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      AfriqUE NOIRE,   
 dominations 
et esclavages

 [ 5 ]  Du Limpopo au Zambèze  (IXe-XVe siècles)
                         Hiérarchies à tous les étages  

 

 

 

Introduction

Dans une région occupée aujourd'hui par l'Afrique du Sud, le Botswana, le Zimbabwe et le Mozambique, a fleuri entre environ 900 et 1450 environ des cultures dont l'emblème est devenu symboliquement le  fameux Grand Zimbabwe (madzimbabwe), cette grande enceinte de pierre qui doit son nom à la langue shona et qui signifie   "construction de pierre", ou "maison de pierre" : zimbabwe, zimbabye, zimbaoë simbaoë  (cf. Barker, 1992 ; Fauvelle-Aymar, 2006)

 

Carte des premières régions centralisées  d'Afrique australe,

enrichie sur la base de Huffman, 2009)

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Carl Mauch (1837-1875), naturaliste et géologue allemand installé dans la république du Transvaal, est le premier Européen à découvrir les ruines imposantes dans ce qui est devenu le Mashonaland, région située au nord de l'Afrique du Sud (à l'époque, en Rhodésie), habitée par les ancêtres de différentes populations bantoues. L'histoire de ces pierres sera longtemps tissée de légende. Quand Mauch commence à étudier de près les ruines, il a vent de ce que les habitants des environs éprouvent comme crainte à ce sujet : "les lieux seraient hantés par un pot à quatre pattes contenant une substance jaune, qui se referme et coupe la main de qui s’y penche. Ce sont des Blancs, lui dit-on, qui bâtirent la forteresse en des temps reculés ; n’est-ce pas à leur savoir-faire, étranger aux Noirs, qu’il faut attribuer la construction de murailles constituées de blocs de granit équarris élevés sans mortier ? Les traces d’une ancienne métallurgie, qui font écho aux rumeurs d’or, s’ajoutent aux arguments…"  (Fauvelle-Aymar, 2006).  Comme ces habitants, Maus n'échappera pas à une vision fantasmatique des lieux, faisant du Zimbabwe l'ancien pays de Saba, dont la reine avait fourni l'or et l'ébène du temple de Salomon, histoire qui servira de matériau au roman de Henry Rider Haggard, "King Solomon's mines" ("Les mines du roi Salomon"), en 1885. Richard Nicklin Hall, journaliste, et le prospecteur d'or William G. Neal, les premiers mandatés par le colonisateur Britannique Cécil John Rhodes (1853-1902), premier ministre de la Colonie du Cap de 1890 à 1893, vont affirmer en 1904  que le Grand Zimbabwe est l'œuvre d'immigrants blancs, mais en 1929, deux expéditions britanniques (dirigées par David Randall MacIver puis Gertrude Caton-Thompson), deux professionnels du sujet, cette fois, véritables archéologues, viendront les contredire, mettant à mal le discours idéologique à l'appui de la colonisation. 

 

Longtemps décrite de manière linéaire, avec une succession classique d'entités politiques cédant tout à tour la prééminence,  l'histoire des premiers Etats connus de l'Afrique australe s'est avérée, depuis une dizaine d'années, bien plus complexe, faite d'un enchevêtrement d'influences de diverses cultures, dans le temps et dans l'espace.  Les premiers stades d'organisations politiques en Afrique australe, constituées vers 300 à 700 de villages dispersés, établis dans la vallée du fleuve Limpopo par des agriculteurs-fermiers aux parlers bantous, ne présenteraient aucun signe apparent de différentiation et de hiérarchie sociales, d'après les études archéologiques  (Chirikure et al, 2013).   

 

Ces vallées où s'installent progressivement ces populations bénéficient des crues du fleuve Limpopo et de son affluent, la rivière Shashe (Shashi). Celles-ci arrosent un vlei (plaine argileuse), qui assure une fertilité des terres environnantes, particulièrement propice une grande herbacée, la  Sporobolus (Sporobolus pyramidalus), dont l'abondance, à la faveur du climat permet de nourrir de grands troupeaux, source accumulative de richesse.  Par ailleurs, dès le VIIe siècle,  semble-t-il, de l'or est exploité dans la région, ce qui semble se répercuter dès le IXe siècle sur l'économie de la cité-Etat de Kilwa (Beaujard, 2013),  sur la côte swahilie, tête de pont  du commerce de l'or entre le XIIe et le XIVe siècle  avec Sofala, entre le plateau de Zimbabwe et les marchands de l'océan Indien  (cf. carte et texte dans Traite orientale préislamique).  D'autres raisons sont aussi invoquées pour expliquer la formation de sociétés hautement complexes, en Afrique australe ou ailleurs, qui ont trait à la coercition, à la puissance militaire et à la guerre, dont de nombreux témoignages archéologiques et ethnologiques signent la présence, dans de nombreuses régions du monde, durant les périodes qui précèdent l'émergence des états centralisés, souvent caractérisés par des traits communs, tels l'accroissement de la population, la vie sédentaire dans des villages, le développement de l'agriculture et de l'élevage, un ensemble de richesses qui favorise les surplus de production  (Kim et al, 2015).  

