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atlas catalan-Abraham Cresques-1375-deta

AfriquE NOIRE, DOMINATIONS
     
et   ESCLAVAGE  [ 9 ]

 « Là où les nÈGRES SONT MAÎTRES »

      La traite atlantique : une fabrique en noir et blanc

 

 

 

Atlas catalan, Portulan attribué à Abraham Cresques, 1375. Manuscrit enluminé sur parchemin, 12 demi-feuilles de 64 x 25 cm chacune, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits, Espagnol 30, folio 6.                                     

                                      

"C'est ici que commence l'Afrique, qui se termine à Alexandrie et Babylone. Elle part d'ici et comprend toute la côte de Barbarie en allant vers Alexandrie, et vers le midi, vers l'Éthiopie et l'Égypte. On trouve dans ce pays beaucoup d'ivoire, à cause de la multitude des éléphants nés dans le pays, qui arrivent ici sur les plages. Tout ce pays est occupé par des gens qui sont enveloppés, de sorte qu'on ne leur voit que les yeux, et ils campent sous des tentes, et chevauchent sur des chameaux. Il y a des animaux qui portent le nom de Lemp [lamt, oryx, NDA], du cuir desquels on fait les bonnes targes [petit bouclier rond, de type médiéval écossais, NDA] ."

 

"Ce seigneur nègre est appelé Mussé Melly [Mansa Moussa, NDR], seigneur des nègres de Guinée. Ce roi est le plus riche et le plus illustre seigneur de tout le pays, à cause de la grande abondance d'or qu'on recueille sur ses terres."

 

 

 

Au XIIIe siècle, Les roitelets malinkés  pratiquaient déjà l'esclavage avec les Maures (Musulmans) et les Marka de la boucle du Niger. Soumaoro Kanté (Soumaworo Kanta), le roi forgeron du Sosso proposa au roi du Manding de s'unir contre les Markas (Soninkés) pour mettre fin à la pratique honteuse de l'esclavage, mais, "comme il était forgeron, donc de condition sociale inférieure, les Malinké méprisèrent son offre et furent insultants" (De Ganay, 1984). De son côté, nous l'avons vu, Soundiata Keïta réussit à constituer une fédération de royaumes appelé empire du Mali (Mandingue,  Malinké) et aurait interdit l'esclavage, dit-on,  par la "charte du Manden" ou "charte de Kouroukan Fouga", en 1236.  Les faits montrent, dans tous les cas, le peu de poids qu'elle aurait eu après la mort de Soundiata. Il suffit d'évoquer la foule d'esclaves qui a suivi un siècle plus tard  le roi du Mali Kangou Moussa (voir image en exergue).  Les chroniqueurs arabes sont les premiers à documenter le sujet au XIVe siècle. Le géographe et encyclopédiste Al-Omari traite des guerres esclavagistes et le grand voyageur arabe Ibn Battûta (1304-1368) évoque dans son très long périple (1325-1353), au travers de sa Rihla (Récit, chronique de voyage), les occupations auxquelles étaient assignés les esclaves du Mali.  Les chroniques du Tarikh-el-Fettach (de Mahmud Kati, 1468-1593) et du Tarikh-es-Soudan  (d' Abderrahmane Es Saâdi, vers 1650)  nous informent quant à elles du développement de l'esclavage  dans le vaste empire agricole du Songhaï  des XVe et XVIe siècles et nous renseignent en particulier sur les captures, les ventes, ou encore la traite  transsaharienne à partir de Djenné ou Tombouctou  (Meillassoux, 1975 ; Deveau, 2002).

Issu du royaume de Gao, l'empire Songhai est progressivement constitué par Sonni Ali Ber (dit Chi Ali, 1464-1492), un grand stratège qui selon le Tarik el Fettach, aurait gagné toutes ses batailles, soumettant les Dogons, les Bambaras, les Mossis, les Touaregs, etc., avec une cavalerie et une infanterie où on trouvait aussi bien des nobles que des esclaves et des captifs. qui asservissaient, parfois, à leur tour les pays vaincus. Sonni Ali Ber était honni des chroniqueurs musulmans par sa volonté d'imposer sa volonté aux lettrés de Tombouctou, les persécutant parfois jusqu'à la mort, eux qui n'acceptaient pas la forme d'islam syncrétique qu'il promouvait, où les religions ancestrales africaines avaient aussi leur place. Parenthèse vite refermée par la dynastie des Askia, le premier d'entre eux, Askia Mohammed (1493-1528) prenant le pouvoir avec l'appui des oulémas de Djenné, de Gao  et de Tombouctou et achève s'islamiser l'empire, rapporte Léon L'Africain au XVIe siècle, dans sa Description de l'Afrique Les princes du Songhaï possèdent de grandes propriétés rurales, où l'on cultive du mil, du sorgho et du riz dans les zones inondées par les alluvions du fleuve Niger. Léon l'Africain pourra ainsi noter : "L’abondance d’orge, de riz, de bétail, de poisson, de coton y est extrême". Ainsi, Askia Daoud (Dawud), de la dynastie islamisée des Askia, qui régna de 1549 à 1582, possédait "dans la province du Dendi, une propriété rurale appelée Abda, une plantation qui employait deux cents esclaves"  (Tarikh-el-Fettach), sous la direction d'un chef d'esclaves, le fanfa/fanâfi  (pluriel, Paré, 2014)

