top of page
emigration-revolution francaise-gravure

   

  Révolution Française   [ 9 ] 

          « la  France du dehors »

                                             Salus in Fuga

                         La France se purge petit a petit

                     Isaac Cruikshank   (1764-1811)    

          gravure, eau-forte, caricature      22.5  x  69.5  cm 

 

                     London, S. W. Fores,  29 juillet 1790 

             Paris, Bibliothèque Nationale de France (BNF)  

 

 

Le comte de Calonne, à gauche, côté anglais, est accompagné du Comte et de la comtesse de la Motte, dont le caricaturiste souligne les formes généreuses. Le duc de Montmorency est poussé dans une embarcation par sa femme et sa fille, le contrebandier qui les conduit les avisant de ne pas déféquer dans son bateau ("Don't Shit in my Boat"). Calonne encourage les émigrants, côté français, peu rassurés par l'aventure de l'émigration, par une promesse comique : "vous pouvez désormais regarder derrière vous... les laches et les fripons sont icy en sureté. J'en réponds.". Les candidats à l'émigration sont Anne Charles Sigismond et Madeleine Suzanne Adélaïde de Montmorency,  duc et duchesse de Luxembourg et Mademoiselle leur fille, le baron de Breteuil (voir texte), le duc et la duchesse Jules Auguste Armand Marie et Yolande Martine Gabrielle de Polignac, et leur fille,  Victor--François, duc de Broglie.     

 

Avertissement : Les événements décrits ci-dessous ont lieu avant la création des départements français, qui sont indiqués seulement pour situer commodément les localités citées.

« la France du dehors »

 

Dès les premiers jours qui suivent de la prise de la Bastille, un certain nombre de riches aristocrates, de grands seigneurs de la cour, décident d'émigrer. Jusque là, on parlait surtout d'émigration concernant les Huguenots.  Là, c'était tout autre chose, et les nombreux mémoires écrits par "la France du dehors", selon l'expression de Montlosier, nous renseignent de différentes manières sur ces nouveaux exilés. Entre 1789 et 1825, ils sont de 100 à 150.000, selon les estimations, à quitter leur terre natale pour d'autres pays d'Europe, pour la Russie ou encore l'Amérique. La majorité d'entre eux est composée surtout de "bourgeois ou paysans redoutant les excès révolutionnaires(Decroix, 2009).  Par ailleurs, un nombre non négligeable de militaires n'avaient pas envie de servir dans les armées révolutionnaires. Et n'oublions pas non plus tous le personnel de service qui suivait leurs riches employeurs, souvent par loyauté, ce qui nous montre encore un trait supplémentaire de la perversité de la domination dont nous trouvons des exemples jusqu'aux époques les plus reculées : 

"Mme de la Motte était soutenue par le dévouement de ses serviteurs : admirables dévouements, natures simples et aimantes dont l'essence est l'attachement ; serviteurs comme on en vit tant sous l'Ancien Régime, restant soumis à leurs maîtres, sans gages, les assistant de leurs propres deniers dans les moments de gène extrême, se sacrifiant à eux jusques et y compris la mort (Frantz Funck-Brentano, "L'Affaire du Collier", d'après de nouveaux documents recueillis en partie par Alfred Bégis (1829-1904),  Paris, Hachette, 1901,  p. 115).   Ce passage devient plus cynique encore, quand on sait que Jeanne de Valois-Saint-Rémy, comtesse de La Motte, est une escroc qui a réussi le fameux vol du collier de la Reine, le 11 août 1784, en se faisant passer de nuit pour Marie-Antoinette auprès du cardinal de Rohan, ravi de ce nouveau retour en grâce. C'est un bijou somptueux aux 650 diamants et 2800 carats pour lequel les joailliers de la Couronne, Böhmer et Bassenge, cherchaient depuis longtemps un acquéreur (L’affaire du collier de la Reine | Château de Versailles (chateauversailles.fr)

Un quart des émigrés appartient au clergé, 16 à 25 % à la noblesse (Chamousset, 2011), et ce sont ces derniers qui vont surtout nous intéresser ici car, après la prise de la Bastille et les poussées de violence à l'endroit des nobles un peu partout dans le pays, ce sont eux qui craignent en premier pour leur sécurité et pour leur vie, comme la peintre Elisabeth Vigée Le Brun, qui appartenait à l'entourage intime de Marie-Antoinette et sur laquelle un certain nombre de rumeurs couraient. Alors, habillée en homme, l'artiste fuit la France en octobre 1789 avec sa fille, en l'Italie.  D'autres pensent, surtout dans la haute noblesse de cour,  qu'il est de leur devoir de partir pour organiser la reconquête du trône et de l'autel. Enfin, il ne faut pas négliger la pression populaire, car "les révolutionnaires eux-mêmes ne pouvaient concevoir que des nobles choisissent de rester"  (Rance, 1998).  Sieyès, se souvenant peut-être de "Nos Pères, les Germainsde l'aristocrate Montesquieu ("De l'Esprit des Loix", VI, 18), se demandera pourquoi le Tiers-Etat ne renverrait-il pas "dans les forêts de la Franconie toutes ces familles qui conservent la folle prétention d'être issues de la race des conquérants et d'avoir succédé à des droits de conquête ?"(Sieyès, Qu'est-ce que le Tiers État ? 1789).   