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Entre le IXe et le XIIIe siècle, la région se présente comme un laboratoire social très riche d'intérêt, qui nous montre la complexe transformation de communautés passant d'une  organisation socio-économique semble-t-il relativement égalitaire, cela a été dit, à une société de plus en plus centralisée et hiérarchisée. Au IXe siècle de nombreux sites sont habités par une communauté d'agriculteurs-éleveurs, les Zhizo, dont Schroda est le village principal (voir carte). Le climat n'étant alors pas des plus favorables, la région subissant une relative sécheresse, les Zhizos s'installent vers 900 dans la vallée de Limpopo en vue de chasser l'éléphant pour son ivoire, qu'ils commercent avec les marchands de l'océan Indien, sur la côte swahilie (Huffman et al., 2003 ; Smith, 2005). Les archéologues ont retrouvé à Kaitshàa ou à Schroda de  nombreuses perles de verres qu'ils recevaient en plus de vêtements, contre l'ivoire, mais aussi des céréales, des peaux de bêtes ou des objets en métal.  Ces perles, fabriquées au Moyen-Orient, peut-être dans la région du golfe Persique (Wood, 2015), passaient par les principales plaques tournantes du commerce de la côte swahilie,  Chibuene, d'abord, dans la baie de Vilanculos, au sud du Mozambique,  d'où proviennent les premières perles trouvées en Afrique du Sud, puis,  Sofala, 250 km plus au nord (cf. carte et Traite orientale préislamique).  En 916, toujours durant son voyage en Afrique de l'Est, Al-Masudi est témoin de ce commerce d'ivoire venu des pays des Zandj, et exporté via la côte swahilie vers "Oman, l'Inde et la Chine" (Al-Masudi, vers 893-956, مُروجُ الذَّهَب و مَعادنُ الجَوهَر,  Murūj adh-dhahab wa-ma'ādin al-jawhar : "Prairies d'Or et mines de pierres précieuses", vers 943, XXXIII).  Al-Masudi évoque aussi l'abondance de l'or du pays de Sofala (bilad as Sufala), 

perles   :  "Les perles enroulées sont fabriquées en enroulant du verre fondu sur un mandrin (généralement une tige ou un fil de fer) jusqu’à ce que le volume de perles désiré soit atteint. Bien qu’encore visqueuses, les perles peuvent être façonnées en les marbrant ou en les manipulant avec divers outils; Elles peuvent également être décorés avec du verre de différentes couleurs.

 

Mis à part quelques perles en verre plomb-silice...toutes celles trouvées en Afrique orientale et australe sont faites de verres soude-chaux-silice. Ces verres sont fabriqués en faisant fondre du sable ou du quartz broyé " (Wood, 2015).

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Colliers de perles 

perles dont cobalt (bleues) et turquoises (vertes) provenant en grande partie du commerce avec de nombreuses régions : pays islamiques du Moyen-Orient, Inde (côte de Coromandel en particulier), Indonésie,, Chine, etc. . Les archéologues ont  mis à jour plus de... 100.000 perles ! 

Mapungubwe, Afrique du Sud

 

vers 1000 - 1290     

 

(Colomban et Prinsloo, 2008 ; 2012)

 

 

 

Vers l'an 1000, des populations de la culture dite "Léopard de Kopje" (Leopard's Kopje, "Léopard des collines pierreuses" en hollandais et site éponyme au Zimbabwe), ancêtres des Shonas et des Kalangas,  investissent la vallée et établissent leur centre à Bambandyanalo, dont le site archéologique de K2,  sur la colline de Bambandyalo, est le principal vestige (voir carte). La communauté élève du bétail, bovins et ovins : vaches, moutons, brebis, chèvres..., et cultive largement sorgho et millet, haricots et pois (Murimbika, 2006). Elle s'y développera entre 1000 et 1220 environ, en imposant sa marque, en témoigne la présence dominante de sa céramique, partout dans la vallée, avant d'occuper Mapungubwe, vers 1220 à 1300 (Voigt, 1983), à deux kilomètres de là (voir carte).  Selon  plusieurs  chercheurs, leur invasion hostile aurait forcé beaucoup de groupes Zhizos vers l'est du Botswana (Toutswe, Bosutswe : voir carte), et dont les poteries adoptèrent les caractéristiques des céramiques des groupes Toutswes, installés dans la région. 

