trois fois. Au svastika est donc associée la filiation calide, comme sur certaines inscriptions" (Bonnenfant, 2002). 

méroé arc

 

Méroé : L'arc  et  le  sceptre  

                                                               

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      Lion de Prudhoe    

  Réalisé en deux exemplaires pour Amenhotep III. La paire de lions se dressait devant le temple de Soleb. 

 

               granit rose    h. 117  x  L  216 x  l. 93 cm

 vers  - 1370

 

                         British Museum,  EA2

                  

La paire de lions a très probablement été transférée de Soleb au Djebel Barka du temps de Piankhy. Amanislo y fit graver à la base de la patte gauche un cartouche portant sa titulature en hiéroglyphe, Ankh-nefer-ib-rê  : "Que vive Neferibrê" ("Parfait est le cœur de Rê").

Les deux imposantes statues seront rapportées par Lord Prudhoe pour le British Museum en 1835 (on touche là au pillage récurrent des oeuvres, opérées par les élites des nations dominantes tout au long de l'histoire).  L'égyptologue Auguste Mariette traduisit par erreur le nom d'Amanislo par Amonasro et c'est ce nom qui fut repris par Antonio Ghislanzoni, l'auteur du livret de l'opéra Aïda, de Giuseppe Verdi, pour le roi d'Ethiopie, un des principaux personnages de l'œuvre. 

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Ce n'est qu'avec l'avènement d'Arnekhamani (Arnakhamani, de son vrai nom Elankhamani, vers - 240-215),  dont la titulature royale demeure égyptienne (Khéperkarê, Kheper-ka-Rê, "l’âme de Rê est en devenir", imitation de celui de Sésostris Ier), que des dieux d'origine d'Afrique noire sont introduits dans le panthéon koushite, jusque-là entièrement investi par les dieux égyptiens, nous l'avons vu, et dont la présence restera majoritaire. Ils apparaissent dans le cadre d'un vaste complexe culturel que commence de faire bâtir le roi, mais dont l'érection s'étend sur huit périodes entre la fin de l'époque napatéenne jusqu'au milieu de l'époque méroïtique,  à l'endroit occupé par Musawwarat es-Sufra (M. es Sofra), dans la région ouest du Boutana, le Keraba, alors au milieu de la  la savane en voie de désertification (phénomène commencé vers - 3500 dans la région).  Sa situation géographique, proche de la 6e cataracte, bien éloigné de l'Egypte, nous donne une indication sur son lien plus étroit avec la culture koushite proprement dite. 
 
Le complexe de Musawwarat se compose de ce que les archéologues nomment la grande Grande Enceinte, pourvue  pour le principal de quatre temples, de deux grands réservoirs conservant l'eau de pluie de l'été (hafir, plur. hayafir, en arabe), dont le plus grand est immense, avec un diamètre de 250 m sur 6,30 m de profondeur, et d'un espace à vocation peut-être résidentielle, appelé la Petite Enceinte. Le temple le plus emblématique est petit (15 x 9 m), en grès, à la décoration intérieure très riche, il est appelé "temple du lion", animal divinisé en Nubie depuis des temps très anciens. Bâti sous le règne d'Arnekhamani, contemporain de Ptolémée III Evergète Ier (246-222), comme l'autre temple (300) à proximité,  le temple, relié au grand hafir,  est dédié au dieu principal et local, à tête de lion, Apedemak, dont le nom est formé du méroïtique maka (mk), "dieu" et de abede (apede : "créateur"), terme proche de ceux qu'on retrouve dans des langues actuels, comme le nara de l'Erythrée ou nyimang des montagnes Nouba, au Soudan, dont l'origine commune remonte au IIIe millénaire avant notre ère  (Rilly, 2017e).

Musawwarat es-Sufra, Temple du lion / Temple d'Apedemak

  règne d'Arnekhamani,  vers - 240 - 215    

 

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Façade principale côté est du temple du lion de Musawwarat, avec "pylônes" (portes monumentales). L'entrée est flanquée de deux lions. 
 

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Sur la face sud du monument, le dieu Apedemak conduit un cortège de dieux vers le roi Arnekhamani, qui porte le costume tripartite, la calotte koushite surmontée de la couronne hemhem. Le dieu, qui porte la couronne atef, et dont les oreilles sont ornées des cornes de bélier du dieu Amon, tend d'une main au souverain un sceptre à tête de lion, sous lequel on aperçoit le jeune fils du roi, le prince Arqa (Arka), présentant deux encensoirs. De l'autre main, en guerrier protecteur, il tient un arc, un carquois et un prisonnier entravé au bout d'une corde, dont la taille de représentation reflète son insignifiance. Derrière Apedemak, suivent un cortège de dieux : de droite à gauche :  Amon de Thèbes, Shebo, Arensnouphis (un dieu nubien tardif au nom égyptien, qui porte la calotte traditionnelle), Horus et Thot, passablement endommagé. 
 