"Ces esclaves sont des captifs provenant des campagnes militaires menées par les empereurs. C’est ainsi que trois tribus, qui faisaient partie des serfs domestiques [dits  "esclaves de case", NDR] des Malli-koï (gouverneurs du Mali), passeront sous l’autorité des Chi et des Askia : du temps des Malli-koï, ces tribus devaient labourer, par couple, 40 coudées de terre, la coudée équivalant à 50 centimètres. Par « serfs domestiques » il faut comprendre des esclaves depuis longtemps attachés à une famille et dont les descendants font partie des biens de cette famille. Les Malli-koi avaient pris leurs précautions pour se garantir une descendance servile. En effet, lorsque l’homme esclave se mariait, ces gouverneurs donnaient 1 000 cauris à la belle-famille pour maintenir en esclavage femme et enfants. Lorsque ces esclaves passeront sous l’autorité des Chi, ils seront répartis en groupes de 100 personnes, chaque groupe ayant la charge de 200 coudées. On peut donc parler d’une exploitation intense de la terre. Ainsi, l’Askia Daoud, qui a un domaine de 400 coudées (3 à 5 hectares), emploie environ 200 esclaves"   (Paré, 2014).

Comme dans tous les royaumes du monde, le souverain n'est pas le seul à posséder de grands privilèges et c'est toute une aristocratie politique et religieuse qui se voit également octroyer des terres, mais aussi des tribus entières. "Les ulémas et les lettrés de Tombouctou seront particulièrement privilégiés par l’Askia Mohammed 1er."  (op. cité).  Recouvrant l'ancien royaume du Ghana et l'Empire du Mali, le riche empire du Songhaï fascine le souverain saadien El-Mansour en 1591, qui se lance à sa conquête et inféode progressivement les derniers askias songhaïs. 

Dans sa Description de l'Afrique, Léon l'Africain (v. 1494-1527/1555, Hassan al-Wazzan, Johannes Leo Africanus, dit) raconte que le roi du Bornou, royaume issu de celui du Kanem, à l'ouest du lac Tchad,  montait une expédition chaque année pour capturer des esclaves.  C'est même le commerce de l'esclavage terrien et militaire qui joua sans doute un rôle décisif dans la formation des  grands ensembles politiques médiévaux africains du Ghana, du Mali, du Fulani, du Songhay, du Kanem, etc., dans lequel la traite orientale musulmane va jouer un grand rôle d'entraînement, et selon un des meilleurs historiens sur le sujet, Ralph Austen, ce serait 17 millions de personnes qui seraient tombés aux mains des négriers musulmans entre 650 et 1920, contre 11 millions environ pour la traite atlantique (cf. Ralph Austen, African Economic History , Londres, James Currey, 1987, p. 275.). 

Antonio Pifagetta, Description du Royaume du Congo, gravures de Theodore de Bry, 1591
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Noble et serviteur

"Cannibales" et Amazones : les chroniqueurs occidentaux mêlent parfois une Afrique réelle à une Afrique fantasmée

Guerriers avec arc, flèches, et instruments de musique

Filippo Pigafetta , légat du pape,  Relatione del raeme di congo - et delle - circonvivine contrade ("Description du Royaume du Congo et des contrées environnantes"), 1591 (2e et 3e édition Frankfurt, 1598 et 1624), écrit à partir du récit du marchand  Duarte Lopez, qui passa dix ans dans les royaumes d' Angola et de Congo. 

Gravures des frères Johann (Jean, Ian) Théodore et  Ian Israël de Bry. 

En Afrique de l'Ouest, toujours, la plupart des Etats se forment vers le XVe siècle en pays Haoussa, Mossi, à Segou, au Gonja ou encore chez les Akan, par l'action de petits groupes d'aventuriers qui étouffent dans le carcan des sociétés lignagères, et qui "entreprennent de construire de nouvelles formes de domination et d'exploitation." (Terray, 1988), qui pillent, rançonnent les populations vaincues. Les nouveaux monarques rendent justice, maintiennent l'ordre, organisent le sacré, comme dans beaucoup d'autres sociétés antiques, et prélèvent donc des impôts et des tributs. Dans certains endroits, comme en pays Akan, ce sont les esclaves qui sont écrasés de charge (cultivateurs du roi et de ses chefs, mineurs pour extraire l'or, porteurs dans les caravanes, etc.), les paysans ne versant alors qu'un modique tribut mais pouvant être mobilisés en cas de guerre. A Segu (Ségou) , au contraire, les esclaves servent de guerriers au roi pour imposer ses volontés aux villageois par la menace ou par la force. Par ailleurs, certains gouvernants choisissent une politique impérialiste de prédation, et d'autres une voie plus mercantile (Wilks, 1975), où la composition d'une nouvelle "bourgeoisie" presque toujours musulmane,  potentiellement dangereuse pour les dirigeants, les oblige donc à beaucoup de réflexions sur leur statut,  leurs avantages, etc. que le souverain doit leur accorder. 