Des élites des sociétés pastorales du  Kalahari, installés sur une frange orientale du Botswana actuel, ont entretenu des rapports avec celles de leurs voisins zimbabwéens, recevant de leur part  perles de verre, cauris ou cônes (coquillages du genre Conus) contre leurs surplus de bétail.  L'élevage du bétail est donc ici au cœur de la domination sociale, et dans l'Afrique australe de la fin du premier millénaire, il est devenu à la fois une ressource "allocative" et "autoritaire" déterminant le pouvoir.  (Barker, 1992).   

 

D'autres Zhizos sont restés dans la région, mais leur nouveau style de poterie leur ont attribué le nouveau nom de Leokwe. Si on a pu croire que les Leokwe avaient continué de vivre un temps de manière  indépendante, en suivant leurs propres coutumes  (Calabrese, 2000 ; 2005), des fouilles à Castle Rock ou d'autres sites Leokwe tendent finalement à montrer qu'ils furent inféodés dès les premières confrontations à l'envahisseur (Mashimbye, 2013).  Alors que les Zhizos opéraient une large redistribution des marchandises obtenues de ce commerce, les dirigeants de K2 se mirent à restreindre leur accès. Produisant bientôt leurs propres perles ("garden rollers"), ils en firent un objet principal de commerce avec les Toutswes (Wood, 2000)mais aussi une marque de prestige et  de statut social.

 

On oublie cependant trop souvent que les premiers agriculteurs de la région ont trouvé là des groupes de chasseurs-cueilleurs installés dans la région depuis au moins 12.000 ans (Forssman, 2015)Des relations s'établiront sur une longue période entre les différents groupes d'agriculteurs installés dans la vallée Limpopo comme les chasseurs-cueilleurs relativement sédentaires, qui  habitent dans des abris rocheux. Dans certaines régions, comme autour du Great Fish, dans la province actuelle du Cap Oriental, en Afrique du Sud, les chasseurs-cueilleurs se retirent dans les montagnes ou limitent le contact avec les agriculteurs. A Madikwe, aujourd'hui une réserve dans la province du Nord-Ouest, certains chasseurs-cueilleurs sont allés s'installer avec les agriculteurs, mais ont continué de produire des outils en pierre (Hall 1994 ; 2000)Dans le refuge de Little Muck, exploré par Hall, près de la plaine inondable du Limpopo, aujourd'hui dans le Parc National de Mapunbugwe, ont été  découvertes des traces de la culture K2, qui tendent à montrer une relation entretenue avec ces populations d'agriculteurs : poteries, perles, métaux,  etc.  Mieux encore, les fouilles ont permis de retrouver de très nombreux grattoirs qui ont servi, affirme l'anthropologue Tim Forssman, de l'Université de Prétoria,  à des activités artisanales, qui travaillaient l'os et le bois et ont permis aux habitants du refuge d'établir des relations de troc avec les populations de K2, échangeant leurs créations contre des poteries, des perles ou du métal (T. Forssman, "Unearthing the neglected role of hunter-gatherers in social transformation", article paru le 30 avril 2020 dans Mail & Guardian)Ces relations commerciales ont même poussé certains groupes de chasseurs-cueilleurs, comme à Dzombo (au-dessus du Limpopo) ou Little Muck, à augmenter leur production de chasse pour échanger des produits contre leur surplus de gibier.  Les signes de richesse et de distinction sociale ont alors été augmentés et ont laissé des traces dans les habitats de pierre. A d'autres endroits, les chasseurs-cueilleurs n'ont pas changé leur mode de vie au contact des fermiers. Le refuge de Balerno Main, toujours dans le Parc Naturel de Mapungubwe, est en cela intéressant qu'il est devenu un camp collectif, entre 1220 et 1300, où se réunissaient plusieurs groupes de chasseurs-cueilleurs à une époque de l'année pour approfondir leurs relations sociales. Ils échangeaient alors des dons, organisaient des mariages, des festins, pratiquaient des rituels de danse, de transe, des expéditions de chasse, avant de se diviser de nouveau en petits groupes  (Forssman, op. cité)De tout cet enseignement, l'anthropologue déduit que les archéologues n'ont pas encore pris la mesure de l'importance des chasseurs-cueilleurs dans le développement de l'économie et de la culture locales.  Signalons aussi que de nombreuses peintures rupestres figurent sur les parois des différents abris connus (voir images ci-dessous). Le refuge de Kaoxa, par exemple, ne contient pas moins de seize espèces d'animaux représentés (lions, koudous, elands (bovidé), gemsbok (oryx gazelle), girafes,  hyènes, criquets, etc.) Non loin du refuge de Little Muck, enfin, ou encore de Kaoxa on peut encore voir, creusés dans la roche,  des jeux de mankala (mancala), plus connu sous le nom d'awélé (voir images ci-dessous), qui nous rappellent aussi qu'il ne faut pas confondre la vie fruste de certains peuples avec arriération intellectuelle et sociale. 

