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Namban-byobu ( 南蛮屏風, Paravent (byobu : "écran") Namban (ou Nanban : litt. "barbares du sud"), terme qui désignait les commerçants et les missionnaires  européens, particulièrement Portugais. Scène de l'arrivée d'un navire marchand portugais, oeuvre du début du XVIIe siècle.        

Après avoir accueilli les premiers Occidentaux sur le sol nippon en 1543 (Portugais, qui apportèrent l'arme à feu et la soie, Espagnols, Anglais, puis Hollandais), le pouvoir avait décrété la fermeture du pays (sakoku, 鎖国, env. 1635 - 1868) pour finir d'unifier le pays, à l'exception des comptoirs hollandais ou chinois. Le règne des Tokugawa  pendant la période Edo (1603 – 1867) éloigne pendant deux siècles les guerres de clans aristocratiques, est propice au renouveau de la culture japonaise, mais pas du tout à la paix sociale : ce ne sont pas moins de 3000 émeutes, selon Aoiki Kôji,  et 480 agitations urbaines qui agiteront le Japon pendant cette période (Pons, 1996). Pour la période Edo, on peut commencer par citer les émeutes (hyakusô ikki 百姓一揆) de Shimabara, province de Hizen, en 1637, dues aux cruelles mesures du daimyo Matsukura Shigemasa qui écrasa d'impôts les paysans pour payer son château et une expédition militaire à Luçon, aux Philippines.

 

Aoiki Kôji :    Hyakushå ikki no nenjiteki kenkyū (Une étude chronologique des soulèvements paysans), Tokyo,  Shinseisha, 1966, (cf  Calvet, 2002)

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Château de Shimbara, édifié pour le daimyo Matsukura Shigemasa, 1618

Les paysans d'Amakusa se soulevèrent aussi et choisirent pour chef des révoltés le jeune chrétien Masuda Shirô Tokisada, dit Amakusa Shirō. Les insurgés occupèrent et restaurèrent la forteresse abandonnée de Hara. Le shogun ordonna à Nicolaes Couckebacker, directeur du Comptoir hollandais de commerce, de le bombarder de la mer, pendant qu'il levait une armée de 120.000 hommes. Les combats firent rage trois mois durant et tous les assiégés, hommes, femmes et enfants furent massacrés. (article Shimabara no rancf. note 1). 

 

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Révolte de Shimbara, dans le "Divertimento for a martyr" du peintre et illustrateur Takato Yamamoto (né en 1960)

Précisons en passant que le christianisme a sans doute représenté une menace pour le pouvoir. En 1580, on estime que les fidèles nippons sont déjà plus de 150..000 et certains historiens parlent de 300.000, alors que l'arrivée des Jésuites est toute récente. En 1587, Hideyoshi interdit aux grands  féodaux de se convertir au christianisme, expulsa les missionnaires, et ordonna les premiers martyres chrétiens par le supplice de la croix (Kouamé, 2007). Yeiasu interdit le christianisme dans tout l'archipel en 1614 et "sept ou huit décennies d'apostasies forcées et de condamnations à mort furent nécessaires." (op. cité), la dizaine de milliers restant étant obligés de se cacher et vivre clandestinement.   

 

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Nanban byobu, paravent illustrant l'arrivée de marchands-portugais au Japon, oeuvre de Kano Naizen, avec feuilles d'or, soie et laque sur bois,entre 1593 et 1603, 366 x 178 cm,  Museu Nacional de Arte Antiga, MNAA 1640 Mov, 1641 Mov, Lisbonne, Portugal

La division en quatre classes, ou  statuts (mibun) sous les Tokugawa, au début de la période Edo (1603-1868), est idéologique avant tout, et avait été acceptée par le moine et maître zen Musō Soseki (1276- 1351) [1]  (Carré, 2017) : guerriers (shi), paysans (), artisans () et marchands (shō). Le prince met tous les guerriers sur le même plan, pour montrer qu’ils sont tous également ses sujets, alors que les grands serviteurs avaient montré leurs muscles à plusieurs reprises, nous l’avons-vu, et fait comprendre à l’empereur leur puissance. Sans compter l’absence de distinction religieuse, hérité sans doute de l’anticléricalisme néo-confucéen des Song de Chine, les moines bouddhistes étant accusés de détourner les hommes de leur devoir terrestre. Le pouvoir militaire mettra alors au pas le clergé bouddhiste en le centralisant pour mieux le contrôler (les petits monastères devant dépendre d’un plus grand) et en confiant aux bonzes les registres d’Etat civil (naissances, mariages, décès, adoption, etc.), c’est le système danka, qui sera confié plus tard aux moines bouddhistes par les réformateurs Meiji en 1871.

[1]   C'est Soseki qui créa le premier en 1339 le "jardin sec" (kare-sansui), composé le plus souvent de roches et de graviers et sans point ou courant d'eau. Ce fut le Saïhôji,  suivi du Tenryûji en 1345. 