Voisin de l'empire du Songhaï, l'empire mandingue du Mali, contrairement peut-être à l'époque de son fondateur, Soundiata Keita, pratique tout autant le commerce des esclaves que son puissant voisin. En Gambie, où tous les centres commerciaux gèrent le trafic d'esclaves, les Mandingues se ravitaillent en esclaves chez les "Arriantas", terme probablement approximatif cité  par le Portugais André Álvares d'Almada, en 1594 dans son Tratado Breve dos Rios de Guiné do Cabo Verde dês do Rio de Sanagá até os baixos de Santa Ana de todas as nações de negros que há na dita costa e de seus costumes, armas, trajos, juramentos, guerras,  Biblioteca Pública Municipal do Porto, Ms. 603  ("Bref traité des fleuves de Guinée au Cap-Vert du fleuve Sanagá aux bassins de Santa Ana, de toutes les nations africaines qui existent sur ladite côte et leurs coutumes, armes, costumes, serments, guerres"). Ces esclaves  servent aux commerçants wangara (appartenant au groupe Soninké)  de monnaie d'échange contre de l'or (Ly-Tall, 1981), tandis qu'en Casamance, ils permettaient au roi d'obtenir des chevaux.   

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Giovanni Antonio Cavazzi, Istorica Descrittione de'tre Regni Congo, Matamba et Angola..., Milan, 1690, Lib. V, par. 112, 1ère éd. Bologne, 1687), chez Fortunato Alamandini, dessins du manuscrit Araldi (MS. 30, collection de la famille Araldi de Modène), aquarelles reproduites par Ezio Bassani dans une nouvelle édition, "Un Capuccino nell’Africa Nera del Seicento..." Milano, Quaderni Poro, 1987, n° 4.

 

               planche 20

 

Le roi Mansa Moussa se forgeant des outils et des armes avec un forgeron utilisant un soufflet. En retrait, ses conseillers, avec une couronne chrétienne.

 

 

 

La traite atlantique

 

 

 

 

 

Le 22 août 1415, les Portugais s'emparaient de Ceuta, pillaient cette place forte en face de Gibraltar et exterminaient les Maures qui s'y trouvaient, quand ils n'avaient pas fui. Le 25, Dom João I , le roi Jean Ier (1385-1433) armait ses fils chevaliers dans la mosquée transformée en église chrétienne, comme le seront les autres églises de la ville.  Ceuta est alors le port le plus prospère du Maroc des Mérinides et "véritable carrefour des routes de caravanes de l’or et des esclaves en provenance de l’Afrique noire et des routes des épices et de la soie en provenance d’Orient et port d’exportation vers le Portugal et l’Europe du blé, du sel et du cuivre. Religion, conquête militaire et commerce étaient donc étroitement liés"   (Martinière, 1994).   Doté de nouvelles techniques : nouveau type de navire avec la première Caravelle, attestée en 1441 ; connaissance des vents et des courants nécessaires à la navigation hauturière, au-delà du Cap Bojador/Cap Juby, les Portugais explorent les côtes africaines, découvrent et occupent différentes îles : Madère (1418-1449), Les Açores (1427-1452), celles du Cap vert (1456),  Sao Tomé-et-Principe etc., pour lesquelles Henri le Navigateur (1394-1460, Henrique o Navegador, Infante Dom H.), troisième fils vivant de Jean Ier, obtient le monopole de la navigation, de la guerre et du commerce, confirmé par différentes bulles papales (op. cité).  On le voit d'emblée de multiples façons :  Dès les premières installations de comptoirs commerciaux par les Portugais, l'Eglise catholique collabore pleinement avec le pouvoir civil aux actes de guerre et de colonisation en Afrique. 

Chronique de Guinée de Gomes Eanes de Zurara-1453.jpg

                                           

 

 

Chronique des faits de  Guinée 

  Crónica dos feitos da Guiné 

 

1453

                                                      

   de  Gomes Eanes de Zurara  (1410-1474)

            folio 5v  :  Portrait de Henri Le Navigateur, dans l'encadrement de                              feuilles de chêne et de glands et devise de l'infant :

     "Talant de bien faire"

                folio  6r  :   Prologue orné du même encadrement et des armes de                                                        l'infant  Dom Henrique, posées la croix de l'ordre militaire                                    Saint-Benoît d’Aviz, et surmontées de la croix de l'ordre

                        du Christ, qu'on retrouve sans la croix dans la première

                                       lettre ornée du texte. 

      manuscrit enluminé, 3e tiers du XVe siècle

      commanditaire : Le roi Alphonse (Alfonso) V

 

 32  x  23 cm

   

 Bibliothèque Nationale de France (BNF), Paris

 Département des Manuscrits/  Portugais 41 

                                                               

 

 

 

Dans un certain nombre d'îles atlantiques (Cap-Vert, Canaries, São Tomé), puis à la fin du siècle dans l'arc caribéen (Hispaniola [Saint-Domingue : auj. Haïti et République Dominicaine],  Cuba, Porto-Rico), et pour finir, aux Antilles et au Brésil, se développe l'économie de plantation, celle de la canne  à sucre, en particulier, dans lesquelles  seront employés des esclaves venus d'Afrique, et particulièrement du golfe de Guinée (Bénin), vendus par les souverains africains ou parfois, capturés directement (cf. Afrique précoloniale).  Leur long acheminement vers les côtes posait des problèmes de ravitaillement en eau en particulier, et "on estime qu’environ un tiers des esclaves atteignait la côte dans un tel état d’épuisement qu’ils ne pouvaient être vendus aux Européens"  (Emmer, 2005).   