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Carte de la Vallée du Limpopo, vers 900-1300, sites des chasseurs-cueilleurs : Refuges de Dzombo, Mmamagwa, João, Kambaku Camp, Mafunyane, au Botswana Refuges de Tshisiku, Balerno, Little Muck et Kaoxa, en Afrique du Sud. 

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     «  quoi bon l'ethnoarchéologie ? »  

 

 

 

En arrivant dans la vallée de Limpopo, Les Zhizos/ Leokwe étaient déjà des sociétés hiérarchisées, possédant des élites et des roturiers   (Calabrese, 2000 ; 2005).  Ils sont parmi les premiers dans la région à ébaucher des formes étatiques, avec des lieux centraux et autonomes qui assurent différents échanges.  Comme les hommes de Léopard de Kopje, les Zhizos organisent leurs villages selon le système connu sous le nom de CCP (Central Cattle Pattern"Modèle de centralisation du bétail") conçu par l'archéologue sud-africain Thomas Huffman (1944-2022), fondé sur quatre points principaux : "a) un enclos central pour le bétail qui contient des fosses de stockage du grain et des sépultures d’élite ; b) une cour de justice tenue par les hommes à côté ou à l’intérieur de l'enclos ;  c)  des maisons à l'extérieur, en arc de cercle, avec une maison principale en amont de l'enclos et le reste disposés à droite et à gauche selon l’ancienneté des individus ; et d) à l’intérieur d’une maison, une distinction homme-droite/gauche-femme qui est généralement orientée perpendiculairement à une dichotomie avant-laïque/arrière-sacrée"  (Huffman, 1982).  C'est l'ethnologie qui a inspiré ce modèle, par le fait qu'un certain nombre de structures sociales de sociétés contemporaines, telles les Nguni et les Sotho-Tswana sont très semblables à celles de leurs lointains ancêtres.  Mais différents auteurs n'ont pas manqué de critiquer la validité de l'ethno-archéologie, en pointant les erreurs d'ethnologie par elles-mêmes (par exemple, les  Swazis n'enterrent jamais leurs morts dans leur enclos mais loin de lui, cf. Russel, 2022),  mais surtout, en dénonçant le manque de scientificité de la méthode.  Ainsi, selon Paul Jérémy Lane, elle associerait imprudemment continuité formelle  à continuité historique. C'est ce qu'a rappelé P. J Lane à propos de Thomas Huffman , qui,  avec son modèle de CCP aurait parfois, selon lui,  cherché à calquer les données ethnographiques sur les données archéologiques, sans tenir compte du contexte historique   (Lane, 2005) Il n'est pas possible ici de détailler ce sujet, qui sort du cadre de cette étude, mais les cultures concernées ont connu de nombreuses évolutions entre le début et la fin de l'âge du fer (Badenhorst, 2009), de même ensuite jusqu'à nos jours, où la colonisation a produit, par exemple ses effets.   

Cependant, le travail des ethnoarchéologues,  Thomas Huffman, en tête, met en lumière un certain nombre de traits communs aux cultures bantoues anciennes et modernes qui nous intéressent beaucoup ici.  En effet, les connaissances ethnologiques ont permis d'étudier de près les restes de carcasses trouvées par les archéologues dans les kraals (enclos à bétail), placés longtemps au centre du village, non loin desquels habitait le chef de la communauté. Le faciès de K2, bien étudié, présente ainsi  un modèle d'infrastructure repéré par Adam Kuper  (Kuper, 1982)  et repris par Huffman pour une analyse ethnoarchéologique, en particulier chez les Venda. Au sein de cette ethnie, étudiée en particulier par Hugh Arthur Stayt ("The Bavenda", 1931, Londres, Presses de l'Université d'Oxford),  le bétail, tout d'abord, demeure, hier comme aujourd'hui, un élément prépondérant de prestige. Il détermine l'importance de la dot (lobola), et son enclos, le kraal, est toujours un symbole éminent de la puissance des mâles. Par ailleurs, la découpe des carcasses des animaux de boucherie est encore très réglementée, par genre et par ordre de préséance, comme cela a été confirmé pour leurs lointains ancêtres. On ne s'étonnera  donc pas que l'étude des carcasses trouvées dans le kraal central de K2, par exemple, ait révélé une importance significative de morceaux de choix réservés aux hommes, appartenant surtout à l'élite. Il n'est que de constater la division genrée et très hiérarchisée effectuée lors de l'abattage des bêtes par les Venda au XXe siècle, pour le comprendre : 