Le Japon connaîtra aussi comme l’Europe, mais dans une moindre mesure,  les maisons de travail forcé. Ces « lieux de rassemblement de la piétaille » (ninsoku yoseba), ont des visées aussi semblables, disciplinaires et morales, et enferment sans logis (par ex. camp d’Asakusa, en 1687),  vagabonds (par ex. le camp des mines d’or de l’île de Sado) ou petits délinquants (par ex. à Edo, en 1790). Ils seront abolis à la période Meiji  (Pons, 1996).  

Il faut, enfin, ajouter à tout ce prolétariat” les rônin, les vagues de paysans (qui représentaient alors 85 % de la population), chassées vers les villes par les fréquentes disettes, par des épidémies,  ou encore, les handicapés ou les malades, contraints à la mendicité, dont on disait qu’ils avaient été « abandonnés des trois Trésors »  (sambo) du Bouddhisme  : Bouddha, Dharma (la doctrine) et Shanga (la communauté). Encore et toujours cette antique infamie causée par l’abandon des dieux (Pons, 1996).  L’urbanisation galopante des années de la fin du XVIe et début du XVIIe redessine, comme partout où se concentre ainsi la misère, une géographie de perdition peuplée de précaires, sans-logis, vagabonds, orphelins, enfants naturels ou répudiés, filles vendus aux bordels, etc. A la fin du règne des Tokugawa, cette société sans statut représentera près de la moitié de la population des villes d’Edo, d’Osaka ou de Kyôto. C’est donc un grand nombre de citadins qui vont être forcés de connaître de près ou de loin la peur, la violence, le vol, le crime, sous la coupe des samouraïs reconvertis en truands yakuza, des redresseurs de torts otokodate, des voyous des rues (kabuki mono) ou des trafiquants de jeu bakuto.  

Plus parlants encore de l’artificialité de ces catégories sociales sont tous ceux qui n’y figurent pas, ces  intouchables  à la mode japonaise, tous ces burakumin  (« homme des hameaux [2]  ») dont l’image est depuis longtemps attachée à la bestialité, au point où, dans « les temples bouddhiques, les notices nécrologiques rédigées par les moines indiquent l’appartenance des burakumin au cycle de réincarnation de l’animal plutôt qu’à celui de l’humain » [3] . En Chine et au Japon, "en raison de la longue absence  d'une définition générique claire", il a plus été aisé "de considérer certains individus comme non humains." (Ansart, 2007). Au point qu'à la toute fin du XVIIIe siècle, un penseur comme Kaiho Seiryō (1755-1817),  dont Ansart se demandait en préambule  s'il était "le premier des Modernes", a encore de la peine à accorder la même humanité à tous les hommes :

"Les hommes (hito 人) peuvent être répartis schématiquement selon quatre rangs : le premier pour les hommes supérieurs (kijin, 鬼人) ; le second pour les hommes de moyenne condition (Chūnin, 中人),  le troisième pour les gens inférieurs (shimo tami ou genin 下人) ; et le quatrième pour les bêtes (kinjû, 禽獣). Les gens sont ainsi voisins des bêtes. Les kijin, ce sont les daimyô et au-dessus. Les chūnin, ce sont les officiels (shitaifu 士大夫). [...] Ce que j'appelle shimo tami, ce sont les gens tombés dans la condition des époux seuls face à face (kakemukai カケムカイ), sans domesticité. Sous les foyers sans domestiques, il y a les mendiants (kojiki,  乞食 ), sous les mendiants, il y a les vagabonds (komokaburi , こもかぶり) et sous les vagabonds, il y a les chiens. Cependant, les chiens qui sont nourris dans le Palais shogunal à Edo ont de beaux vêtements et mangent de bonnes choses. Et les chiens et chats nourris dans les appartements privés du shogun sont riches par rapport aux vagabonds. Ainsi les bêtes viennent-elles juste après les hommes."

 

Kaiho Seiryô, Zenshiki dan ("Propos sur la prévision"), in Kuranami Seiji  (éd.), Kaiho Seyriô zenshù (Œuvres complètes de Kaiho Seiryô), Tokyo, Yachiyo shuppan, 1976, p. 574.


"A voir les édits que prennent les gens importants, [on comprend qu'ils mesurent le cœur du petit peuple à l'aune de leurs propres sentiments. Mais de ce fait, ils ont beau essayer défaire des gens du petit peuple des honnêtes gens, dotés des vertus sociales, c'est une tâche impossible."

Parmi ces gens sans domesticité, il y en aura seulement cinq sur dix de vraiment humains  (tashikanaru hito (...) même parmi les samuraïs, les gens de petite condition, il en est qui ne sont pas vraiment humains (tashika de nai hito), mais des bons à rien (furachi mono).