Côté nord, on retrouve, à gauche, le roi Arnekhamani et son fils Arqa, le souverain recevant la force de vie (ankh), par le sceptre ouas tendu vers lui par Apedemak (        ) groupe suivi d'une cohorte de dieux et de déesses, dont les  premiers sont très endommagés, suivis de Shebo /Sebioumeker, dieu de la fertilité, de Satis, déesse du Nil,  de Horus, dieu faucon surmonté du disque solaire,  et d'Isis (        ),  portant l'ancienne double couronne à l'unique uraeus. 
 

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Temple du lion, Musawwarat, face ouest,  Arnekhamani seul bien visible, face à Apedemak et Sebioumeker

 

Détail : éléphants de combat  conduisant des prisonniers de guerre

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Musawwart :

intérieur du temple du lion

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Musawwarat, éléphant, fragment de mur de la

Grande Enceinte

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Musawwarat, Terrasse centrale de la Grande Enceinte

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Musawwarat, temple 300  avec les statues de Shebo et d'Arensnouphis.  2 lions ouvrent l''allée

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Musawwarat es-Sufra,  Reconstitution de la façade du temple 300, par l'archéologue allemand Karl Heinz Priese (1935-2017),  dessin paru dans "Musawwarat es-Sufra: Interpreting the Great Enclosure",  article de Steffen Wenig in  Sudan & Nubia, No 5,  publié par la Sudan Archaeological Research Society,  2001

https://issuu.com/sudarchrs/docs/s_n05-wenig/13

Sur les murs en grès du complexe on trouve beaucoup de graffitis en dévotion à Apedemak, très probablement honoré depuis la haute antiquité au pays de Koush et le seul à Musawwarat à ne pas posséder d'attributs égyptiens. Une nouvelle théologie va faire coexister le culte d'Amon ou Arensnouphis, dieu tardif, avec celui des divinités koushites, Apedemak, bien sûr, mais aussi Shebo (Sebo), qui a la physionomie d'Atoum et coiffé du pschent, la double couronne pharaonique, son nom égyptien Sbjwmkr (Sébioumeker, Sebiumeker) étant la transcription de son vrai nom koushite, Sebo-mk-l, qui est attesté dans le temple  200 de Naga (Rilly, 2017e)L'intérieur est intéressant par ses influences étrangères, hellénistiques, en particulier, et il semble très probable que des artistes grecs ont collaboré à cette décoration intérieure, signe sans doute d'une proximité avec l'Egypte lagide des Ptolémées. La présence singulière des éléphants de combat (cf. images plus haut) est un  témoin supplémentaire de cette influence, car après avoir affronté dans l'Indus des armées disposant de puissants pachydermes, Alexandre le Grand les avait fait venir en Perse avec des cornacs indiens, puis Ptolémée II les fit apporter du sud de Méroé, par des accords avec la royauté kouchite, commerce qui constituait une source de revenus importante du temps d'Arnekhamani, mais qui se tarit très vite, car les éléphants de Méroé étaient plus petits que les éléphants d'Asie et ne faisaient guère le poids dans les confrontations pachydermiques durant les batailles  (cf. Rilly, 2017e)    