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(Russel, 2022)

 

On comprendra aussi pourquoi les hommes ont occupé des aires centrales, où ils résolvent les problèmes politiques et les conflits, où ils enterrent les membres de l'élite, au statut élevé, où les forgerons (domaine souvent élitiste en Afrique), exercent leur activité. De plus, c'est au centre, où se situent, avant d'être souvent déplacés à l'extérieur (contredisant le modèle CCP), non seulement le bétail du kraal, mais les fosses de stockage des grains, creusées dans le sol, ou les silos à grains, au contraire surélevés, pour une conservation plus longue. Entre 1100 et 1150, en effet, à K2, le bétail a été déplacé du centre du village à l'extérieur, comme ça continuera d'être le cas à Mapunbugwe. Badenhorst rappelle, par ailleurs, que la conservation des denrées au centre du village aurait pu recevoir une explication beaucoup plus pratique, comme celle de les protéger de différents prédateurs, tel le lion, ou de raids ennemis, plutôt qu'une explication d'inégalité sociale  (Badenhorst, 2009) D'autre part, entre 1100 et 1150, à K2, le bétail a été déplacé du centre du village à l'extérieur, comme ça continuera d'être le cas à Mapunbugwe. Cela n'empêche pas les hommes de l'élite d'être toujours socialement supérieurs aux femmes ou à l'ensemble des gens du commun.  Chez les Leokwe, des kraals supplémentaires ont été aussi retrouvés  (Mashimbye, 2013), qui rappellent la coutume d'ukusisa, chez les Swazis, qui cherchent à disperser l'excédent de bovins à différents endroits de la parentèle, et faire du kraal principal un endroit relativement vide qui n'attirera pas la jalousie et la convoitise  (Russel, 2022)  Enfin, précisons que, de nos jours, chez les peuples swazi, xhosa ou encore mfengu  les kraals peuvent avoir un rôle symbolique et non utilitaire. Dans certains cas, on n'y trouve aucune présence de bétail, n'étant alors là que pour des buts symboliques, relatifs en particulier  à la chefferie (umphakatsi), comme ici, au Swaziland, rebaptisé Royaume d'Eswatini ("terre des Swazis") en 2018, pour célébrer les 50 ans de la fin de la colonisation britannique, en 1968  (Russel, 2022).  

 

Là encore, les pratiques évoluent, mais continuent de tracer physiquement et mentalement les marques de puissance et de  pouvoir dans la société, comme dans toutes les sociétés hiérarchisées du monde.  

La sexualisation, reléguant les femmes dans des zones périphériques du village, ne s'arrête pas aux objets de pouvoir, mais s'étend à l'ensemble des relations sociales. Cantonnées à la sphère domestique, les femmes mariées occupent une aire extérieure, avec leur propre maisonnée, avec  cuisine, chambre, fosse et silo à grains, ou encore tombeau particuliers (Fatherley, 2009).  S'ajoute à cela un système concentrique d'occupation basé sur l'ancienneté du centre vers l'extérieur, des plus anciennes, qui habitent dans une grande hutte en amont du kraal, aux plus jeunes. Notons que, dans les années 1960, cette ségrégation poussée, qui instaure des inégalités profondes entre sexes, classes d'âge, et rangs sociaux, a été étudiée chez les Venda du nord du Transvaal par l'anthropologue Jacqueline Roumeguère-Eberhardt. La chercheuse rapporte en particulier que l'instruction y était fortement discriminante. La séparation des groupes initiatiques pour atteindre divers degrés de connaissance se faisait en effet en  selon le sexe, l'âge et le rang social  où "on distingue encore les connaissances des aristocrates et celles des roturiers. Nous voyons donc que les différents cadres de la connaissance découlent directement des structures sociales"  (Roumeguère-Eberhardt, 1963).  