(op. cité, in Ansart, 2007).

[2]   Nous dirions plutôt aujourd’hui « quartiers défavorisés »

[3]    Brisset Maxime, 2012, Nakagami Kenji : Un projet littéraire et social autour du statut des intouchables japonais, Département de littérature comparée, Mémoire présenté en août 2012 à la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal.

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Les lois du bakufu de Tokugawa en 1657 simplifient (en théorie du moins) les catégories burakumin :  Il y a les Eta  (“abondantes souillures”), où on retrouve bouchers, tanneurs kawata (artisans du cuir, rappelons-nous les railleries d'Aristophane),  kawaramono (habitants des berges), aoya  (teinturiers d’indigo), croque-morts, cordonniers, fabricants de tambours, sasaras (ou chasen, artistes ambulants)  ou pires,  hinin  “ sans humanité” (ou encore yado) , qui concernent mendiants, circassiens, prostituées [4], acteurs, astrologues, etc., mais aussi des personnes déchues moralement (passions prohibées, bourgeois ruinés par le jeu, suicides ratés, etc.). ou encore des gens issus de populations aïnoues. Le bakufu  les assigne à des quartiers, dans des baraquements infâmes, formant de véritables ghettos où l’endogamie était forcément la règle, vu leur situation de paria. Il leur donne ou non l’autorisation d’exercer leur activité, les frappent de divers interdits, comme  le port des socques et des parapluies pour les sasaras [5]. Plus tard, des édits du shogunat (1715-1730) leur imposeront des coiffures particulières aux cheveux courts, avec interdiction des les attacher, sous Danzaemon,  en 1723. On leur interdira de boire, manger, fumer en compagnie des gens "respectables". Le pouvoir les affecte autoritairement et selon les besoins à des emplois d’indics pour la police ou encore de gardes de prison(c'est la stratégie classique de concurrence des pauvres, nous l'avons-vu), mais surtout, les destine à toutes sortes de tâches jugées dégradantes : bourreaux de crucifixion ou de démembrement, transport des cadavres de condamnés,  repêchage de noyés, etc. Jusqu'à la période moderne, les burakumin feront régulièrement l'objet de pogroms.  

[4]  Les femmes du « monde des saules et des fleurs », selon l’expression pudique.

 

[5]   François-Joseph Ruggiu, 2014, Les statuts sociaux au cœur d’une nouvelle histoire sociale de la France d’Ancien Régime et du Japon de l’ère Edo, Revue Shisô, n° 1084, Iwanami shoten, Tôkyô, Centre Roland Mousnier, Université Paris-Sorbonne, CNRS (traduction de M. Takeshita)

Danzaemon, chef de la famille Yano, investi par le shogun en 1722  a dirigé plusieurs régions, où ses revenus, tirés du monopole du commerce de cuir dans la province du Kantô, étaient exonérés d’impôts et lui permettaient de se comporter en seigneur (Pons, 1996). D’autres comme les oyakata  (« père , ou oyabun), faisaient aussi de bonnes affaires dans les villes sur le dos des pauvres en tant que placeurs, en les prenant sous leur aile et en leur trouvant du travail, en particulier dans le service des familles riches,  les mines, le bâtiment ou les ports, très liés à la pègre.   Le parrain avait ainsi son kokata (ou kobun, «fils ») sous sa coupe et prenait un pourcentage sur son salaire. L’oyakata pouvait être activiste pour les droits sociaux, syndicaliste, mais aussi briseur de grève dans les régions minières où la police locale n’hésitait pas à faire appel aux méthodes violentes des voyous de la mafia japonaise. Selon le criminologue Iwai Hiroaki, la pègre contrôlaient encore dans les années 1950 une grande partie des mineurs de Kyûshû.  et le port de Kôbe était sous la coupe des Yamaguchi-gumi, le plus important des clans yakusa jusqu’à ce jour, qui s’est scindé en trois groupes il y a peu, en 2017. Les chefs bakuto (joueurs professionnels de dés, de cartes, etc.), à la manière des gangs, contrôlaient des territoires, et prélevaient un pourcentage sur les gains appelé « monnaie du temple » (terasen). Car, dans la période médiévale, c’était les temples, forts de leurs privilèges particuliers de neutralité territoriale, qui accueillaient les jeux d’argent avec le dicton : « Seules les statues de Bouddha ne jouent pas. » (Pons, 1996).  Ces joueurs professionnels  transmirent à la pègre les pratiques de son code d’honneur, telle la section du petit doigt en signe de repentance ou une nouvelle tradition de tatouage (irezumi, horimono), qui se développe vers 1750 à partir d’une pratique elle-même préhistorique [6], mais semble-t-il ravivé en partie par les illustrations des héros tatoués du roman Suikoden, adapté à partir de 1773 du roman chinois Au bord de l’eau  (Shuihu Zhuan, Sui-hu chuan, Chouei-hou-tchouan), attribué à Shi Nai’an (XIVe siècle), qui s’est inspiré de la vie de Sung  Chiang  (Song Jiang) et de ses compagnons hors-la-loi qui ont sévi entre 1101 et 1126 sous la dynastie Song. Le texte, qui connaîtra de multiples versions, se popularise chez les différents héros tatoués : otokodate (d’otoko, « homme » et date, « dandy », « vaniteux » ),  tobishoku (charpentiers de grande hauteur) kagokaki (hommes du transport : porteurs de palenquins, tireurs de pousse, portefaix, bateliers, etc.). ou encore hikeshi  (pompiers de l’époque Edo). Eric Hobsbawn (Bandits, London, Weidenfeld and Nicolson, 1969), n’hésite pas à faire de certains d’entre eux des sortes de Robin des Bois nippons qui ne voient pas d’autre moyen que de devenir hors-la-loi pour combattre  l’exploitation, l’injustice sociale  exercée par les riches. Criminalisés par le pouvoir, ces héros populaires otokodate ou kyôkaku (de kyo, « chevaleresque » et kyaku, « hôte », « visiteur ») sont au contraire tenus pour des héros dans les quartiers pauvres. 