Le fils d'Arnekhamani, Arkamani I, finit par adopter pour la première fois en cinq siècles une titulature en méroïtique, écrit encore en hiéroglyphes égyptiens car l'écriture méroïtique n'existait pas encore, mais toujours relié aux dieux égyptiens : mk-l-tk js-trk ("Aimé d'Isis et élu de Rê"). Roi entreprenant, il fait bâtir un temple dédié à Arensnouphis sur l'île de Philae, un autre à Mandoulis, dieu très probablement nubien mais considéré comme le fils d'Isis, à Kalabcha. A Dakka, il poursuit les travaux entamés par Ptolémée IV dans le temple de Thot, à Pnoubs (Pȝ-nbs, "le jujubier", en égyptien, à l'orée de Kerma / Doukki-Gel), le pouvoir égyptien étant mis à mal par des révoltes contre la colonisation grecque, protégeant ainsi le clergé de Philae, devenu très influent, comme naguère, le clergé d'Amon. Après le règne d'Adikhalamani, fils ou frère du précédent, les Nubiens furent de nouveau chassés de la région, par Ptolémée V Epiphane. C'est sa possible épouse, Nahirqo, qui reprit les rênes du pays vers - 170, après la mort prématurée de Tabirqo, peut-être son fils aîné, et qui est considérée comme la première Candace, même si le titre lui-même existe depuis les débuts du royaume de Méroé : ktke, kdke, ktwe, kdwe kntjky et  kandakê pour sa transcription égyptienne et grecque. Ce  sont des reines parfaitement légitimes, à la différence des reines égyptiennes, nous l'avons vu, qui ne prenaient le pouvoir que dans des conditions exceptionnelles. Quand elles n'accompagnent pas un roi elles prennent le titre de qore ("souverain"), précédant celui de Candace. Tout en étant représentées comme des femmes, qui apparaissent avec des formes extrêmement généreuses (tout l'inverse des sylphides égyptiennes),  elles sont figurées parfois armées et impitoyables avec leurs ennemis, comme Amanishakheto (Amanishaketo, règne vers - 35 - 20), reine très riche qui avait un palais à Ouad (Wad) Ben Naga,  figurée en guerrière sur le pylône (image 12), de sa pyramide (images 10-11), dans laquelle elle fut enterrée avec un véritable trésor de bijoux. Sa fille Amanitore et son époux Natakamani (vers - 50 + 20) apparaissent sous le même jour sur le temple du lion de Naga (cf. plus bas).  Tout cela ne fait pas du royaume de Méroé un matriarcat, car les "fonctions administratives et religieuses sont l'apanage des hommes (...) On n’a aucune mention de reine régnante depuis la création du royaume koushite jusqu’à la fin de l’époque napatéenne, bien que la reine-mère dispose d’un rang élevé qui en fasse le deuxième personnage de l’État. Il ne semble pas qu’une fille puisse succéder à son père, comme aujourd’hui en Angleterre ou dans les pays nordiques. Il n’est donc pas exclu que l’institution des Candaces soit issue d’une extension du statut de régente. La Candace est assurément une reine-mère. Elle est figurée généralement comme une femme plantureuse, aux cuisses larges, aux fesses rebondies et aux seins tombants, et jamais comme une reine juvénile. Il ne s’agit pas, comme on le lit parfois, d’illustrer une conception « africaine » des canons de beauté féminine mais d’exalter sa maternité et sa maturité. "  (Rilly, 2017e).   

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"Assour — Vue particulière d'une grande pyramide de l'ouest, à une lieue du Nil",  lithographie de Gottfried Engelmann (1788-1839) d'après un dessin de l'explorateur Frédéric Cailliaud, (1787-1869) paru dans "Voyage À Méroé, Au Fleuve Blanc, Au-delà De Fâzoql Dans Le Midi Du Royaume De Sennâr, À Syouah Et Dans Cinq Autres Oasis; Fait Dans Les Années 1819, 1820, 1821 Et 1822",  vol I, planche XLI, 4 vol + 2 vol. d'atlas et de lithographies, édités en 1826 et 1827 à Paris, Imprimerie Royale

Pyramide  Beg (Begrawiya) N (Nord) 6 d'Amanishakheto, dans le cimetière nord de Méroé,  avant sa vandalisation par le médecin devenu chasseur de trésors, l'Italien Giuseppe Ferlini qui aurait abîmé ou détruit une quarantaine de pyramides méroïtiques à l'explosif, par cupidité, à la recherche de trésors, à partir de 1834, pour les vendre, à des princes allemands  (Rilly et al, 2017e ; Maillot et al., 2017)

 

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"Pyramiden von Meroë",  
lithographie  d'
Ernst Widenbach (dessinateur) et Wilhelm. Loeillot (lithographe), d'après le croquis de

Karl Richard Lepsius (1810-1884), in :  Lepsius 1849-56, pl. 137. 

Pyramide d'Amanishakheto à Méroé, BnF, départment des Estampes et de la photographie, GB-84 (B)-FT 4

 

 

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     12.  Pylone de la pyramide N 6 d'Amanishakheto, à Méroé, v. - 35 - 20
     
       13.   Roi Terekenidal, pylone de la pyramide 19 à Meroe, 3e siècle.
                           
                     Begerauieh  Pyramidengruppe A. Pyr. 15, Pylon"
          ("Pylone de la pyramide 15 du groupe pyramidal A de Begrawiya")
                          ULB Halle: Lepsius - Tafelwerke (uni-halle.de)

Amanishakheto "apparaît en costume tripartite de souverain méroïtique (tunique, châle et cordelière)".  Sur le côté nord (le côté «féminin», celui de la Candace), elle porte un diadème orné d’un écusson à l’effigie du bélier d’Amon et surmonté d’un rapace, faucon d’Horus ou milan d’Isis dont les ailes éployées protègent ses tempes. Ses joues sont scarifiées de trois traits verticaux, comme celles de la déesse Amésémi, épouse d’Apédémak"  (Rilly, 2017e).