 

Le 2 août 1444, débarque au port de Lagos, en Algarve (Portugal), le premier lot important d'esclaves. Ainsi, pendant 150 ans, le Portugal sera "la seule nation européenne engagée dans la traite négrière africaine" (De Almeida Mendes, 2008).  Les Portugais désignaient par trato l'acte d'échanger des marchandises, de toute nature, mais aussi de dialoguer, d'entrer en contact (De Almeida Mendes, 2012).  En 1471,  Dom Alfonso V se nomme  rei do Algarve dalém mar em África,  c'est dire s'il exprime sa volonté de domination sur l'Afrique conquise, pour lors les présides (postes fortifiés) marocains de Ceuta, Tanger, Ksar-el-Kébir,   ou encore Arzila (Assilah), au nord, Azemmour, Mazagan, Safi, au sud :

 

"Jusqu’au milieu du XVe siècle, les campagnes militaires et les razzias terrestres menées sous la conduite du gouverneur de Ceuta, Duarte de Meneses, et de ses successeurs alimentent les marchés du travail de Valence, de Cadix et des villes de l’Algarve en captifs maures et africains. Juifs, musulmans et Africains apportent leur contribution à l’aventure en tant qu’individus plus qu’en tant que juifs ou musulmans, sans renier leur appartenance culturelle, ce qui déclenche à terme une hostilité à leur égard et une politique de différenciation"  (De Almeida Mendes, 2012)

 

Les ravages de la peste noire causent un tel déficit démographique qu'on trouve dans le commerce des esclaves un moyen de le réduire, ce qui va amplifier  de toute une économie de rapts, de razzias et de rapines, où femmes et enfants constituent, entre 1510 et 1530, "près des deux tiers des entrées humaines dans le port de Lisbonne"  (op. cité).  Ce n'est pas seulement le Portugal qui est concerné mais les villes du sud de l'Europe, qui reçoivent des afflux d'esclaves destinés à être employés aux  travaux  travaux les plus pénibles et ingrats, ou les moins qualifiés : Malgré tout, en occupant des emplois, malgré leur statut dégradant, la présence grandissante de ces esclaves est perçue comme une menace pour les travailleurs manuels, les domestiques, et suscite parfois des violences, comme chez les vendeuses ambulantes de Lisbonne (op. cité).  Ce

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Dès les premiers contacts avec les navigateurs portugais, les rapts opérés par ces derniers provoquent des réactions de peur et de défense, et on voit parfois s'organiser de vraies armées de protection, contre des diables blancs suspectés de "manger", sous-entendu de tuer par des pratiques magiques les Noirs qu'ils capturent ou qu'ils achètent, comme en témoigne le navigateur vénitien Alvise/Luigi da Mosto (Ca' da Mosto, Cadamosto, 1432-1488), lors de son voyage en 1455 en Sénégambie, pour le compte d'Henri le Navigateur, prince du Portugal.  On apprend aussi qu'un fort portugais a été installé sur l'île d'Arguin (Mauritanie) et que les Portugais commercent avec les Arabes, présents bien avant eux dans la région, recevant d'eux des esclaves, de l'or et des plumes d'autruche, contre des draps, des toiles, de l'argent, des tapis et du froment "dont ces arabes sont toujours affamez" (L. da Mosto, récit de voyage écrit dans les années 1460, publié dans une compilation par Fracanzio da Montalboddo dans une compilation intitulée :  Paesi novamente retrovati et Novo Mondo de Alberico Vesputio Florentino intitulato, éditions Vicence, Enrico di Sant’Orso, Milan 1507 / traduction française de Jean Temporal de 1556 éditée par Charles Schefer en 1895)

 

Parfois, ce sont des délinquants, ou prétendus tels, dont les rois se débarrassent de manière avantageuse, comme les 12.000 esclaves achetés par an au roi d'Angola par le Portugais Paulo Dias de Novais (dernier quart du XVIe siècle),  petit-fils de l'explorateur Bartolomeu Dias. Pourtant, les missionnaires jésuites s'impatientent que la conquête africaine ne progresse pas assez vite et trouvent notre homme "trop mou et trop lent' (António Brásio, Monumenta Missionária Afričana [M.M.A],  Lisbonne, 1952-1965, Vol. III, p. 145, document de 1576). Parfois, il ne s'agit que de conquête unilatérale, par la violence de la guerre, comme en 1588, où les mêmes Portugais conquièrent par la force une grande partie de l'Angola, où les conquistadores s'emparent non seulement des hommes mais de toutes les richesses possibles du pays : mines de sel (qui fait alors, office de monnaie d'échange), cheptel de boeufs et de moutons, huile de palme, porcs, nattes de raphia utilisés comme couchage, pots, etc., en violation de la charte accordée par la Couronne portugaise au colonisateur (Randless, 1969). Il faut dire que Novais avait renoncé à la paix et avait décidé tout ceci en représailles à l'assassinat de 80 de ses compatriotes et du vol de l'ensemble de leurs marchandises. Au XVIIe siècle, au contraire, entre 1603 et 1628, aucune provocation n'est à l'origine des exactions commises par les gouverneurs de l'Angola, mais là encore, ils ne seraient pas parvenus à leur fin sans une aide d'une tribu africaine appelée Jagas (ou Giachas, qui désignent peut-être les Bijagós), qu'on dit cannibale et nomade, qui envahit le Congo au XVIe siècle. La nature de ce groupe est assez épineuse, mais on apprend que les colonisateurs portugais les embauchent comme "chiens de chasse" pour les aider à capturer des esclaves (M.M.A., Vol. VI, p. 368, document de 1619). 