    Montlosier    :  François Dominique de Reynaud de Montlosier, (1755-1838), monarchien, qui écrira Souvenirs d’un émigré (1791-1798), Paris, Hachette, 1951

  

Comme souvent, les Grands peuvent s'appuyer sur un certain nombre de privilèges. Leur fortune, bien sûr, pour les membres de la haute noblesse, pourvue de biens considérables.  Dès le 15 juillet, le frère du roi, le comte d'Artois, futur Charles X, donne le ton et rejoint la Cour du roi de Sardaigne à Turin, son beau-père, où d'autres seigneurs se regroupent, tel les Polignac, les princes de Condé et de Conti ou encore les ducs d'Enghien et de Bourbon, qui  "quittèrent la France entourés de leurs proches, et emportant leurs richesses, manifestant ainsi leur rejet de la révolte populaire."  (Chamousset, 2011).    Le comte Joseph-Thomas d'Espinchal (1748-1823), lui,  émigre le 17 juillet 1789 dans la suite du prince de Condé, qui formera sur les bords du Rhin une armée d'émigrés dite "armée de Condé", qui combattra les troupes révolutionnaires jusqu'au traité de Campo-Formio, en 1797.  Une partie des nobles émigrés travaillent donc contre la révolution, et le terme de "complot aristocratique", ici, n'est pas usurpé. Les royalistes français avaient dans différents pays d'Europe des liens de famille : "l'Espagne et les Deux-Siciles appartenaient à des Bourbons ; le roi de Sardaigne était le beau-père des deux frères de Louis XVI ; l'Empereur et l'Electeur de Cologne étaient frères de la reine de France."  (Georges Lefebvre, La Grande Peur de 1789, Armand Colin, 1932, p. 61).  D'Espinchal, quant à lui, passe plutôt le plus clair de son temps à voyager, en honnête homme curieux, entre l'Allemagne et l'Italie, préparant ses itinéraires culturels dans des guides de voyage qu'il connaît à fond  (Derne, 2004).  En Allemagne, justement, les nobles émigrés à leur arrivée ont souvent choqué la bourgeoisie  mais aussi le peuple, en commençant par dilapider rapidement leur fortune et finir même de s'endetter, habitués à "un système de représentation où les dépenses ostentatoires étaient indispensables"  (Rance, 1998).  Hambourg, en particulier, de par sa situation portuaire, propre aux échanges migratoires et en raison de la bienveillance des autorités, attiraient beaucoup de migrants. César Rainville, ancien officier du général Charles François du Perrier du Mouriez, dit Dumouriez (1739-1823), qui s'exilera là lui aussi, pendant la Terreur, ouvrira comme d'autres des restaurants chics, qui n'auront aucun mal à trouver une clientèle de nobles français et de Hambourgeois aisés. 

A partir de 1798/99, César Claude Rainville (1767-1845) dirige un restaurant dans la bastide que Christian Frederik Hansen avait construite sur le versant de l'Elbe à Ottensen en 1795 pour Balthasar Elias Abbema, dont la renommée se répand dans toute l'Europe. 

 

rainville-hansen-ottensen-jardins-restau

                         Jardin et restaurant de Rainville,  peinture anonyme

 

L’adjudant César Lubin Claude de Rainville, comme d’autres émigrés français, a fui la Révolution française. Il s'installe à Altona, village qui deviendra ensuite un arrondissement de Hambourg.  En, 1799, il acquiert une propriété construite quatre ans plus tôt à Ottensen, qui elle aussi se fondra dans Hambourg, pour devenir un quartier d'Altona. Sa demeure avait été construite  par l’architecte danois Christian Frederik Hansen sur le versant de l’Elbe, pour Balthasar Elias Abbema (1739-1805), ministre d'Etat, banquier.  De Rainville transformera la maison en restaurant français, Le "Rainvilleterrasse", qui sera un des hauts lieux de la communauté française de Hambourg. Le bâtiment sera détruit en 1867.

 

Jean Laurent Mosnier, portraitiste, n'aura pas de mal non plus à bénéficier de toute une riche clientèle patricienne ou de visiteurs fortunés  que compte la ville (Pestel, 2008 ).   On peut aussi citer le Neuchâtelois Pierre François Fauche,  libraire, installé à Flambourg et Brunswick (Braunschweig), qui éditera Le Spectateur du Nord,  Journal politique, littéraire et moral, dirigé par Amable de Baudus (1761-1822), magistrat, journaliste, qui avait participé à l'aventure de la Gazette de Leyde et la Gazette d'Altona. Le Spectateur sera publié à Hambourg de 1797 à 1802, qui  sera un des journaux les plus lus chez les émigrés français. Par ailleurs, Fauche publiera un certain nombres d'ouvrages d'émigrés célèbres, tels les monarchiens Trophime Gérard de Lally-Tollendal  (1751-1830) ou Jacques Mallet du Pan (1749-1800), mais aussi ceux de Madame Félicité de Genlis (1746-1830), Sénac de Meilhan, etc.  (Somov, 2011).    