Trésor  d'Amanishakheto, quelques joyaux... 

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                                Bracelet d'Amon,  ÄM 1644

le "trésor" de la reine a été découvert par Giuseppe Ferlini en 1834 en vandalisant sa tombe, dans la pyramide N (Nord) 6 du cimetière nord de Méroé (Begrawiya), probablement dans la chambre funéraire,  et vendu "aux rois Louis Ier de Bavière en 1839 et Frédéric-Guillaume II de Prusse en 1844" (Rilly et al, 2017e)

 

             fermoir avec bélier Amon devant son temple, au milieu

 

                or, lapis lazuli, pâte de verre cloisonnée 

                                       v. - 35 -20      L. 18.5  x   h  3 cm

                

                                   Neues Museum (Nouveau Musée)

·             Ägyptisches Museum und Papyrussammlung

                                    Berlin, Allemagne 

                                                              

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                                   Bracelet  de Mout

fermoir avec déesse Mout ailée émergeant d'une fleur de lotus (nymphaea lotus), portant sur la tête une dépouille de vautour, symbole de régénération attaché à la déesse, surmontée du pschent, la couronne double. Le bracelet était attaché au bras ou à l'avant-bras par un lien de cuir ou de tissu. Un bracelet similaire, avec la tête de la déesse koushite Amesemi épouse d'Apedemak, surmontée d'un faucon et d'un disque solaire a été perdu (Ant 708)

 

             or, pâte de verre colorée et cloisonnée 

                                     v. - 35 -20      h  4.6 cm

               

                                    München (Munich)  Allemagne

                       Staatliche Sammlung für Ägyptische Kunst

                           (Collection nationale d'art égyptien)

                                                 Ssäk, Ant. 707 / 2455

                               

Anneaux-écussons

bijoux destinés à être fixés sur la coiffure royale.  

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Bijou portant double uraeus, sous la protection de l'oeil d'Horus (udjat, oudjat),  enchâssé dans le disque solaire

 

 or, pâte de verre colorée

 

v. - 35 -20     h.  5 cm

     Musée d'Art égyptien

München (Münich), Allemagne

      2446 d  

                       

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   tête du dieu-lion Apedemak                       coiffée du hemhem

                     ÄM  22872

 

 

 

    or, pâte de verre colorée et                  cloisonnée 

 

v. - 35 -20      l.  3.8  x  h.  4.5 cm

               

             

                Berlin  Allemagne

              Neues Museum

                       

                                       

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  tête de bélier Amon, coiffée du hénou, couronne divine pourvue de deux plumes d'autruche, plantées sur deux cornes de bélier.

 

 or, pâte de verre colorée et                             cloisonnée 

                 v. - 35 -20   

             l.  3.8  x  h.  4.2 cm

               

             

    Musée d'Art égyptien

      München (Münich),

             Allemagne

                 2446a

                       

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tête du dieu Shebo (Sebioumeker)

 

​      or, pâte de verre colorée

​      v. - 35 -20      h.  3.7  cm

     Musée d'Art égyptien

München (Münich), Allemagne

      2446 c  

                       

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tête du dieu Amon, devant son temple, surmontée du disque solaire

 

       or, cornaline (rouge)

     pâte de verre colorée

        v. - 35 -20      h.  5.5  cm

     Musée d'Art égyptien

München (Münich), Allemagne

      2446 b

                       

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                Bagues sigillaires à intaille

  La reine Amanishakheto soumet ses ennemis        

  couple princier  avec enfant    

 

                                Ø  5 cm       

                         

Musée d'Art égyptien de Munich

                       

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  Collier

               

 

                     ÄM 1757  

        pierre colorée, cornaline,

        faïence, verre, coquillages

 

                l.   40 cm       

                         

Musée d'Art égyptien de Munich

                       

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  Collier

               

 

                     ÄM 1755  

     

    composé en particulier de perles             taillées en forme de hiéroglyphes :           ankh, oudjat, pilier djed, etc. ,  

 