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"Ann Zingha, reine de Matamba", 

gravure d'Achille-Jacques Jean-Marie Devéria (1800-1857), d'après une lithographie de Jean-François Villain (actif entre 1818 et 1852) 

                      vers 1830 

            (New York Public library)

La célèbre reine Jinga (Ginga, D'zinga, Zingha, Njinga, Nzinga Mbandi, Ana de Souza, 1583-1663), dominant le Ndongo et le Matamba en Angola (de "ngola", chef de bataillon, roi), adopte les coutumes des Jagas et devient célèbre par son ardeur à lutter contre l'envahisseur européen, mais aussi  sa cruauté, où cannibalisme et infanticide auraient été institutionnalisés (Randless, 1969), rapporte le prêtre capucin et confesseur de la reine (convertie au catholicisme en 1658), Giovanni Antonio Cavazzi da Montecuccolo, dans Istorica Descrittione de'tre Regni Congo, Matamba et Angola..., Milan, 1690, Lib. V, par. 112, 1ère éd. Bologne, 1687), manuscrit illustré des tout premiers dessins d'Européens sur l'Afrique. Elle finira par abandonner nombre de ses terribles pratiques et son souvenir se maintiendra durablement dans les mouvements de résistance d'esclaves fugitifs brésiliens, qui formaient des communautés appelées quilombo, terme repris des kilombos, formations militaires de la reine pour combattre les Portugais. Elle figure sans doute de manière allégorique dans les candomblés, ces religions afro-américaines d'Amérique du Sud, ou encore dans les mouvements de base de la capoeira, art martial afro-brésilien. Elle est aussi devenue une icône gay, en particulier à cause des ses habitudes de travestissement, choisissant des hommes Noirs aux corps les plus beaux possibles pour les habiller en femme pendant qu'elle adoptait des vêtements masculins (Pierre Salmon, "Mémoire de la relation de voyage de M. de Massiac à Angola et à Buenos Aires", In Bulletin des Séances de l'Académie Royale des Sciences ďOutremer, tome VI, fasc. 4, 1960, p. 594).

           Cavazzi, Istorica..., 1687,  op. cité

                                  

                            planche 25

La reine Nzinga, au Royaume de Matamba, région de Kwanza, Angola. Elle porte une couronne chrétienne, avec sa suite de soldats et de musiciens :  un batteur avec un tambour de guerre, des trompettistes et un porte-étendard. 

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              planche 10,

Nzinga, fumant la pipe au milieu de serviteurs et de servantes et écoutant un joueur de tambour.

              planche 17,

Noble et sa suite, achetant à une marchande du tissu de raphia ou de palme.

              planche 19,

Musiciens avec instrument à vent, balafon et sorte de luth dont la caisse provient d'une calebasse.

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                 planche 23,

Procession avec des porteurs de flèches, coffre d'objets sacrés, de mortier/pilon et un musicien de marimba/balafon,  

                   planche 27,

Nzinga, fumant la pipe et une suite de soldats et de musiciens

                 planche 33,

"prêtre parlant au lion" (1), "jetant un sort" (2), "portant ceinturon avec des reliques et des objets sacrés" (3), des "gants de fer" (4) et "deux cornes à onguent en guise d'amulettes " (5).  

Les forts installés par les Portugais en Angola (Massangano, 1583 ; Muxima, 1599 ; Cambambe, 1604 et  Ambaca, 1611) sont environnés de petits états dépendant du Luanda, à qui les vassaux paient des tributs "en esclaves, en nattes de raphia et en vivre" (Randles, 1969).  Au fur et à mesure, de plus en plus de métissages ont lieu, car il y a  très peu de femmes blanches venues en Afrique (une pour dix hommes et à la fin seulement de la traite seulement). Les Blancs pénètrent peu dans le sertão (litt. "arrière-pays") angolais (climat, absence de cartes, sécurité,). Ils négocient directement dans les foires (feiras)  ou marchés de la vallée de Kwanza (ou Cuanza : Dondo, Beja, Lucala, Aco, Pugo Andongo, etc.),  avec des commerçants ambulants (funantes, feirante), ils sont   Soso, Hungu, Dembo Ambuela, etc.. 