[6]  Ötzi, retrouvé dans les Alpes italiennes, a vécu entre - 3500 et - 3100 et  était tatoué.  Plus tard, différentes sculptures japonaises (dogû de l’époque Jomon du IIe millénaire avant notre ère ou haniwa de l’époque Kofun, IIIe – VIIe s.), mais aussi égyptiennes,  océaniennes, etc. présenteront elles aussi des tatouages.   

 

 

Du côté des riches 

 

 

 A plusieurs reprises sont édictées des lois "visant à réduire la consommation somptuaire des nobles" mais elles seront d'un "faible effet, en dépit du renfort idéologique que l'idéal confucianiste de frugalité pouvait leur apporter." (Bihr, 2018).

 Les seigneurs de la guerre comptent toujours parmi eux des hommes d'affaires, tel le  daimyo de Satsuma, Shimazu Shigehide (1745 - 1833), pour qui son conseiller  financier, Zusho Hirosato,  préconise de créer des plantations de cannes à sucre sur des îles au sud de Kyû-Shû.  Les planteurs n'auront pas le droit de consommer ce sucre et toute contrebande était sévèrement punie (Hiroyuki, 1990). 

 

Dans le même temps, les petites puis les grandes maisons seigneuriales détentrices des fiefs [7] s'endettent, parfois jusqu'au cou, souvent auprès du bakufu lui-même, qui avait trouvé là un excellent levier pour les contrôler, en les affaiblissant ou en les aidant tour à tour, avec le soutien des "grands financiers d'Osaka, très liés au pouvoir d'Edo" (Carré, 2001). Banqueroute frauduleuse, créances douteuses, impunité des fiefs insolvables, extorsion d'emprunts forcés, etc. (op. cité)  sont autant de vertus des ploutocrates nippons de cette époque. Ainsi, les riches exploitaient durement ceux qui peinaient à survivre, et s'encourageaient, par leurs pratiques, à tromper et à voler, et ce d'autant plus qu'il n'y avait pas de garantie légale sur les prêts aux daimyos ni de reconnaissances de dettes établies (cf. op. cité).   

[7 ] Dont les revenus se comptent en boisseaux, koku, mesure de grains (de riz) d'environ 180 litres. Les fiefs rapportaient entre plusieurs centaines de koku à un peu plus d'un million pour le plus gros. Les vassaux d'un revenu inférieur à 10.000 koku étaient commandés directement par le shogun, et au-dessus par le daimyo. La monnaie circulait, cependant, et c'est Tokugawa Ieyasu qui organisa durablement le système monétaire en 1601, où avaient cours la monnaie d'or surtout, le koban qui équivalait un ryō (avec, ses divisions : bu, shu, respectivement 1/4, 1/16 de ryō), et  l'ōban, qui valait 8 ou 10 ryō, Dans les provinces de l'ouest,  par contre,, c'était la monnaie d'argent qui était plus utilisée.

  

Cet appétit des richesses fait l'objet de toutes sortes de représentations populaires. Selon un mythe japonais, Namazu, souvent représenté depuis le XVe siècle comme un poisson-chat géant, peut, avec sa queue, provoquer des tremblements de terre, que seul peut arrêter  le dieu du tonnerre Kashima. Après les tremblements de terre d'Edo de l'ère Ansai, en 1854 et surtout en 1855 (dit tremblement de terre du "Grand Ansai), mais aussi Hietsu, en 1858, on en vient à croire que les catastrophes produites par Namazu sont le résultat de la cupidité humaine et que le poison géant causait des ravages pour obliger les riches à redistribuer leurs richesses accumulées. Namazu est alors appelé yonaoshi daimyojin , le " dieu de la rectification mondiale " et des centaines d'estampes dites namazu-e ont fleuri un peu partout.  (Scientific American, article de David : Bressan Namazu the Earthshaker, 10 mars 2012, 

https://web.archive.org/web/20151213040651/https://blogs.scientificamerican.com/history-of-geology/namazu-the-earthshaker/)

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Estampe anonyme de  1855. On y voit le sacrifice de Namazu, qui se fait seppuku sous le regard de Kashima,  Par l'ouverture de son ventre sort l'argent qui soulagera les pauvres, en arrière-plan. 