On retrouve donc bien, dans les premières sociétés centralisées de l'âge du fer d'Afrique australe, comme dans un certain  nombre d'entre elles à une période très récente, de nombreuses structures sociales discriminantes, tant en terme de genre (homme ou femme), que d'âge (jeune ou vieux) et de statut social (pauvre ou riche) catégories d'autant plus inégalitaires qu'elles s'additionnent les unes aux autres, cumulant les injustices pour les faibles et les privilèges pour les puissants. Hier comme aujourd'hui, les élites partageaient la même idéologie basée sur un strict patriarcat et un pouvoir sans partage. Cette patrilinéarité a ainsi conduit à la formation d'une classe de possédants soudés par un chef auréolé du sacré  (Huffman, 2009) 

 

 

                   Mapungubwe-Zimbabwe : 

 

                         « le droit sur les têtes »

 

Contrairement à ce qu'on a cru pendant longtemps, Mapungubwe et Grand Zimbabwe ne sont pas les premières cités à posséder ces vastes murs d'appareillage de pierres sèches, sans mortier qui ont rendu célèbre la Grande Enceinte ou Grand Enclos du Grand Zimbabwe.  A Mapela, à 150 km environ au nord-est de Mapungubwe,  à la confluence de la Shashe et duLimpopo, ils avaient été dressés dès le milieu du XIe siècle, presque deux siècles avant ceux de Mapungubwe, et avaient abrité, de 1050 à 1400 environ, une cité bien plus étendue encore, au point où l'historien et archéologue zimbabwéen Peter Storr Garlake (1934-2011) pensait que Mapela avait été une capitale d'un état indépendant de celui de K2 (Chirikure et al.,, 2014). Les comparaisons ne s'arrêtent pas là. Les vastes terrasses supérieures et le sommet de la colline,  à Mapela, réservés traditionnellement aux élites et aux chefs, possédaient eux aussi les sols très massifs d'adobe (dhaka, daga), véritable plancher d'adobe réservé aux nantis, qu'on retrouve à Mapungubwe et Grand Zimbabwe. On y a retrouvé, par ailleurs, des perles de verre et des poteries de type Zhizo, K2/1, K1/2 et Mapungubwe,  tout un matériel, donc, associé à une solide société de classes sociales, mais aussi de leadership sacré commun à tous les premiers proto-états ou états bantous de l'Afrique australe (Garlake, 1968 ; Chirikure et al.,, 2014).  D'autre part, la découverte de kraals aussi bien au sommet qu'en bas des collines bousculent encore une fois le système trop fixiste du CCP de Huffman (Chirikure et al., 2014).  Située à près de 20 km de la ceinture aurifère de Gwanda-West-Nicholson, Mapela devrait probablement un jour ou l'autre révéler son rôle dans la production et le commerce de l'or. 

Un autre trait civilisationnel, et toujours élitiste, des premiers royaumes d'Afrique australes, est la pratique culturelle d'invocation de pluie (mothakgo), et, là encore, la coutume n'était pas nouvelle. Elle avait évolué à la transition k2 en un mode d'accaparement du pouvoir et elle était déjà abondamment pratiquée à Mapela  avant de l'être à Mapungubwe ou au Grand Zimbabwe (Chirikure et al., 2014),  avec de nombreuses traces de combustion des transactions rituelles (cf. plus bas), ou de cupules réceptacles en haut des très hautes falaises du site.

 

 Entre 1200 et 1220, la culture K2 se déplace à Mapungubwe, qui devient la nouvelle  capitale d'un royaume autour de la vallée du Limpopo, cité comptant alors environ 5000 âmes. Dès le début, la plus grande partie de la population est installée en bas de la colline et un petit groupe d'élite, au sommet. Pour la première fois de l'histoire de l'Afrique australe les chefs sont complètement isolés du reste du peuple et commencent à s'enrichir significativement de l'élevage du bétail et du commerce des biens (Mashimbye, 2013).

'L'archéozoologie montre que les bovins fournissaient la viande et peut-être des produits secondaires pour l'élite zimbabwéenne, la viande de première qualité étant réservée aux membres les plus puissants de la communauté. Associées à d'autres données archéologiques, elles montrent aussi que le flux des bovins donnés comme tribut aux élites ne venait pas seulement de la région contrôlée par ces dernières, mais aussi des sociétés pastorales du Kalahari situées à la périphérie des états zimbabwéens. De plus, pour les communautés zimbabwe comme pour les sociétés de pasteurs, il semble que le contrôle des troupeaux et "le droit sur les têtes", ait aussi joué un rôle majeur dans le développement de la stratification sociale, en même temps qu'ils étaient des moyens importants pour entretenir une clientèle. Ces observations pourraient bien être transposables au problème du développement et du maintien de la stratification sociale durant la Préhistoire en Europe"  (Barker, 1992).