  Musée d'Art égyptien de Munich

      Neues Museum de Berlin,

            Inv. Nr. 22877

Naga/Naqa, Temple d'Amon

règne de Natakamani, vers - 50 + 20      

 

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Naga/Naqa, Temple du lion / Temple d'Apedemak 

règne de Natakamani, vers - 50 + 20      

 

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Naga/Naqa, temple du lion,

 

pylone, à gauche Natakamani,

à droite. la candace Amanitore,

 

v. -50 + 20

Sur cette façade principale du temple du Lion de Naga (Naqa), le couple royal Natakamani (à gauche de la porte) - Amanitore, la Candace, à droite,  malmène et soumet durement ses ennemis. Sur le côté sud du pylône, court de haut en bas un serpent à tête de lion,  sorti d'une fleur de lotus, propre à chasser les mauvais esprits       
 

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Le mur nord du temple présente de nouveau le couple royal, la Candace Amanitore et  son fils Natakamani, accompagné cette fois  de son oncle maternel, le prince (pqr, pkr, prononcé bakora, pkr-tr/prince suprême,  pkr-qorise/prince souverain) Arikankharor, se tenant devant des déesses, à partir du fond :  Sati (Satis, Saïtis), Hathor, Amesemi, Mut et Isis, cette dernière tenant fermement les liens d'un groupe de prisonniers attachés, symbolisant la puissance conférée par les dieux et les déesses aux souverains nubiens : 
 

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Côté sud, on retrouve la famille royale, de droite à gauche, le prince, la Candace et le roi, qui font face à cinq dieux mâles : Apedemak à tête de lion, Horus et son disque solaire, Amon de Napata à tête de bélier,  les deux derniers, le dieu lunaire Khonsou et Amon de Pnoubs (Kerma), étant plus effacé par le temps :  
 

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Côté ouest, le dieu-lion Apedemak a dû recevoir des influences indiennes, pour ses multiples têtes (3) et bras (4). Ses  bras principaux touchent le coude de la reine (à gauche) et du roi (à droite), signifiant qu'ils ont été choisis par lui pour régner. 
 

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Naga/Naqa, Chapelle d'Hathor, anciennement appelée "Kiosque romain"

règne de Natakamani, vers - 50 + 20      

 

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"La Chapelle d’Hathor... plusieurs fois (appelée par le passé « kiosque romain »), a été érigée à la même époque que le Temple du Lion. Elle incorpore de façon absolument unique des chapiteaux de type corinthien à des arcs en plein cintre romains et des éléments architecturaux égyptiens – un parfait exemple de pot-pourri architectural méroïtique typique de Naga. Les deux entrées de la chapelle sont diamétralement différentes : le portique ouest a une corniche à trois étages ornée d’uraeus et d’un disque solaire ailé, tous éléments typiques de l’architecture égyptienne, tandis que le portique est, avec son arc en plein cintre, ses pilastres à chapiteaux ioniens et éléments floraux, ressemble au portique d’une des premières basiliques."  (Perzlmeier et Schlüter, 2016)


Cléopâtre VII et son amant Marc-Antoine sont vaincus par l'empereur Octave à Actium, en 31 avant notre ère, qui fait entrer l'Egypte sous le joug romain. Les "envoyés du roi d'Ethiopie" (très probablement  Téritéqas) auprès du tout premier "préfet d’Alexandrie et d’Égypte", Cornélius Gallus, ami proche  d'Octave,  obtiennent pour le royaume de Méroé  le statut d'allié (version grecque) ou de vassal (version latine). Le désert, encore une fois, empêcha en partie, une rapide soumission de la Nubie, mais pas seulement. Divers indices nous montrent que les Nubiens tinrent la dragée haute à l'envahisseur romain. Les Méroïtes profitèrent d'un soulèvement des habitants de la nouvelle province de  Triacontaschène,  contre l'impôt romain, pour opérer des raids sur Assouan et Qasr Ibrim en particulier. Un nouveau préfet, Caïus Pétronius, est censé selon les sources romaines avoir soumis Napata, mais pour différentes raisons, les historiens doutent de la parole du vainqueur (la propagande, encore et toujours) qui a occulté la difficulté de l'entreprise et n'avait, semble-t-il, obtenu qu'une semi-victoire, les Nubiens faisant même ici ou là des prisonniers parmi les garnisons de Rome (Arome, Armeyose, Arobe), en transcription méroïtique. Des stèles en méroïtique, justement, encore mal comprises, font état de victoires du roi Téritéqas, puis de son fils, le prince Akinidad.   Une petite stèle de Naga (REM 1293, du temps de la reine Amanishakheto, ou encore des peintures murales du temple d'Auguste (image e, plus bas), du temps de la reine Amanirenas, ont figuré des  captifs blancs ("tameya", Tmey-l-o  : "c’est un Tameya"), terme repris par une stèle trouvée à Hamadab (différente de celle qui va suivre) : "Des Tameya, j’ai [?] chaque homme, j’ai razzié chaque femme et chaque garçon" Sur la stèle de Naga, figure un soldat romain à genoux avec son casque et son ceinturon (image f), et sur les peintures, on aperçoit en haut un prisonnier romain coiffé d'un casque grec et d'une tunique rayée, devant trois captifs, un africain, un égyptien (au casque grec également) et de nouveau un romain, endommagé.  Une très grande stèle (258 cm de haut sur 100, 3.5 tonnes), indique quant à elle le temps de règne de la Candace Amanirenas et du prince Akinidad (image g), et présente dans la partie cintrée, endommagée, une scène d'adoration en deux volets, sous laquelle une bande aligne tout du long des prisonniers entravés (voir détail du cintre), que Garstang (cf. plus bas)  pensait Romains semble-t-il à tort, issus plus probablement, selon Claude Rilly, des raids nubiens en Triacontaschène ["terre des 30 schènes, soit 320 km"] (Rilly, 2017e).  
 