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En dehors, plus à l'intérieur du pays, ils envoient des agents pombeiros (pumbeiros) et aviados, d'abord noirs, puis de plus en plus de métis, libres ou affranchis (et parfois des esclaves) catégorisés comme dans les pays américains de la traite atlantique, pas sur la couleur de la peau mais plutôt le niveau d'occidentalisation : descalçados (pieds nus), calçados (chaussés) étant seulement chaussés à l'occidentale, moradores ou  colonos  habillés et chaussés à l'occidentale. Il y a aussi des commerçants intégrés au commerce européen, les quimbares, des Africains venus des royaumes de Luanda, Nkoje (Encoje) ou encore du Cassange (Casanje, Kasanje), ou encore des agregados, Africains intégrés à la maisonnée d'un commerçant portugais (Margarido, 1981).

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Dans le Golfe de Guinée, sur le territoire actuel du Ghana, différents peuples (Guan, Ga-Andagbe, Akan venus de Côte d'Ivoire) commencent à avoir des échanges commerciaux avec les Européens et leur vendent, en particulier, des esclaves contre des armes à feu (Memel-Fotê, 1993).  Au XVIIe siècle, s'épanouit le royaume mandingue de Gaabu (Ngaabu, Ngabou, Gabou, Kabou, Gaabunke, Kaabunke), "grand pourvoyeur de captifs tant auprès des Européens que des peuples de l'intérieur" (N'Gaide, 1999), comme les Peuls, dont la  riche aristocratie  lui achète "des esclaves pour les travaux agricoles et domestiques"  (op. cité).  Le commerce avec les Européens va entraîner un certain nombre de changements : développement de l'industrie et de l'artisanat (vannerie, vin, huile, orfèvrerie, pirogues, etc.)  mais aussi des services (restauration, transport, crédit, prostitution, interprétariat, démarchage, etc.), avec une croissance des villes et l'émergence d'une classe sociale qui tente de concurrencer l'aristocratie traditionnelle, possédant déjà "des terres, de l'or, des esclaves ou du bétail, qui détenait un pouvoir politique" (Memel-Fotê, 1993). Cette classe brembi se distingue par des habitations en dur et à étage, des vêtements luxueux, de la vaisselle d'argent, possède des bijoux de perle, d'ivoire, d'or ou d'argent, possède de nombreux serviteurs, une milice, une alimentation riche et variée, des instruments de musique (op. cité). Ainsi Jantie Snees (1650-1672), marié dans la famille royale d'Afutu, qui gère un commerce pesant près de  60.000 damba-or entre 1668 et 1672, marié à 40 épouses, possédant cent esclaves, ou le chef traditionnel ohene  John Kabes (1680-1722), correspondant à la Royal African Company (RAC),  dont le salaire s'élevait à 4650 damba-or et qui traitait autant avec les Anglais que les Hollandais. Comme dans d'autres sociétés, la richesse permet d'accéder aux fonctions politiques élevées, ce qui amena par exemple à Ahen Afutu, un brafo  (chef militaire) devenu okyeame,  sorte de premier ministre ou vice-roi. 

damba or   :      :   Mesure de poids valant 0,074 gr ; le taku vaut 0,17 gr et le benda 57,4 gr ou 2 onces   (Memel-Fotê, 1993).

 

Ces métamorphoses sociales ont aussi produit des rites particuliers, comme "la fête de l'homme riche", dont le négociant français Nicolas Villault de Bellefond ou l'humaniste hollandais Olfert Dapper rapportent les premières manifestations au XVIIe siècle. Villault de Bellefond observe ainsi l'awura-yeda qui célèbre le 26 avril 1667 l'anniversaire de la consécration de Jantie Snees, à Cape Coast. 

Villault de Bellefond   Relation des costes d'Afrique, appellées Guinée ; avec la description du pays, moeurs et façons de vivre des habitans, des productions de la terre, et des marchandises qu'on en apporte, avec les remarques historiques sur ces costes…, voyage de 1666 et 1667, Paris, D. Thierry, 1669.

Olfert Dapper   (1636-1689), Naukeurige beschrijvinge der Afrikaensche Eylanden, 1668, traduit en français en 1686, Description de l'Afrique contenant les noms, la situation & les confins de toutes ses parties, leurs rivières, leurs villes & leurs habitations, leurs plantes & leurs animaux : les mœurs, les coutumes, la langue, les richesses, la religion & le gouvernement de ses peuples : avec des cartes des États, des provinces & des villes, & des figures en taille-douce, qui représentent les habits & les principales cérémonies des habitants, les plantes & les animaux les moins connus.

Cet ouvrage trans-disciplinaire, d'une démarche scientifique moderne, a été réalisé sur la base d'une nombreuse documentation, sans que l'auteur, semble-t-il, n'ait jamais mis les pieds en Afrique.

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Olfert Dapper, Description de l'Afrique, 1668, gravure de Jacob van Meurs, édition de 1676, Bibliothèque Nationale de France

Vue sur la rivière Lelunda, qui arrose la capitale du Royaume du Congo, Mbanza-Kongo, que les Portugais ont appelé San Salvador.