D'autres nobles, de moindre rang,  partent dans la précipitation, sans projet bien réfléchi et rares sont les émigrés "qui s'assuraient des rentes, ou qui partaient avec une fortune suffisante pour survivre longtemps"  (Chamousset, 2011).  Pour ne pas blesser leur honneur, ils exerçaient souvent l'emploi qu'ils avaient pu trouver sous un nom d'emprunt  (Pestel, 2008 ). 

madame de genlis-portrait de marie-victo

                    Mme de Genlis,

                portrait de 1781

          Marie-Victoire Lemoine

                       (1754-1820)

            peinture à l'huile sur toile

                 59.7 x 48.9 cm,

 

                         coll. part.

Tous "ces réfugiés considèrent  la Révolution actuelle comme une cabale montée par la canaille(Dom Rodrigo de Souza Coutinho, Oficios [dépêches], 1-53, Arquivo National da Torre do Tombo, Lisbonne, n°33, 12 août 1789,  in Diniz Silva-Mansuy, 1988) affirme Jackson, chargé d'affaires d'Angleterre au diplomate Dom Rodrigo de Souza Coutinho, ministre plénipotentiaire du Portugal à la Cour de Sardaigne, lui-même noble de vieux lignage, regrettant "le misérable état d'anarchie" de la période révolutionnaire, "la fureur du peuple s'étant élevée aux excès les plus condamnables contre les biens et les personnes de la noblesse et du clergé, qu'il appelle, non sans quelque justice, ses tyrans."   (Dom Rodrigo..., op. cité) 

revolution-emigration-insurrection-aout

 Emigration des Princes,  des courtisans

Les Chateaux  de campagne brulés

"La Galerie historique ou Tableaux

des evenements de la Révolution française,

                  deuxième planche, n° 30"

       Philippe Joseph Maillart

              (1764-1856)

                     et                           

            Gustave  Jacowick

       (actif vers  1792-1817)

                  [graveurs]     

 

                     eau-forte     

        

vers   1796 - 1798,  Chateignier éd.

      

            Paris, Musée Carnavalet   

On connaît environ 80 oeuvres de genre mémoriel pour la période 1494-1610, 260 pour les années 1610-1675 et le compteur explose à la Révolution, pour laquelle l'historien Alfred Fierro a recensé 1502 mémoires et Jean Tulard 1527 à l'époque napoléonienne  (Rance, 1999).   Analysant 90 Mémoires de nobles réfugiés en Allemagne après la Révolution Francaise, Karine Rance a montré que les émigrés regrettent l'Ancien Régime, "presque toujours décrit comme une aire de calme et de stabilité, dans une France intemporelle. Unité de temps et de lieu, confort d'une existence programmée : l'auteur présente l'espace clos d'un « paradis perdu » et idéalisé" (Rance, op. cité).   On est préoccupé par la question "d'avoir rempli son devoir et d'avoir été à la hauteur de ses ancêtres",  d'être "dans l'impossibilité de répondre aux attentes de sa famille et de la société d'Ancien Régime" ou encore de ne "pas s'inscrire comme maillon d'une lignée qu'il a contribué à perturber"  (Rance, op. cité).   Les regrets de ce paradis perdu s'accompagnent d'une volonté de le reconquérir, et pour cela, les émigrés, pour défendre l'honneur nobiliaire et les principes chevaleresques, se font  "chevaliers partis comme les « anciens croisés » défendre leur roi et leur religion". (Rance, op. cité).   Nous avons là confirmation de choses que nous savions déjà, à savoir une large partie d'une classe sociale complètement égocentrique, refermé sur elle-même, qui, malgré les bouleversements du monde, se pense toujours destinée à le conduire et à le régenter. La peintre Vigée Le Brun est en un bon exemple : "À lire Geneviève Haroche-Bouzinac, on saisit mieux les traits fondamentaux de la personnalité d’Élisabeth Vigée Le Brun, les affects dont elle ne se départira pas, tout au long de sa vie : la passion de l’ordre, la fidélité à la monarchie, la peur du peuple et de l’émeute, l’enfermement dans le petit monde douillet des intimes de la cour ; rien de ceci ne lui permet de seulement concevoir que la misère puisse exister."  Fidélité pas toujours bien récompensée, car la peintre  "n’a jamais été riche car beaucoup de ses tableaux ne lui ont jamais été payés (en 1804, son nom figure toujours dans le Grand livre de la dette publique)."  (Duprat, 2009).  Ce qui ne l'empêche pas, alors qu'elle se retrouve en difficulté financière d'obtenir de princes, au premier rang desquels on trouve Paul Ier de Russie,  "un traitement d’exception, ce qui témoigne effectivement d’une renommée internationale(Duprat, 2009).    Certains littérateurs comme le réactionnaire Antoine de Rivarol, qui émigrera en 1792 à Lausanne, expriment très clairement le mépris social constamment entretenu, nous l'avons vu, par les élites monarchiques ou libérales : 

"Convenez que nous sommes passés du despotisme d'un seul, que nous redoutions, au despotisme de la multitude, que nous éprouvons. Or il y a deux vérités qu’il ne faut jamais séparer, en ce monde,  1°. que la souveraineté réside dans le peuple ; 2°. que le peuple ne doit jamais l’exercer, etc."