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Estampe anonyme. Ebisu, le dieu de la pêche et du commerce, est chargé de surveiller la ville en l'absence de Kashima, mais il s'est endormi. Un autre kami de la foudre, Raijin (ou Raiden) pète sur la tête d'Ebisu "un vent de changement". A la vue du désastre, Kashima fait galoper son cheval pour revenir. 

 

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Namazu, Shin Yoshiwara ōnamazu Yurai (``La cause du grand poisson-chat à Shin Yoshiwara''), estampe anonyme de  1855.  Namazu est battu par des paysans et des femmes, A l'arrière-plan, des artisans, des ouvriers accourent  pour secourir leur bienfaiteur : grâce au tremblement de terre, il y aura beaucoup à reconstruire, donc beaucoup de travail pour différents métiers : carreleurs, charpentiers,  médecins, et prostituées, figurent sur d'autres namazu-e en exemple des bienheureux. 

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Estampe anonyme de  1855. On y voit des travailleurs du bâtiment faire la fête avec Namazu

Contrairement à ce que pense le philosophe  Kumazawa Banzan (1619-1691), les penseurs confucéens de l'époque Tokugawa sont de plus en plus d'accord sur l'idée que les essences vitales (ki) doivent circuler librement dans le corps physique ou social. Le philosophe et stratège Yamaga Sokō (1622 - 1685) écrivait : "le royaume appartient au royaume. Il n'est pas la richesse d'une seule personne. Elle devrait bien circuler." (Tahara Tsuguo, Tokugawa shisô-shi kenkyû, "Études sur l'histoire de la pensée à  l'époque des Tokugawa, 1967). De même, le confucianiste Kaibara Ekken (Ekiken,1630-1714), botaniste et pédagogue,  a comparé  le flux des richesses dans la société avec celui des fluides vitaux circulant dans tout le corps mais aussi les énergies vitales parcourant le cosmos. 

"Si de vastes richesses matérielles sont collectées en un seul endroit et ne sont pas autorisées à en bénéficier et à en enrichir d'autres, la catastrophe se produira plus tard." (Kaibara Ekken, Kaido kunEkken zenshû (Collection d'oeuvres d'Ekken), vol. 3 [Tokyo: Ekken zenshû kankôbu, 1911], p. 452.)

C'est ainsi que les riches qui thésaurisent ont "la maladie du métal" des millionnaires  (Chōsha, kane no yamai), où kane peut désigner l'argent et même l'or et donc, plus largement, la richesse.  Il faut l'intervention de Namazu, pour qu'elle puisse être excrétée du corps de leurs possesseurs par divers orifices. Alors, ces fluides vitaux qui avaient été emprisonnés circulent à nouveau en tout sens dans la société. change la froidure du cœur en chaleur, soulage la pauvreté et réduit les effets nocifs de la vie luxueuse. 

namazu-estampe-anonyme-chosha, kane no y

Estampe anonyme chōsha

Comprenant que ces images permettaient au peuple de se forger des idées d'un monde différent, meilleur, la censure mit rapidement le holà à cet art populaire, qui disparut. 

Ces images sont intéressantes à plusieurs titres. Elles témoignent ce que nous savons déjà de la pauvreté d'une grande partie du peuple japonais à cette époque, mais elles nous rappellent la concurrence des travailleurs,  l'individualisme  (récurrent ou en train de se développer ?), les désirs des pauvres d'améliorer leur vie, et ces très rares épisodes où la parole des Faibles nous est retransmise (quoique médiatisée par les artistes), nous font bien comprendre que si nous avions pu l'entendre souvent depuis les débuts de l'histoire, notre connaissance des société eût été considérablement augmentée.