                      e                                             f                                              g

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Figurine de chef ennemi,  prisonnier et  attaché

Culture méroïtique, découvert par l'archéologue

John Burges Eustace Garstang (1876-1956),

qui entame les premières fouilles de la cité de Méroé en 1911.  

                                      

 alliage de cuivre        h. 4.40  x  L. 8.10  x  l.  2.90  cm  

 

 

 inscription sur le ventre en écriture méroïtique    

     "qo: qore nobo-l-o" :  

 « c'est le noble, le roi nubien »

, traduction toujours discutée 

        (Rilly et al., 2005)

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                                                                   vers    Ier - IIIe siècles

 

                                                             British Museum de Londres

                                            EA 65222

 

source  :    https://www.britishmuseum.org/collection/object/Y_EA65222 

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Calice, verre soufflé d'Alexandrie,

                  doré et peint,

                     Sedeinga

 

                         v. 250,

 

      Collection Egyptologique

         de l'Université. de Pise

traite orientale

 

 

La traite orientale préislamique 

A bien plus grande échelle que les Egyptiens, les Romains, nous l'avons vu, avaient occupé des provinces entières en Afrique du Nord pendant près de cinq siècles et avaient importé des esclaves d'Afrique, des Berbères, surtout, de Maurétanie et de Numidie, ou encore des Noirs vendus par des Nubiens :    "Nous avons chez nous en Afrique d'innombrables tribus barbares auxquelles l'Evangile n'a point encore été annoncé. Nous l'apprenons tous les jours par les prisonniers qui nous en arrivent et dont les Romains font des esclaves"  (Saint Augustin, 354-430, Lettre 199, XII, 46 )cf. Rome antique  et Au pays des Imazhigen, d'Elissa à Ptolémée.  Les Arabes avaient plus tard progressivement colonisé la région jusqu'à l'Espagne, à compter du VIIe siècle et largement intensifié, nous le verrons,  un commerce d'esclaves qu'ils pratiquaient déjà depuis plusieurs siècles.

Le Périple de la mer Erythrée [texte complet] (cf. côte swahilie),  nous fait savoir que les Arabes assuraient la navigation le long des côtes d'Afrique de l'Est, d'où ils  exportaient déjà des esclaves depuis les côtes somaliennes, de Malaô (Berbera), par exemple, et encore plus Ras Hafun (Oponê) vers l'Egypte, le Yémen ou encore Muza (Moka).

 

                    Côte swahilie

Source :

Journal of Field Archeology 

 Developments in Rural Life

on  the Eastern African Coast, a.d. 700–1500.   