Rivarol,  "Réponse à un détracteur", août 1789,  dans "Journal Politique-National des États-Généraux, et de la Révolution de 1789. Publié par M. l'abbé Sabatier, & tiré des Annales manuscrites de M. le Comte de R***, Tome Premier, 1790",  N° 13 ,   p. 129   

Le parlementarisme anglais et plus encore, la constitution américaine, avaient conduit des monarchistes à devenir des monarchiens acceptant une monarchie constitutionnelle bicamériste à la manière anglaise. Mieux encore, certains nobles, comme le duc Louis Alexandre de La Rochefoucauld d'Enville (1743-1792), qui avait traduit la constitution américaine en 1778, fera partie du groupe des "47", des nobles qui, après 149 députés du clergé, rejoindront le Tiers-Etat le 25 juin 1789.  Mais beaucoup d'émigrés monarchistes, à l'image du comte d'Artois, mettaient "en avant la perfection de l’ancienne constitution française, non écrite(Decroix, 2009)  et restaient viscéralement attachés à ce que le comte d'Antraigues, qui émigrera définitivement le 27 février 1790, appelait "la constitution de nos pères"  (Godechot, 1986 : 54).  

rivarol-portrait présumé-merlot-1791- to

Portrait présumé de Rivarol,

        1791, signé Merlot,

              60.3 x 49.2 cm,

 

Musée des Beaux-Arts de Tours

 

C'est en partie cette opposition monarchiste, qui dispose d'un réseau politique et financier important qui va donner du fil à retordre au gouvernement révolutionnaire. Charles Alexandre de Calonne, par exemple,  qui, nous l'avons vu à diverses reprises, a représenté une véritable plaie pour le peuple, en plus d'être, très probablement, un escroc en col blanc     (cf  :   Révolution Française, « L'avidité des seigneurs » ,  est au cœur de ce dispositif contre-révolutionnaire. Emigré à Londres depuis l'été 1787,  et à peine débarqué, le voilà suspecté d'être impliqué dans une affaire de mémoire diffamatoire, liée à l'affaire du collier de la Reine (cf.  "Vie de Jeanne de St. Remy de Valois: ci-devant Comtesse de La Motte ; Contenant un Récit détaillé & exact des événemens extraordinaires auxquels cette Dame infortunée a eu part depuis sa naissance, & qui ont contribué à l'élever à la dignité de Confidente & Favorite de la Reine de France ; Avec plusieurs particularités ultérieures, propres à éclaircir les transactions mystérieuses relatives au Collier de Diamans,  A son Emprisonnnement, & à son Evasion presque miraculeuse  &c. , &c. ; & sa Requête à l'Assemblée Nationale, à l'effet d'obtenir une Révision de son Procès.  - Écrite par elle-même - Tome Premier... A Paris, L'an Premier de la République Française." ( 1792).  

"Ce financier frivole et prodigue aurait été l'homme de la reine folle de plaisirs, dépensière et légère.

                                        Ce n'est pas Calonne que j'aime,

                                          C'est l'or qu'il n'épargne pas...

fredonnait la rue."

(Funck-Brentano, "L'Affaire du Collier", op. cité : 325).

 A  Londres, Calonne s'installera à Piccadily,  sur Saint-James Park, dans une des  maisons les plus cossues de la capitale et continuera à grandement s'enrichir, en épousant la veuve du financier Joseph Micault d'Harvelay, Anne Rose Josèphe de Nettine (1739-1813), fille de la richissime banquière d’État des Pays-Bas autrichiens, Barbe-Louis-Josèphe de Nettine, née  Stoupy (1706-1775).   

Les lois pénalisant l'émigration ne seront décrétées qu'à partir de 1791 et 1792, mais un certain nombre de "nobles émigrés avaient perdu ou n'avaient plus accès à une grande partie de leur fortune restée en France(Rance, 1998)Certains peuvent cependant s'appuyer sur des réseaux de sociabilité plus ou moins solides, ou encore sur leur bagage intellectuel et social pour entamer une nouvelle vie et pour les plus en difficulté, obtenir des emplois  (lettres, entrevues, savoirs, amitiés, affaires, mariages, etc.). Un fidèle de Louis XVI, le baron Louis Charles Auguste Le Tonnelier, baron de Breteuil (1730-1807), émigre dès le 21 juillet 1789 avec sa maîtresse Catherine-Frédérique-Wilhelmine  de Nyvenheim, duchesse de Villars-Brancas, direction Bruxelles, puis Soleure, en Suisse, à l'ambassade de France, dès le 15 juin 1791, puis Mannheim le mois suivant et de nouveau Bruxelles, où il s'installe probablement.  En 1791, Louis XVI lui écrira :

"Vous connoissez mes intentions, et je laisse à votre prudence à en faire l'usage que vous jugerez nécessaire pour le bien de mon service. J'approuve tout ce que vous ferez pour arriver au but que je me propose, qui est le rétablissement de mon autorité légitime, et le bonheur de mes peuples. Sur ce, je prie Dieu, etc. 