"Dans le système des économies dirigées qui prédominait dans les sociétés traditionnelles, l'aristocratie ne pouvait tolérer, sans contrôle ni risque, l'accumulation indéfinie. Une stratégie visant briser le cycle de accumulation, était nécessaire pour empêcher l'ambition de la fraction de la population d'origine roturière d'accéder à la classe des compradore. L' institution de la fête de l'homme riche faisait partie de cette stratégie Elle n'est pas seulement ou principalement une fête pour soi, une fête socio-économique que s'offrirait celui qui connaît le succès ou la prospérité Elle est aussi et surtout une fête pour l'autre, pour les autres, une fête célébrée dans le but d'obtenir leur reconnaissance officielle selon l'institution. Il s'agit donc véritablement d'une fête socio-politique" (Memel-Fotê, 1993).

Le nouveau riche  d'origine roturière est cependant assimilé plus idéologiquement que réellement par l'aristocratie, qui lui confère sept privilèges :  "la possession et le commerce des esclaves, le commerce universel, la participation au conseil municipal ou d'Etat,  la possession de symboles de haute distinction sociale (tambours, olifants, queue de cheval et d'éléphant, ornements d'or, boucliers, ombrelles), le droit à la fête anniversaire, une indemnité de représentation, l'exemption de l'esclavage ou de la captivité pour lui-même et pour ses enfants"  (Memel-Fotê, 1993).

 

Nous le voyons bien, la ploutocratie africaine, comme partout ailleurs, exerce son pouvoir en utilisant tous les moyens utilisés ailleurs par les élites dominantes, à savoir la force, la violence, la coercition, la ruse, la coopération entre puissants, qu'ils soient européens ou africains, mais aussi, l'assimilation des roturiers riches à la classe des élites, une association entre aristocratie et bourgeoisie, en forme de "promotion idéologique et sociale" (op. cité). On verra donc se former progressivement une bourgeoisie métissée, créolisée, dont  les membres les plus en vue assimileront les cultures européennes en voyageant à l'étranger et en y envoyant leurs fils y faire leur éducation : Et c'est encore une fois de plus un exemple de connivence, d'association entre ploutocrates aux intérêts de formes diverses mais si profondément identiques, puisqu'ils se fondent tous dans la recherche du pouvoir, de la domination et de la richesse. 

"Reputation and great Name amongst their Fellow-Citizens", dira Willem Bosman dans ses "Voyages de Guinée" (A new and accurate description of the coast of Guinea, divided into the Gold, the Slave, and the Ivory Coasts. Containing a geographical, political and natural history of the kingdoms and countries; with a particular account of the rise, progress and present condition of all the European settlements upon that coast; and the just measures for improving the several branches of the Guinea trade, Londres, Knapton, 1705)

Willem Bosman, gravure tirée du "Voyage de Guinée, contenant une description nouvelle & très exacte de cette côte où l'on trouve & où l'on trafique l'or, les dents d'éléphants, & les esclaves",

 Utrecht,  Antoine Schouten, 1705

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Le Cassange et le Matamba, principalement chasseurs d'esclaves après 1650, vont devenir des Etats courtiers, intermédiaires très actifs au XVIIIe siècle entre les Portugais et l'Empire Lunda, qui contrôlent mais aussi rançonnent  le trafic d'esclaves. Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, "les Lundas exportent des esclaves en quantité ; Manuel Correia Leitâo en témoigne lors de sa visite à Cassange en 1755" (Randless, 1969).  Pendant un temps très indépendant, le roi de Cassange ne laissait même pas les Blancs approcher le fleuve Cuango (Kwango, Kongo, Congo), voie majeure du transport des esclaves : 

"Ce Jaga [de Cassange] est puissant et ne permet à aucun Blanc d'approcher les rives du Cuango, ni d'entrer en contact avec les habitants de l'autre partie du fleuve. Il ne leur permet pas non plus de pénétrer sur son territoire, mais il fait du commerce avec eux et leur achète les Noirs au tiers du prix pour lequel il nous les vend"

Gastão Sousa Dias, Os Portugueses em Angola, Lisbonne, 1959

Entre 1740 et 1760 se forme le royaume Yaka  dans la vallée du Kwango,  où la chasse aux esclaves est soutenue, faisant des captifs qui étaient vendus aux Soso, Vili, Zombo, Imbangala, etc., provoquant au fur et à mesure des déplacements importants de population fuyant les Yaka vers le Kwilu voisin, aujourd'hui en République Démocratique du Congo, RDC (Histoire Générale de l'Afrique, op. cité,  Tome V,  L'Afrique du XVIe au XVIIIe siècle). 