 Adria LaViolette  &  Jeffrey Fleisher,  2018

côte swahilie   :  "swahili" vient de  l'arabe s æh.il, sahil, ساحل : "côte", "rivage", d'où est aussi tiré le toponyme Sahel). Pendant des siècles ce sont les Arabes qui désignent ainsi des cultures bantoues originellement développées le long de la côte orientale africaine, dite côte swahilie, grosso modo de Mogadiscio à Sofala (cf. carte ci-dessus), que les Grecs appelaient Azania (Azanie).  Imprégnées pendant des siècles de cultures antéislamiques puis islamisées, arabe et perse (en particulier shirazi), ces populations (pour beaucoup  marchands et marins) parlent le kiswahili, distribué en différents dialectes, tels  le kimvita le kiamu ou encore le kiunguja, respectivement les parlers swahilis de Mombasa, de Lamu et de Zanzibar  (Penrad, 2005). Pendant des siècles, ont lieu des métissages, des alliances matrimoniales entre autochtones et migrants de tout le Golfe Persique (Arabie, Yémen, Mascate et Oman, etc.), qui finiront par composer la société swahilie. 

 

Il faut préciser que l'appropriation de "swahili" comme ethnonyme par les habitants des villes islamisées, de la côte est  très tardive et date seulement du début du XIXe siècle, entre prédominance arabe et colonisation britannique. Avant d'être des Waswahili (le préfixe bantu wa- (sg. m-) indique la classe des êtres humains), les communautés se nommaient selon leur cité d'origine : Waamu = habitant de Lamu, Wamvita = habitant de Mombasa, Wapemba = habitant de Pemba, etc. Quant à l'islamisation des populations de l'intérieur, elle ne date que de la seconde moitié de ce siècle (cf. Le Guennec-Copens et Mery, 2002)

"De fait, la fréquentation des côtes estafricaines par les boutres provenant du golfe Persique et de la péninsule Arabique remonte à des périodes très anciennes, se succédant depuis l’Antiquité. L’établissement de comptoirs, d’implantations fixes sur le littoral, est attesté par le Périple de la mer Erythrée, un récit probablement écrit au milieu du premier siècle par un commerçant grec d’Alexandrie. Ce n’est cependant qu’avec le témoignage du voyageur et géographe arabe ’Abû l-H. asan ‘Alƒal-Mas‘…dƒ(mort au Caire en 956-7) que nous obtenons un témoignage qui nous laisse supposer qu’au IXe siècle les prémices de la formation d’une langue de traite originale (un proto-kiswahili ?) étaient posées. Ceci est confirmé par les travaux des linguistes qui font l’hypothèse que des populations d’agriculteurs de langues bantou vivaient dans la région de l’embouchure de la rivière Tana, sur la côte nord de l’actuel Kenya, à proximité de l’archipel de Lamu et des rivages somaliens, et que ce sont ces populations qui servaient d’interface avec les navigateurs persans ou arabes arrivant jusque-là, poussés par les vents de mousson. Au fil du temps, une nouvelle langue est née de cette rencontre et des échanges associés. Elle sera le berceau d’une culture africaine originale, définie par le caractère pluriel des sociétés qu’elle englobe. "  (Penrad, 2005)

     shirazi    "Selon la Chronique de Kilwa, dans la deuxième moitié du 10e siècle, Ali bin al-Hasan/Husain, de la famille royale de Shiraz, serait arrivé à Kilwa et y aurait fondé une dynastie (Freeman-Grenville 1975 : 35)"  (Le Guennec-Copens et Mery, 2002). 

idrissi-livre divertissement

 

C'est l'époque brillante du royaume de Méroé en Nubie (env. - 300 à + 300), qui s'accompagne d'un commerce actif d'esclaves en Afrique de l'Est en Egypte, Ethiopie, Soudan, Somalie en particulier.  Plus de deux siècles plus tard, En 547,  Cosmas Indicopleustès (Κοσμᾶς Ἰνδικοπλεύστης, "le voyageur des Indes"), un Grec de Syrie établi à Alexandrie évoque  dans sa Topographia Christiana les esclaves noirs qui arrivent dans son pays de la région de Sassou et d'Aksoum (Axoum, Ethiopie).  "Il est une marchandise pour laquelle la demande n'a jamais fléchi au cours des siècles, à savoir les esclaves. Les prisonniers de guerre (dont il est fait mention dans les inscriptions d'Ezana et dans les sources concernant les guerres entre Axoumites et Himyarites) étaient particulièrement recherchés par les marchands d'esclaves étrangers"   (Histoire Générale de l'Afrique, volume II, op. cité,  p. 419)  Avant le développement de l'Islam (Mahomet meurt en 632), les Arabes possédaient aussi, comme en Afrique, des esclaves ramenés des guerres menées entre tribus, qui étaient employés surtout comme bergers, paysans et même parfois, intendants. Les maîtres vivaient au milieu de leurs esclaves et les enfants issus des uns et des autres étaient esclaves ou libres  (Ducène, 2019)Les esclaves noirs des contrées moyen-orientales étaient donc encore peu nombreux et s'apparentaient davantage à des "objets de luxe et de curiosité"   (Coquery-Vidrovitch et Mesnard, 2013).  