                                                                                            Louis."

Louis Auguste de France,  Lettre datée de novembre 1791, à M. le baron de Breteuil, dans  "Correspondance politique et confidentielle inédite de Louis XVI, Avec ses frères, et plusieurs personnes célèbres, pendant les dernières années de son règne, et jusqu'à sa mort ; Avec des observations par Hélène-Maria Williams,  tome second,  Paris, chez Debray, An XI - 1803,   

pp. 161-162

Un autre fidèle de Louis XVI, le marquis Marc Marie de Bombelles (1744-1822),  se voit prêter le château de Wartegg près de Rorschach, dans le canton de Saint-Gall, en Suisse, par la famille Bourbon-Parme.

       Soleure        :     Un interrogatoire du sieur Jean-Baptiste Lévêque, expulsé de Soleure "pour avoir tenu des propos incendiaires dans le sens de la Révolution" rapporte "qu'il passait tous les jours à Soleure six à douze voitures de Français émigrants qui annonçaient hautement aller à l'armée de Condé, composée seulement de douze à quinze cents hommes.

 

Archives du comité des Recherches de l'Assemblée nationale constituante (1789-1791), D/XXIXbis/1-D/XXIXbis/44, D/XXIXbis/*/1, Dossier 370,  pièce n°35 du 27 juin 1791, Inventaire analytique de Pierre Caillet,  Pierrefite-sur-Seine, 1993.

source   :   pdfIR.action (culture.gouv.fr)

 

Lévêque évoque en particulier Adrien Lefebvre d'Amécourt (1720- ?), conseiller de Grand Chambre au Parlement de Paris, "fort riche, il sortit de France avec une somme d'argent considérable" (Archives du comité..., op. cité),  ou encore le duc Anne Charles Sigismond de Montmorency (mais aussi duc de Luxembourg), qui émigre à Londres en juillet 1789, puis à Lisbonne.    

soleure-aquatinte-winterlin-falkeisen-18

                                                      SOLEURE

                        

    Johannes Falkeisen (1804-1883), peintre, graveur  :  gravure

    Anton Winterlin  (1805, 1894), peintre, paysagiste : dessin

         

          gravure à l'eau-forte : aquatinte      26.3 x  33.2  cm 

 

                                   vers 1830-1840 

             Solothurn, Suisse,  Zentralbibliothek Solothurn  

Le baron de Vitrolles (1774/75-1854), par exemple, alors très jeune et en voyage avec son oncle en Suisse pendant les débuts de la révolution ne rentre même pas en France et il est rejoint par sa famille. Il vient à connaître la duchesse de Bouillon qui lui donne sa fille adoptive en mariage : "Cette alliance le propulse dans la haute société émigrée et allemande... il fait la connaissance de Castries, puis il est présenté à la cour de Cassel. « Jamais changement de vie ne fut plus complet que le mien. Après trois ou quatre années de guerre, d'activité, de misère, je me trouvais sans occupation, sans ambition, et en pleine jouissance d'une fortune qui n'était pas à moi. »" (Rance, 1998).   Charles-Amédée d'Harcourt, s'appuyant sur une branche anglaise de sa famille devient chef de l'administration civile au Cap de Bonne-Espérance pour le compte de S.M britannique (Eude, 1964).   Claude de Rémy de Courcelles, baron de Rouvray, possessionné dans divers districts normands (Dieppe, Neufehàtel et Gournay-en-Bray), sera fait "grand écuyer du prince de Nassau-Sarrebruck, puis a obtenu le droit de bourgeoisie à Paderborn"  (op. cité).    Le député monarchien Jean Joseph Mounier (1758-1806), qui rejoint  dès octobre 1789 la Savoie, sera d'abord  collaborateur principal de l'ambassade anglaise à Berne, avant d'être accueilli en 1795 par le duc Ernest-Auguste II de Saxe-Weimar, qui mettra à sa disposition son château du Belvédère, à Weimar, ce qui lui permettra de fonder une école qui préfigurera les écoles futures d'administration et de sciences politiques. Lally-Tollendal quitte comme lui la France après les journées des 5 et 6 octobre, mais après la Suisse il "s’installera ensuite à Londres où il s’appuie sur son réseau familial pour entrer en contact avec le gouvernement de William Pitt"  (Pestel, 2015).   