Plus on approche de la fin du règne, le tatouage lui-même présente des signes  de cette désillusion : l’irebokuro se multiplie sur le corps des courtisanes, et surtout, sa grosseur augmente. Le kishôbori, tatouage discret, prend une forme religieuse, avec des inscriptions de sutras bouddhiques sur le corps  : les dégradations des conditions politiques, sociales, climatiques ne sont pas étrangères à cette évolution du tatouage, qui vont de pair avec un désir populaire de changement, de mieux être, par la « correction du monde » (yonaoshi), à commencer par la correction du prix démesuré du riz et des denrées alimentaires en général.  A la période Bakumatsu (1853-1868), il règne même ici et là une ambiance de fin du monde, de type millénariste (Pons, 1996), où domine la présence messianique du Bouddha Maitreya (Miroku), au travers de diverses sectes religieuses révolutionnaires comme Ômoto-kyô, la « religion de la Grande Origine » de la très pauvre veuve Deguchi Nao, autorisée par le pouvoir en 1892.  Cette dernière serait tombée dans un état de transe et aurait rédigé de manière automatique les instructions du kami Ushitora no Konjin, qui forment les 200 000 pages de l’Ofudesaki qu’elle ne savait pas lire elle-même et qu’Uoda Kisaburo, paysan pauvre lui aussi,  aurait déchiffré un peu plus tard. De manière syncrétique, les éléments populaires shintoïques se mélangent au chamanisme de possession et au taoïsme du « kami  de la vérité » pour promettre à toutes les victimes du capitalisme et de ses injustices sociales la venue du monde meilleur de Miroku-no-yo, le monde (paradisiaque) du boddhisatva Maitreya. Tout comme les autres sectes qui s’opposaient à l’Etat et au shintoïsme officiel :   Hommichi, Hito-no-michi et Sôka-kyôiku-gakkai, etc, la secte Omoto sera durement combattue par le pouvoir, avec le prétexte habituel de menace à l’ordre public. A tous les maux qui accablent le peuple fragile, il faut ajouter l’ouverture à l’Occident, à l’étranger et comme toujours, les temps de bouleversements et de malheurs sociaux font mauvais ménage avec l’acceptation de l’Autre, et on ne sera guère étonné, dans ce contexte, qu’il y eut ensuite diverses métamorphoses racistes (et bientôt fascistes) de ces mouvements, qui voient le Japon, « pays à l’origine du soleil », envahi par des « quadrupèdes »  (四つ足, yotsu-ashi, litt. "quatre pattes" et autres Barbares du Sud Nanban, menacé par toutes leurs technologies, et tout spécialement cette mécanisation des filatures textiles qui remplacent peu à peu les ateliers traditionnels, provoquent  chômage et  menacent l’identité culturelle de tout un peuple par leurs mœurs.

Aïnous, 2e partie
 

 

Un équilibre s'installe jusqu'au début du XVIIe siècle, quand les activités japonaises du sud de l'île (sylvicoles, aurifères, fauconnières), toujours occupée par le fief des Matsumae,  font diminuer les populations animales (Godefroy, 2013) et détériorent l'environnement, en particulier les poissons, que les Japonais vont pêcher avec des filets géants et revendent sur Honshû, réduisant à peau de chagrin le volume de poissons disponible pour l'alimentation aïnoue. C'est la conséquence du système des basho ("emplacement") introduits par Matsumae, qui avait distribué à ses vassaux des territoires agricoles, de pêche ou de chasse, correspondant à des aires d'autorité de chefs aïnous, selon la méthode Ezo-chi no koto wa Ezo shidai : en terre barbare,  laisser les choses en l'état." (Berque, 1980) Ainsi, les vainqueurs développent tout un processus de domination qui permet à la fois d'entretenir la persistance des différences culturelles marquantes, d'empêcher les Aïnous d'accéder à la culture japonaise et à l'inverse, de protéger les Japonais des impuretés prétendues des vaincus. Ainsi, les Aïnous n'auront pas le droit d'apprendre la langue japonaise ou de fouler la terre nippone sans autorisation, à moins d'une convocation (1682). Ils ne  pourront pas non plus utiliser les techniques agricoles japonaises, ce qui les aurait détourné de la chasse et de la pêche. Le système basho accroit donc la dépendance des populations aïnoues, dépeuple leurs villages (kotan) en les acculant à accepter un emploi à très bas salaire dans les basho pour obtenir la contrepartie de produits japonais.

En 1669, des clans du Sud entrent en conflit avant de s'unir derrière Shakush’ain contre l'envahisseur, alors que les clans du Nord concernés seulement par le commerce ne s'y impliquent pas. Les seigneurs de Matsumae inviteront les chefs Aïnous  à un banquet, prétendument pour établir un traité de paix et les assassineront pour éviter un conflit interminable. Peu à peu, les Aînous perdent leur indépendance, y compris les groupes tournés vers des régions nordiques comme les île Sakhaline, îles Kouriles. 