Progressivement, les esclaves feront l'objet d'un commerce plus étendu et plus florissant encore  (comme celui très important de l'or),  quand, à partir de la Corne de l'Afrique, le long de la côte swahilie (Somalie, Mozambique, Zanzibar : cf. plus bas) et du Soudan actuel,  ce réseau esclavagiste reliera, entre le IVe et le Xe siècle, Pemba, une des îles de Zanzibar, à Oman, Basra, à la Perse sassanide, jusqu'en Inde et en Chine, et même, probablement, à l'archipel indonésien  (Traites et esclavages en Afrique orientale et dans l'océan Indien,  dirigé par Henri Médard, Marie-Laure Derat, Thomas Vernet et Marie-Pierre Ballarin, Editions Karthala, 2013) Le géographe Al-Idrissî (Muḥammad ibn Muḥammad al-Idrīsī, 1100-1165) cite sur le sujet  les îles Zaladj (Zabedj), qui désignent Sumatra (نزهة المشتاق فى اختراق الآفاق. محمد ابن محمد الإدريسي, Kitāb Nuzhat al-muštāq fī iḫtirāq al-āfāq : "Livre du divertissement de celui qui désire parcourir le monde", rédigé vers 1154). Certains chercheurs prétendent que les Waqwaq, population malayo-indonésienne, auraient eu de fréquents échanges avec des populations Bantous et, dans une moindre mesure, San, et ces relations auraient même développé des formes linguistiques particulières (Capredon, 2012).  "Le Livre des merveilles de l'Inde", écrit par Ibn Shahriyar en 945/46 rapporterait le témoignage d'un commerçant arabe qui a vu débarquer "un millier de bateaux" conduits par des Waqwaq depuis des îles "situées en face de la Chine" (Razafindrazaka, 2019).  On est alors très étonné de confronter ces dires au récit d'Al-Masudi  (Al-Masudi, vers 893-956), qui affirme que le terme du voyage des marins d'Oman, "à travers la mer de Zanguebar,  est l’île de Qanbalû dont nous avons déjà parlé, et le pays de Sufāla et d’al-Wâqwâq, situé sur les confins du territoire des Zandjs et dans la partie inférieure de cette mer."  (مُروجُ الذَّهَب و مَعادنُ الجَوهَر,  Murūj adh-dhahab wa-ma'ādin al-jawhar : "Prairies d'Or et mines de pierres précieuses", vers 943). Ce qui fait dire à différents historiens que "Wâqwâq est généralement considérée comme une onomatopée pour désigner les peuples ayant des langues à clic en Afrique australe" (Frémeaux, 2018),  peut-être même "les populations du plateau du Zimbabwe" (op. cité),  la forme de syllabe redoublée n'ayant pas été utilisée seulement par les Arabes pour forger des toponymes ou des ethnonymes à caractère péjoratif : ainsi le mot  grec que nous rendons par "berbère" (cfAu pays des Imazhigen, d'Elissa à Ptolémée.. 

 

Ezana   :  souverain éthiopien qui a donné son nom à une longue inscription de ses conquêtes au milieu du IVe siècle et qui a peut-être hâté la chute de la cité de Méroé (Museur, 1969). 

Chine   :  Signalons que la Chine importait depuis la baute antiquité des marchandises africaines, comme l'ivoire, l'ambre gris, l'encens, la myrrhe ou les esclaves, mais qu'elle n'y exportera ses produits à grande échelle (porcelaine, en particulier) qu'à partir du XIe siècle, via les réseaux arabo-musulmans  (Histoire Générale de l'Afrique, op. cité, volume III, L'Afrique du VIIe au XIe siècle, dir. M. El Fasi, codirecteur. I. Hrbek, 1990).   

Zandj  :   (Zanj, Zendj). Nom donné aux Noirs par les géographes arabes du moyen-âge, et qui a donné en particulier le toponyme Zangebar (Zanguebar, Zanzibar) : "Terre des Noirs". Le terme dériverait de zanudj (zanoudj) : "sauvage", et a été attribué à des populations ancêtres des Mossi, vivant au Sahara, selon le Berbère Abkâl Ould Aoudar, qui écrivit vers 1410 un ouvrage intitulé Aguinas Afriquia, "Races d'Afrique" (Hama, 1966)

 

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Un néolithique pour l'Afrique australe | Cairn.info

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