 

Certains émigrés choisissaient  de rejoindre la Russie, assez lointaine mais bien plus accueillante que l'Allemagne et où la culture et la langue française étaient encore très prisées par l'aristocratie russe. Ils furent nombreux à être "accueillis à la cour : "la marquise de Maisonfort, le marquis de Richelieu, Mlle d'Hautefort, Roger de Damas, le comte Langeron, les marquis de Bombelles, de Boismilon ou d'Esterhazy ne furent que quelques noms des centaines de Français qui purent jouir d'un séjour en Russie sous Catherine II. Malgré toutes les suspicions, des émigrés bénéficièrent d'une position enviable grâce à l'impératrice. Terres, palais et bijoux pouvaient être des présents fréquents pour les courtisans. Les hommes pouvaient être admis dans l'administration, dans les armées ou à la cour en fonction de leurs compétences.(Chamousset, 2011).   Parmi les plus privilégiés il y avait les comtes d'Esterhazy, de Choiseul-Gouffier et de Lambert, qui se sont vu octroyer des "terres en Vohynie ou en Podolie, argent et titres à la cour. Leur position fut à certains moments tellement influente que les émigrés qui voulaient recevoir des bienfaits de l'impératrice ne devaient pas oublier de flatter et séduire ces hommes pour arriver à leurs fins".  (op.cité).   Sans parler des invitations pour les dames à des soirées ou à des visites de la maison impériale, ou encore des lettres de soutien à la cause des princes émigrés, tel le prince de Condé.  Pour les roturiers, le traitement n'était pas du tout le même, mais des postes leur étaient offerts "dans les manufactures, ports, postes, cuisines..."  (op.cité).   Plus le temps passait, plus les émigrés français étaient intégrés à la société ruse et "multipliaient les contacts, les réseaux et leur sphère d'influence. En obtenant des postes clefs, des ministères ou des grades élevés, ils devinrent plus à même d'aider leurs compatriotes qui arrivèrent au fil du temps."  (Chamousset, 2011).  

emigres-revolution-lukas-visher-1792-bal

                       Die Verzweiflung der Emigranten,

                              "Le désespoir des émigrants"

        Lukas Visher (1780-1840), réalisé à l'âge de 12 ans     

                       dessin           9.2  x  15.5  cm

 

                               Bâle,  1792

                         Staatsarchiv Basel-Stadt

                      (Archives du canton de Bâle) 

                              BILD Falk. A 516.

"Nobles et ecclésiastiques sont refoulés de l'autre côté du Rhin, en face du bastion français de Huningue, où l'on danse autour d'un bonnet phrygien, et de Bâle dont une tour arbore le chapeau de Gessler, désigné comme l'emblème de la liberté helvétique. Dans les airs, un coq gaulois agresse l'aigle à deux têtes autrichien."

Dictionnaire Historique de la Suisse (DHS)  :  "Emigrés"

 

Certains deviennent courtisans, mais beaucoup d'émigrés en Allemagne n'apprennent pas l'allemand, ne s'intéressent pas à la culture allemande, évitent les échanges avec les habitants et  restent dans un petit cercle de confort entre français, dans l'idée que l'exil sera de courte durée. D'autres s'y appliquent,  pour obtenir un emploi intéressant, comme Pierre-Gaspard Certain de La Meschaussée (1767-1801), qui racontera ses Souvenirs d'un gentilhomme limousin.  Car tous les émigrés n'étaient pas de grands seigneurs, mais aussi de petits hobereaux qui, loin de leurs terroirs, avaient peu de réseau social ou de revenus.  Ils partent parfois dans la précipitation, sans projet bien réfléchi, et rares sont les émigrés "qui s'assuraient des rentes, ou qui partaient avec une fortune suffisante pour survivre longtemps"  (Chamousset, 2011).  

 

"Les activités professionnelles développées par les nobles émigrés n'ont eu le plus souvent pour, autre but que de survivre en attendant le retour en France. Les émigrés se sont improvisés commerçants ou enseignants, choisissant des métiers qui ne nécessitaient pas de savoirfaire technique particulier. Ils sont très peu nombreux à avoir, voulu se former professionnellement (...) La plupart des nobles émigrés ont en effet abandonné leurs activités après leur retour en France, pour occuper un emploi au service de l'État français ou pour se replier sur les terres familiales. L'énergie des émigrés à leur retour était tournée vers la récupération et l'indemnisation des biens et non vers la poursuite d'activités amorcées en Allemagne."  (Rance, 1998).   

 

Signalons une évolution de mentalité chez une partie de ces élites, qui ne rechigne pas à exercer des emplois que naguère ils auraient trouvé "ignoble", indigne de leur rang. Certains quittaient l'armée pour travailler, et pour ceux-là, "gagner leur vie" était devenu une fierté, une chose valorisante. Mais un certain nombre se font passer pour des martyrs, et insistent plus sur leur solitude, leurs maladies, leur pauvreté, et le manque de soutien, voire le rejet des princes allemands à leur égard, que sur les fêtes ou les opportunités qui peuvent adoucir leurs peines. Car, pour cette période ou pour une autre, celles et ceux qui ont grandi dans des milieux privilégiés ne vivent pas du tout leurs revers comme les pauvres. Certains, pour ne pas blesser leur honneur,  exerçaient l'emploi qu'ils avaient pu trouver sous un nom d'emprunt  (Pestel, 2008 ). 