 

Nous avons là une société toujours structurée de manière très hiérarchique, où les rois et les hauts dirigeants du royaume vivent à l'intérieur d'enceintes de pierres, des domaines masculins où  nobles et religieux vivent comme dans autant de "centres spirituels nationaux" (Huffman, 2009), où les élites et leurs prêtres médiums opéraient une médiation entre leur société et la nature hostile environnante, les chefs s'arrogeant petit à petit la place des faiseurs de pluies, nécessaires aux récoltes, et augmentant significativement leur pouvoir. 

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Mapungubwe et Zimbabwe, plans schématiques, basé sur Huffman, 2009.

Les recherches croisées de l'archéologie et de l'ethnologie ont permis d''établir deux systèmes d'invocation de pluie, dont les "professionnels" étaient quasiment tous des hommes, à l'exception d'un cas connu de femme, grimée cependant en homme, avec moustaches, poitrine plate, larges épaules et hanches étroites  (op. cité ). On accordait seulement aux femmes un rôle mineur d'assistance, comme celle qui était demandée à des jeunes filles pour répandre des remèdes de pluie dans les champs.  De leur côté, chefs et notables faisaient transporter de la bouse de bétail  enflammées entre le centre névralgique et leurs maisons, pour que la fumée conduise les nuages à se rassembler au-dessus du royaume. En cas d'échecs successifs, quand la sécheresse persistait, les faiseurs de pluie (monesapula) montaient alors sur des collines spéciales dédiées aux chutes de pluie, des lieux difficiles d'accès, très sauvages, mais où l'on a retrouvé des poteries de différentes période, en particulier des cupules en forme de citernes naturelles  miniatures, dans lesquelles on versait une bière rituelle (Huffman, 2009).  En haut de ces collines, les faiseurs de pluie sacrifiaient une chèvre, reconstituaient temporairement des kraals miniatures, de petits silos à grains, supports à différents rituels propres, selon la croyance, à déclencher les pluies. Le passage de la culture Mapunbugwe à celle du Zimbabwe apportera des changements à cette pratique, qui déplacera l'aire ritualisée des lieux sauvages aux lieux habités, précisément derrière le palais. D'autre part, ce sont les élites qui dirigent alors les différents rituels, comme ce la a été évoqué, le chef sacré devenant le faiseur de pluie et l'intercesseur entre Dieu, les hommes et les ancêtres, opérant au moment des récoltes avec de la bière de sorgho et pratiquant le sacrifice d'un taureau noir, rituels repris ensuite par les chefs locaux au sein de leur communauté.  On voit là un glissement théologico-politique qui a permis aux chefs d'accroître leur sphère de pouvoir, en étendant la puissance des élites à l'ensemble de la sphère sociale économico-religieuse, se réservant les richesses, se protégeant davantage  par des murs puissants et des  gardes armés, se revendiquant  intercesseurs entre le divin et les hommes.  A l'instar de très nombreuses royautés antiques, les Bantous orientaux ont construit une figure du chef étroitement associée à des principes sacrés : la terre, ses ancêtres, ou encore Dieu lui-même. 

 

 

Différentes études montrent que la classe dirigeante continuait de se réserver le bétail de choix,  retrouvé en nombre important dans les espaces royaux, abattu à un âge plutôt jeune, fournissant aux riches une viande tendre  (ovins, caprins, antilopes, etc.) pendant que le petit peuple se nourrissait plutôt de ses chasses et des ses cueillettes sauvages.  Par ailleurs, le bétail, comme l'or devaient être les principaux tributs apportés par les villages aux centres royaux, en plus du service militaire, sur une dizaine de territoires du plateau zimbabwéen, sortes de polygones  remarquablement semblables, à la fois en terme de taille, de 65 km de rayon chacun, et de ressources disponibles   (Barker, 1992).  Aux chefs locaux, revenaient plutôt les perles, le tissu et autres biens de prestige, apportés dans des centres régionaux. 

Les femmes  et les gens du commun, quant à eux, habitent à l'extérieur (les femmes des souverains ayant leurs propres chambre, cuisine et tombeaux), avec une préséance pour les plus anciens, qui bénéficiaient  de bons emplacements, comme une grande hutte construite près de la cour royale et du kraal (enclos destiné au bétail), elle même divisée en deux, autour d'un foyer central,  en deux espaces : femmes-espace domestique / hommes-espace sacré.  Parmi les mal lotis, les femmes avaient la dure tâche de cultiver les champs et s'occuper en plus de la maisonnée : "Aucun homme, quelle que soit sa condition, met la main à la culture des champs", racontera les missionnaires portugais Fernandez et Silveira en 1560, qui visitèrent Gambe, un chef Tonge (Tonga).