En 1624, les Hollandais avaient édifié le premier fort à Annamaboe (Anomabu), sur la Côte de l'Or ( Gold Coast). Les Anglais y évincent les Hollandais en 1679 et en 1750, la Royal African Company  devient la Company of Merchants Trading to Africa (CMTA) et construit  un nouveau fort à quelques kilomètres de là, appelé comme Annamaboe à devenir un grand port de traite, Cape Coast Castle. Les britanniques doivent cependant compter avec les commerçants néerlandais et français (sans parler des Danois ou des Brandebourgeois), et leurs rivalités profitent aux chefs des ethnies Fante de la région, qui font monter les enchères. D'autre part, les guerres que se livraient Ashanti et Fante avaient, depuis le dernier quart du XVIIe siècle, augmenté le volume des captifs, et rendu la traite deux fois plus rentable que le commerce de l'or  (Sparks, 2014).  Randy Sparks a bien montré  l'indépendance des chefs Fante vis-à-vis des Blancs, qui acceptent ou renvoient des agents européens, refusent aux Anglais le monopole du commerce à Annamaboe. Ce ne sont pas les puissances étrangères, mais bien les potentats africains du moment qui décident qui peut être asservi ou non. On voit donc les Blancs, forcés de se soumettre aux bonnes volonté des pouvoirs africains, leur demander audience, et cette soumission est bien sûr mal accepté des Blancs, qui se pensent supérieurs, comme Thomas Melville, gouverneur de Cape Coast Castle en 1753, qui peine à accepter de devoir vivre "là où les Nègres sont maîtres"  (Sparks, 2014).

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Audience d'un dignitaire portugais auprès d'un roi du Congo 

Pigafetta, Relatione... (op.cité)

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ooronoko-aphra behn-British Library-1688

Le célèbre chef Fante John Bannishee Corrantee (Eno Baisie Kurentsi ou Kurantsi) est le Cabocere d'Annamaboe de 1730/40 jusqu'à sa mort en 1760.  Son fils Bassy est envoyé à Paris vers 1740, où il fréquente le Collège Louis Le Grand, et l'élite française, et un autre fils, William Ansah, à Londres, où il est accueilli comme un prince à la Chambre des Lords, pour écouter discourir le roi George II, à la Garden Party du duc de Richmond  en 1749, pour célébrer la paix d'Aix la Chapelle, ou encore à la représentation de la pièce Oroonoko écrite par la dramaturge Aphra Behn, la première écrivaine anglaise indépendante, selon Virginia Woolf (A Room of One's Own, "Une chambre à soi", 1929). Oroonoko raconte l'histoire d'un prince africain réduit en esclavage au Surinam, ce qui est arrivé justement à William, aux Antilles, à la Barbade, avant que la CMTA ne fasse tout pour le retrouver et le libérer de ses chaînes, afin d'éviter un conflit important entre les pouvoirs Fante et européens. 

Une des filles de Corrantee épousera l'Anglo-irlandais Richard Brew, un temps gouverneur du fort d'Annamaboe, et leur fils Harry, recevra son éducation en Angleterre, avant de revenir ensuite en Afrique en 1768 pour seconder son père dans ses affaires commerciales, qui le faisait échanger de très gros volumes de marchandises : tissus, armes, outils, mobilier, etc., contre des esclaves  (Sparks, 2014).  La famille créole deviendra une des plus puissantes au  Ghana.   

                                                                                                             zoom

                                                                                                           

Cabocere   :      :   du portugais caboceiro, "capitaine",  le terme désigne un chef Fante tout à la fois juge, chef politique et militaire, à la tête de milices, les bendefoes.

Beaucoup d'informations sur le sujet sont recueillies un peu avant et pendant la période coloniale occidentale, fin XVIIIe et XIXe siècle, période complexe de la colonisation européenne de l'Afrique, qui  sera examinée dans un autre article. Evoquons simplement les esclaves des sociétés forestières de la Côte d'Ivoire. Ils peuvent être exclus de la reproduction et stérilisés, comme chez les Kwadia ou permettre la perpétuation, le métissage ou l'enrichissement des lignages, en fabriquant ou en commercialisant le sel, l'or, le cola, permettant ainsi aux possédants de s'enrichir mais aussi d'assurer leur gloire, en offrant des présents (Henriques et Sala-Molins, 2002).  Dans certaines sociétés, la condition d'esclave représente une telle déchéance que leurs morts sont considérés comme des déchets, des "excréments", pour les Guro, qui les abandonnent dans la nature. Un autre asservissement que l'esclavage est connu comme "mise en gage" (pawning), où un maître met un individu sous sa dépendance au service de quelqu'un envers qui il est endetté (Testart et al., 2001)  Mais la personne gagée conserve son lignage,  son nom, ses ancêtres, et un certain nombre de libertés sociales, ce qui l'exclut totalement de l'esclavage mais qui le réduit de manière évidente à un asservissement plus ou moins pénible, selon les circonstances.

 

Il reste à ce jour un grand nombre de problèmes d'esclavage dans l'Afrique contemporaine, en témoigne par exemple le rapport de la fondation australienne Walk Free qui, en 2013, plaçait l'Afrique loin en tête des continents où l'esclavage était le plus répandu, puisque ce sont 38 pays africains qui étaient concernés sur les 50 pays recensés, avec la Mauritanie tout en haut de ce triste palmarès et ses 150.000 esclaves estimés, soit 4 % de la population (Esclavage : les dix pays africains les plus touchés, article de la revue  jeuneafrique, 22 octobre 2013).  "L’esclavage moderne peut prendre plusieurs formes : le trafic de personnes, le travail forcé, l’exploitation des enfants, le mariage forcé, ainsi que toutes les pratiques privatives de liberté. L’indice a été estimé à partir de trois facteurs principaux : la prévalence estimée de l’esclavage moderne dans la population, le mariage des enfants, et le trafic de personnes"    (op. cité). 

                   

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