Une autre élite est tentée par l'émigration, celle de l'art, de l'artisanat d'art ou encore les scientifiques  : 

"L'état de désolation où se trouve la France oblige un grand nombre d'artisans habiles de ce pays à s'expatrier et l'on m'assure que les Anglais ont fait à Lyon de grandes acquisitions de dessinateurs et de tisserands sur les métiers les plus compliqués. Les mêmes motifs obligent aussi de nombreux savants de premier ordre à abandonner la France, et l'on m'assure maintenant que le célèbre Lagrange retourne à Berlin après avoir assisté, dit-il, à la triste expérience de 26 millions d'hommes réunis en société, et qui n'ont ni lois ni force contraignante pour les faire appliquer"     (Dom Rodrigo..., op. cité :  n° 50, §3 du 9 décembre 1789 ). En Russie, l'ancien intendant de Caen, Cordier de Launay sera nommé par Paul Ier président de l'Académie des Sciences, après avoir écrit Tableau topographique de la Chine et de la Sibérie.  

 

Un certain nombre de peintres bénéficieront de réseaux favorables à leur émigration. Nous avons parlé de Vigé-Lebrun, on peut citer  Henri-Pierre Danloux (1753-1809), qui épouse une fille de petite noblesse, émigre en Angleterre et retrouve le comte d'Artois, un ancien commanditaire. A Londres, encore, se retrouve le miniaturiste et graveur Pierre-Noël Violet (1749-1819), qui bénéficiera "des réseaux des anciens émigrés français protestants, dont beaucoup appartenaient au monde de la gravure", ou  Jean-Laurent Mosnier (1743-1808), portraitiste de Marie-Antoinette, qui s'installe ensuite à Hambourg, puis à Saint-Pétersbourg,  tout comme  Gabriel-François Doyen (1726-1806),  qui trouvera "de nombreux commanditaires dans son pays d’adoption et exerçant un rôle de premier plan à l’Académie impériale"

 

Christine Gouzi,  L’émigration des artistes français en Europe après la Révolution de 1789article  de l' Encyclopédie pour une histoire numérique de l'Europe ( EHNE, Sorbonne Université) :     

                   

                      BIBLIOGRAPHIE 

 

 

 

 

 

 

ADO Anatoli, 1996, "Paysans en Révolution : Terre, pouvoir et jacquerie (1789-1794)", Edition établie par Serge  Aberdam (traducteur de l'édition originale, Moscou, 1987) et Marcel  Dorigny, Bibliothèque d'Histoire révolutionnaire, Société des études robespierristes. 

 

BACZKO Bronislaw et PORRET Michel, 2016,  Les Peurs de la Terreur, Entretien, Dans Sociétés & Représentations 2016/2 (N° 42), pages 213 à 230.

https://www.cairn.info/journal-societes-et-representations-2016-2-page-213.htm

 

BAILLIE  Hugh Murray, 2014, « L’étiquette et la distribution des appartements officiels dans les palais baroques », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles [En ligne]. 

https://journals.openedition.org/crcv/12137#quotation

BAUMIER  Béatrice, 2007,  "Tours entre Lumières et Révolution : Pouvoir municipal et métamorphoses d'une ville (1764-1792)",  Chapitre III. La municipalité au début de la Révolution,  Presses universitaires de Rennes.

http://books.openedition.org/pur/5851


CHAMOUSSET Rémy, 2011, "Les émigrés français en Russie, 1789-1815". Histoire, HAL, archives ouvertes.fr

 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/file/index/docid/625408/filename/Remy_Chamousset_-_Les_emigres_francais_en_Russie.pdf*

CLAY Ramsay, 1995, "L'idéologie de la Grande Peur : le cas du Soissonnais". In : Annales historiques de la Révolution française, n°299, 1995. pp. 13-31. 

https://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1995_num_299_1_1878

COHEN Alain, 2017, “L’assassinat de l’Intendant de Paris le 22 juillet 1789, un prélude à la Grande Peur”, La Révolution française [Online], 12 | 2017.

http://journals.openedition.org/lrf/1828

DECROIX, Arnaud, 2009, "La noblesse en émigration ou la tentative d’une reconstruction politique (1789-1815)" In : "L’invention de la décentralisation : Noblesse et pouvoirs intermédiaires en France et en Europe xviie-xixe siècle" [en ligne],  BAURY, Roger (dir.) ; LEGAY, Marie-Laure (dir.),  Villeneuve d'Ascq : Presses universitaires du Septentrion,

http://books.openedition.org/septentrion/41061

DERNE Frédéric, 2004,  « Lumières et émigration : les itinéraires culturels du comte d’Espinchal », Siècles [En ligne], 19 | 2004.

http://journals.openedition.org/siecles/2451

DINIZ SILVA-MANSUY  Andrée, 1988,  "L'année 1789 vue de Turin par un diplomate portugais". In : Dix-huitième Siècle, n°20, 1988. L'année 1789. pp. 289-314

https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1988_num_20_1_2873

DUPRAT Annie, 2009, « Élisabeth Vigée Le Brun,Souvenirs 1755-1842 »  Annales historiques de la Révolution française [En ligne], 356 | avril-juin 2009. L'article porte le même titre que l'ouvrage dont il traite,  établi et annoté par Geneviève Haroche-Bouzinac, Paris, Honoré Champion, Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux, t. 42, 2008.

http://journals.openedition.org/ahrf/10661

EUDE  Michel, 1964, "Notes sur l'émigration normande pendant la Révolution française", In : Annales de Normandie, 14ᵉ année, n°3, 1964. pp. 323-337.