En 1670, le pouvoir du fief de Matsumae soumet aux chefs aïnous un serment d'allégeance en sept points. A noter que la plus grande partie de ce document représente des obligations propres à enrichir le commerce japonais de manière inéquitable, en interdisant de vendre des marchandises à des régions voisines,  en fixant les "prix" autoritairement ("A partir de maintenant, un sac de riz vaut cinq peaux ou cinq tas de saumon séché." ou encore "Les années durant lesquels les produits sont nombreux, un sac de riz s’échangera contre plus de peaux, ou de saumon séché."), en obtenant des services gratuits : "Même s’il n’est fourni aucune compensation financière pour la consommation de chiens domestiqués par les faucons, je les fournirai gratuitement." cf Godefroy, 2013.  De leur côté, seuls les commerçants japonais pourront s'installer sur Ezo et en 1792, il est rappelé qu'il est interdit aux voyageurs japonais de se rendre sur l'île. Par ailleurs, les Aïnous se voient bientôt confisquer leurs armes, y compris celles de prestige, considérées comme des trésors (ikor). Le pouvoir japonais créera tout un protocole d'intimidation  pour "mettre en scène  la soumission des Ainous lors des visites des inspecteurs shôgunaux, "au moyen de

l’exhibition de ce que Fredrik Barth

appelle des « statuts ethniques

dichotomisés ". (op . cité).

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Estampe japonaise (anonyme ?) de 1809 qui illustre la soumission des Aïnous

Dès 1792, les Russes réclameront, d'abord diplomatiquement, puis militairement (en attaquant en 1806 les îles Kouriles et Sakhaline) l'ouverture du Japon au commerce international, et les Américains leur embraieront le pas en 1853/54, avec encore plus d'arguments militaires et d'alliés, français, britanniques, néerlandais et russes, avec à leur tête l'amiral américain Matthew Perry. Entre 1854 et 1858 (ère Ansei) le pouvoir finit donc par signer avec les puissances occidentales ce qu'on a appelé les "traités inégaux" (fubyôdô jôyaku, abolis  entre 1894 et 1897), à cause des   "démonstrations de force" des Occidentaux mais aussi "en raison du caractère attentatoire à la souveraineté nippone..."  (Seizelet,  1991).  Ainsi "les Japonais observèrent bien vite les effets néfastes de ces traités, en Chine même, où s'amorçait un processus de colonisation, et au Japon, où les étrangers n'avaient de cesse d'arracher au gouvernement nippon l'ouverture de nouveaux ports, des tarifs douaniers préférentiels, de nouvelles facilités de commerce et de résidence et d'interpréter de façon extensive le privilège de juridiction consulaire. (...° En bref, les étrangers jouirent d'une exterritorialité de fait, dépassant de loin les stipulations des traités." (op. cité).  Le gouvernement Meiji (1868-1912), voudra les réviser car il se rendit vite compte "que les enjeux de la révision dépassaient, de loin, le contenu même des traités qui étaient principalement de nature commerciale, mais embrassaient l'ensemble de l'appareil d'État."   

 Tributaire désormais de son voisin, le peuple Aïnou aura pour obligation d'officialiser régulièrement sa soumission lors d'une cérémonie officielle appelée uimam (uimamam kusu : "échange d'objets en langue aïnoue) au travers de gages de fidélité et de tributs, dont le missionnaire jésuite Italien Girolamo (Jérôme) de Angelis signale déjà l'existence pour des tribus aïnoues du nord-est d'Hokkaido, en 1621, deux ans avant d'être exécuté lui-même par les Japonais, pour évangélisation interdite (depuis 1614). Devenus prestigieux en terre aïnoue, les uimams sont souvent cités dans les poèmes épiques des Aïnous, les yukar (et selon les aires aïnoues : yayerap, sakorpe, haw, hawki, oyna, etc.) On voit ainsi tout au long des processus de domination la fascination des vaincus pour la richesse des vainqueurs, ou à d'autres titres selon les cultures, en particulier, la puissance supposée d'un dieu sur un autre, comme nous l'avons vu pour l'antiquité. Ainsi, malgré tout le decorum affiché, les riches Aïnous sauront mieux que les autres tirer avantageusement leur épingle du jeu alors  même que leur civilisation commence à s'effondrer. Dans le yukar d'Uepeker le jeune Aïnou reçu par un seigneur japonais est un ottena, un chasseur émérite et très riche (ikor kor kur), à qui on lave les pieds à la mode chrétienne, qu'on traite avec respect par les paroles : 

"Il n’est nul besoin de ramper, viens vite t’asseoir à mes côtés." et les libations que son hôte lui propose. Mais tous les Aïnous ne partagent pas cet enthousiasme  : "Moi [l’oiseau blanc] aussi j’étais parti Dans l’intention de faire du commerce, Mais le méchant interprète japonais M’a fait boire du vin empoisonné, Et c’est ainsi que j’ai péri. Ceci est mon âme défunte Qui s’en retourne au pays. N’allez pas là-bas ! Rentrez vite ! Rentrez vite !