 

 Les fameux objets en or de Mapunbugwe, datés du XIIIe siècle, les premiers connus en Afrique australe (dont le fameux rhinocéros, cf. plan Mapungubwe, plus haut), avant ceux de Bosutswe et de Thulamela (XIVe-XVIe s., voir carte ci-dessous) n'ont été retrouvés que dans trois tombes royales sur les 27 qui ont été fouilléees sur le site de l'âge de fer de Mapungubwe Hill. L'origine de l'or est  autochtone, tirée d'une ceinture aurifère, une sorte de chapelet de petites mines ou de dépôts d'or disséminés sur les schistes métamorphiques du plateau du Zimbabwe,  cf. carte dessous (Miller et al., 2000). Cependant, disposant de très peu d'études archéologiques sur les sites de l'âge du fer,  les mines anciennes qui ont été  précisément exploitées pour travailler l'or de cette époque ne sont pas précisément connues. 

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Al-Idrissi (Al-Idrîsî, vers 1100-1165) rapporte que du fer et de l'or africain étaient déjà exporté en Arabie et même en Inde, et au siècle suivant, la production de cet or avait augmenté pendant l'épanouissement de la royauté à Mapungubwe, qui alimentait le commerce avec les marchands islamiques de la côte swahilie  (Axelson, 1969)

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                                                    Rhinocéros

                                    tombe royale  de Mapungubwe

  Bois recouvert de feuilles d'or               L  14,5  x  H 5,5   cm     37,4 g 

                                                   vers - 1220  - 1290

                                  Collections de l'Université de Prétoria

                                                   

                                

                                                               

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                                                                                    Bol 

                                                             tombe royale de Mapungubwe

                   Bois, recouvert d'une feuille unique d'or repoussé           Ø  14,4   cm       78 g 

 

                                                                                            vers - 1220  - 1290

                                                              Collections de l'Université de Prétoria

                                                               

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32, 8 g,

11, 9.  x 5, 20 cm   

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GRAND   ZIMBABWE

 

De nouveaux déplacements de populations s'opèrent vers 1300,  qui s'installeront entre les fleuves Zambèze et Limpopo (voir carte), sur le plateau central du Zimbabwe,  en particulier, cela a été dit, de Mapungubwe au Grand Zimbabwe, pour y demeurer jusqu'à 1500, environ, époque à laquelle le climat de la région a commencé de devenir plus froid et plus sec,  obligeant les communautés à la quitter pour des cieux plus cléments, dans la région de Khami, de Naletale (Nalatale), Danangombe (Danamombe, Dhlodhlo, Dhlo Dhlo), conquise plus tard par les Rozwi, au XVIIe siècle, ou encore  Taba (Thaba) zika Mambo ("colline du roi"), qui a très peu été étudiée à ce jour : On voit clairement ici que la civilisation très hiérarchisée qui a fleuri entre le Limpopo et le Zambèze  dépasse de loin le cadre de Mapungubwa ou du Grand Zimbabwe et son histoire n'a toujours pas été restituée dans toute son ampleur et sa complexité. 

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Ruines de Khami, capitale du royaume de Butua (Butwa),  dynastie Torwa ,  ethnie Kalanga, 1450-1560. On remarquera le traditionnel mankala, creusé dans la roche. 

                                (source Unesco)  

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Ruines de Naletale,         XVIIe siècle,            dynastie Torwa,       ethnie Kalanga   

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Naletale, symbolique des motifs d'architecture des

murs.      (Huffman, 1996)    

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Ruines de Danangombe (Dhlodhlo), XVIIe-XVIIIe siècles, et  reconstitution

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maquette, musée de Dhlo Dhlo

                    source  :

              patrimoine africain

 

Reconstitutions, qui montrent la traditionnelle séparation de l'habitat. Au sommet des collines, les chefs,  sur les terrasses supérieures, les élites, et le peuple sur les terrasses inférieures et au niveau du sol.

 

 

Notons au passage que la région, contrairement à la propagande coloniale en Afrique du Sud, n'était pas déserte mais a toujours été habitée jusqu'au XIXe siècle.

 

Après la première période de Mapungubwe, l'organisation du pouvoir  se complexifie quelque peu et chaque centre zimbabweéen se doit de posséder, selon Huffman cinq structures de base : un palais, une cour, une enceinte pour les épouses du chef, un lieu pour les partisans et un autre pour les gardes (Huffman, 2009) Pour toutes les raisons déjà évoquées, nous n'approfondirons pas ici  l'analyse détaillée qu'a fait Huffman, ou d'autres ethnoarchéologues, des structures socio-politico-religieuses des premiers royaumes d'Afrique australes, qui demeurent des extrapolations pleines d'incertitudes.   

                   

                   

 

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