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1964_num_14_3_6524

GODECHOT Jacques, 1965, "14 juillet 1789,  La Prise de la Bastille, ", PTrente journées qui ont fait la France, Paris, NRF, Gallimard.

GODECHOT Jacques, 1986, Le Comte d’Antraigues, un espion dans l’Europe des émigrés, Paris, Fayard. 

HESSE  Philppe-Jean, 1979, "Géographie coutumière et révoltes paysannes en 1789. Une hypothèse de travail",  In : Annales historiques de la Révolution française, n°236, 1979. pp. 280-306.

https://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1979_num_236_1_4098

LAFABRIÉ François, 2011, « L’habit de livrée dans la Maison civile du roi : entre prestige et servitude », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles [En ligne], Articles et études,

http://journals.openedition.org/crcv/11373

MÜNCH Philippe, 2010, « La foule révolutionnaire, l’imaginaire du complot et la violence fondatrice : aux origines de la nation française (1789) », Conserveries mémorielles [Online], #8 | 2010,

http://journals.openedition.org/cm/725

PESTEL Friedemann, 2008, "Das Exil hat, wie alle Lagen des menschlichen Lebens, sein Gutes«. Französische Revolutionsemigranten in Hamburg und Altona",  in "Fluchtpunkt Hamburg...",  ouvrage collectif dirigé par Nele Maya Fahnenbruck et Johanna Meyer-Lenz.  Editions [transcript],  Histoire. 

PESTEL Friedemann, 2015,  « ‪Monarchiens et monarchie en exil : conjonctures de la monarchie dans l’émigration française, 1792‒1799‪ », Annales historiques de la Révolution française, 2015/4 (n° 382), p. 3-29.

https://www.cairn.info/revue-annales-historiques-de-la-revolution-francaise-2015-4-page-3.htm

PINOTEAU Hervé, 1992, "Les trois couleurs en 1789". In : Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1990, 1992. pp. 42- 44. 

https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1992_num_1990_1_9536

RANCE  Karine, 1998, "L'émigration nobiliaire française en Allemagne : une «migration de maintien» (1789-1815)". In : Genèses, 30, 1998. Emigrés, vagabonds, passeports. pp. 5-29.

https://www.persee.fr/doc/genes_1155-3219_1998_num_30_1_1494

RANCE  Karine, 1999, "Mémoires de nobles français émigrés en Allemagne pendant la Révolution française : la vision rétrospective d'une expérience", In : Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 46 N°2, Avril-juin 1999. pp. 245-262.

https://www.persee.fr/docAsPDF/rhmc_0048-8003_1999_num_46_2_1959.pdf

SAGNAC Philippe, 1905,  "Pierre Conard. La peur en Dauphiné (juillet-août 1789), 1904". In : Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 7 N°5, 1905. pp. 393-396; https://www.persee.fr/doc/rhmc_0996-2743_1905_num_7_5_4472_t1_0393_0000_2

SEILLIER, Christian et CAUX-GERME, Louisette. Chapitre VII. "Les Boulonnais et la Révolution (1789-1799)",    LOTTIN, Alain (dir.). "Histoire de Boulogne-sur-Mer : ville d’art et d’histoire", Presses universitaires du Septentrion, 2014

http://books.openedition.org/septentrion/7567

 

SOMOV, Vladimir. "Pierre François Fauche, l’imprimeur-libraire européen et ses catalogues" In : Le Livre entre le commerce et l'histoire des idées : Les catalogues de libraires (XVe-XIXe siècle) [en ligne],  CHARON, Annie (dir.) ; LESAGE, Claire (dir.) ; et NETCHINE, Ève (dir.), Paris : Publications de l’École nationale des chartes.

http://books.openedition.org/enc/1494

TACKETT Timothy, 2004,  « La Grande Peur et le complot aristocratique sous la Révolution française », Annales historiques de la Révolution française [En ligne], 335 | janvier-mars 2004.

http://journals.openedition.org/ahrf/1298 

TRENARD, Louis, 1990, "Le vandalisme révolutionnaire dans les départements septentrionaux",  In : Église, vie religieuse et Révolution dans la France du Nord, dir. Alain Lottin,  Lille : Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion.

http://books.openedition.org/irhis/1011

VIGNOLLES Henri, 2020,  « La dimension répressive de la Grande Peur : l’ambiguïté des mesures défensives contre les brigands », La Révolution française [En ligne], 18 | 2020.

https://journals.openedition.org/lrf/3952#quotation

VOVELLE Michel, 1985, La mentalité révolutionnaire, Paris, Messidor/Editions sociales. 

WAHNICH, Sophie, 2008, "La longue patience du peuple. 1792. Naissance de la République," Paris, Payot.

bottom of page