Yukar,  Histoire de la fille de l'Aïnou  (Rukaninka huô, rukaninka)

 

Dans les négociations; les Japonais profitent du comptage en base 20 des Aïnous, pour les duper, mais aussi en leur offrant de l'alcool pour les saouler et les tromper. Ils utilisaient des tonneaux à fond truqué, du riz avarié, délayaient l'alcool, contrefaisaient les mesures (Berque, 1980). C'est que la recherche du profit à tout prix et à moindre coût est un objectif premier, que ce soit pour les pêcheries pré-industrielles ou les concessions sylvicoles (cf. Godefroy, 2013). Les Japonais pouvaient aussi brutaliser femmes et enfants, empêcher ou briser des mariages en envoyant les maris loin de leurs femmes qui entraient au services des maîtres : : "la tendance à l'ethnocide est ici évidente (op. cité). On ne parle même pas de différentes maladies contre lesquelles les Aïnous n'étaient pas immunisés  Au fur et à mesure, c'est "toute la structure sociale et sociétale, ainsi que l’univers paradigmatique aïnou qui est affecté." (Godefroy, 2013). Une des manifestations les plus visibles de ce changement est le comportement d'un certain nombre de chefs de village, qui n'attendent plus des dieux des richesses en contrepartie de leurs bonnes actions, mais des Japonais eux-mêmes, qui leur fourniront des trésors contre des marchandises : sabres, laques, tabac, saké, etc.  "Le but de la chasse et de la pêche n’est plus le maintien d’un rapport avec les dieux, ni la subsistance, mais l’obtention de pouvoir par l’accumulation de ce que Richard White appelle « les animaux d’entreprise » recherchés par le marché japonais." (op. cité) La chasse et la pêche évoluant vers des buts commerciaux perdent leur aspect sacré. La domination des Japonais transforme une économie tournée vers la subsistance en une économie de marché, avec de très nombreux produits. Les navires d'Ôsaka se chargent de riz, de saké, de coton, de laque, d'objets (boucles d'oreille, miroirs, sabres, etc.) et les commerçants japonais les échange contre saumon et haddock séché, hareng, ailerons de requin pour  l'exportation vers la Chine, ormeaux, huiles ou laitances de poisson, abalone (awabi), holothurie (namako) plumes d'aigle du Kamchatka, peaux d'ours, de cervidés, d'otarie (mais aussi pénis séchés), de phoque ou encore de loutre (rakko) ou de renard, baleine, grue, vésicules biliaires d'ours, eburiko (lichen médicinal de Sakhaline), algue kombu rouge, perles bleues et brocart du continent, etc., dont les diverses origines géographiques montrent l'importance de la médiation commerciale aïnoue  avec les Aléoutes, les Nivkhes, Orocks, Oultches, Kouriles etc., dont les Japonais profitent à bon compte.

 

Avec la fermeture du pays, le Japon cesse d'importer des cervidés pour la fabrication d'armure, de pinceaux, etc. et c'est l'île d'Hokkaidô qui les fournira. Au milieu du XVIIIe siècle les populations de cervidés auront quasiment disparu et avec elles une partie de la nourriture d'hiver  des Aïnous, qui consomment leur viande séchée : En 1784,  entre 300 et 400 Aïnous mourront ainsi de faim.  En 1789, une suspicion d'empoisonnement (au saké) de la part des Japonais mettra une nouvelle fois le feu aux poudres et les Aïnous réclament en vain des compensations pour leurs décès tragiques. Ils se soulèveront, causeront le massacre d'une centaine de Japonais, mais la médiation de chefs alliés Aïnous permettra de juguler le conflit et seront récompensés de dizaines de sacs de riz, centaines de poignées de tabac, avant d'être peints par Kahizaki Hakyo (1764-1826) : 

ainou-alcool
ainou-chef-tsukinoe-tableau de kahizaki

 Tsukinoe, chef aïnou de Kunashiri, tableau de Kahizaki Hakyo, 1790, détail.

Musée des Beaux-Arts et Archéologie de Besançon, France

"Les habitudes vestimentaires des Ezo sont vraiment pénibles à voir : leurs cheveux sont en bataille, leur visage est sale, leurs vêtements grossiers, ils sentent mauvais et ils ressemblent à ces corps couverts de paille que l’on voit à la capitale."

Kondô Jûzô, Proposition confidentielle de rapport relatif à la prise de pouvoir d’un territoire étranger (Ikokkyô torishimari ni tsuki naimitsu jôshinsho sôan 異国境取締ニ付内密上申書草案, 1799.

 

A noter toutefois un regard plus objectif avec Mogami Tokunai, en 1791, qui  défend pour la première fois l'idée que les moeurs soient différentes selon l'appartenance ethnique, rappelant que les Japonais eux-mêmes avaient "en des temps anciens des tatouages et des cheveux courts."

Rapport sur les mœurs et les coutumes du pays des Ezo (Ezo-koku fûzoku ninjô no sata 蝦夷国風俗人情之沙汰)

                   

                      BIBLIOGRAPHIE           [↩]

 

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