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   Etats-Unis, XXe siècle   

                    Big Business               

            Les Etats-Unis et l'Allemagne hitlérienne

                             1933 - 1945

images extraites de couvertures du livre d'Antony C. Sutton, "Wall Street and the Rise of Hitler"       

 

 

                                   "Wall Street et l'Ascension de Hitler"   

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A Paris, des banques américaines (mais aussi suisses, anglaises ou hollandaises), «avaient continué à faire commerce avec les nazis pendant toute la guerre» en violation des «lois, ordonnances américaines réprimant le commerce avec l’ennemi» (Fabrizio Calvi  et Marc Jean Masurovsky, Le Festin du Reich, Fayard, 2006).  Il faut rappeler que l'Union Bank, dirigée par Prescott Bush (un autre admirateur d'Hitler, semble-t-il), est à l'origine de financements importants de Thyssen, le géant de l'acier allemand,  qui ont permis de placer Hitler au pouvoir et à armer le 3e Reich. Il est évident que le business de Georges Bush, le petit-fils de Prescott, dans le pétrole, n'aurait jamais pu avoir lieu sans la fortune colossale accumulée par le grand-père.  De la même manière la banque Dillon-Read (Clarence Dillon et William Read) mis sa puissance au profit de l'industrie lourde allemande, au travers de deux poids lourds du secteur,  Siemens et Thyssen.  Fritz Thyssen lui-même avait financé le NSDAP avant qu'Hitler n'accède au pouvoir.

 

Dans les années 1920,  Dillon-Read pesait déjà d'un poids colossal pour prêter au Brésil, à la Hollande, pour remettre à flot Good Year en y injectant cent millions de dollars, etc. Dillon-Read est aussi un des nombreux exemples de grand enrichissement qu'offre, sans travailler, le système capitaliste à ceux qui en connaissent bien les rouages.  Dans le cadre d'une enquête sénatoriale, après le crash de 1929, les juges étudièrent un montage financier de deux trusts financiers créés par la banque et établirent qu'avec une mise de fonds d'à peine plus de cinq millions de dollars, Dillon-Read a pu acquérir deux fonds de placement dont les actifs se montaient à... quatre-vingt-dix millions de dollars !
 

 

Ce n'est qu'après la mise en place par Alain Juppé de la mission Matteoli (arrêté du 25 mars 1997), chargée de rendre compte de la spoliation des biens de Juifs de France pendant la seconde guerre mondiale, tant par l'occupant que les autorités de Vichy,  que les grandes banques mises en cause, comme Barclays, Morgan ou  Chase, achèteront à bon compte leurs indulgences. Barclays et JP Morgan s'entendent sur un fond de réparation d'un peu plus de six millions de dollars, Chase et Morgan passent des accords avec le Congrès juif mondial pour un montant resté "officiellement « secret » mais qui semble dérisoire au regards des bénéfices accumulés par les deux établissements bancaires pendant la guerre. Dans le même temps, en l’an 2000, JP Morgan et Chase fusionnent pour donner naissance à un des principaux groupes bancaires de la planète. Les affaires continuent sans que les banques américaines ne rendent trop d’argent ou de comptes."

Fabrizio  Calvi, entretien avec  Jean-Christophe Grellety, 

https://jeanchristophegrellety.typepad.com/lactionlitteraire/files/ENTRETIENJCGRELLETYAVECFABRIZIOCALVI.pdf

Pendant la deuxième guerre mondiale, de février à octobre 1942, sont organisées à Paris, dans l'hôtel Ritz, "Les déjeuners de la Table ronde" qui font se rencontrer des officiers allemands de la Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF : Forces d'occupation  en France),  des industriels allemands, avec des ministres de Vichy, des cadres de comités d'organisation,  des banquiers, des grands industriels et grands patrons français, mais aussi propriétaires de grands magasins, producteurs de vins et de champagne, etc., ou encore des politiciens ou des intellectuels,  réunis toutes les trois semaines pour une meilleure collaboration entre le Reich et les milieux influents parisiens. Ces déjeuners étaient l'idée du prince de Beauvau-Craon, administrateur de sociétés, soutenue Carl Schaefer, commissaire allemand auprès de la Banque de France, et avait reçu le soutien de François Dupré, président des Grands Hôtels associés, directeur du Plazza et du George V, administrateur de Ford, et de René de Chambrun, avocat à la cour d’appel et gendre de Laval"À la Libération, ces «déjeuners de la Table ronde» symbolisent à eux seuls la collaboration économique et les profits qu’elle a pu produire."  ("La collaboration, 1940-1945...", op. cité, Livret de visite, n° 88 : La Table ronde : les acteurs de la première collaboration économique).  Jusqu'à l'entrée en guerre des Etats-Unis contre l'Allemagne, en décembre 1941, on pouvait y rencontrer aussi des représentants de grandes sociétés américaines : Général Motors, Opel, ITT, Ford, Standard Oil, IBM, etc. Mieux, six mois après cette entrée en guerre, De Chambrun, selon un carton d'invitation du 13 mai 1942, était toujours officiellement "avocat des maisons de courtage américaines en France" et "avocat à la cour d'appel de New-York et de Paris".  L'historien canadien Jacques Pauwels a bien montré que l'Allemagne hitlérienne, de 1933 à 1945, n'a pas seulement été un "paradis pour l'élite allemande" de l'économie mais aussi pour celle des Etats-Unis d'Amérique, beaucoup plus soucieuse de combattre le communisme que le nazisme.  Rappelons qu'en 1939, le paquebot Saint-Louis, qui abritait plus de neuf cents réfugiés juifs ne put accoster aux Etats-Unis : Roosevelt ne daigna même pas répondre à la demande d'asile qui lui parvint par câble. Le navire dut rebrousser chemin vers l'Europe et bon nombre de passagers périrent dans des camps d'extermination. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises, car nous allons voir que le comportement des pouvoirs politiques et économiques américains envers l'Allemagne nazie dépasse l'entendement et remet sérieusement en perspective l'image si souvent martelée des libérateurs américains. 

Bon nombre d'entreprises américaines, dont un certain nombre avait commencé de s'installer dans l'Allemagne républicaine de Weimar, ont développé significativement leurs investissements dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir, au travers de leurs filiales allemandes, telles Standard Oil (Exxon), Coca-Cola (Embouteillage à Essen), Union Carbide, Eastman Kodak, Du Pont, Westinghouse, General Electric, Singer, etc.  (Jacques Pauwels, "The Myth of the Good War: America in the Second World War", Toronto: James Lorimer & Company, 2002).  Et ne parlons pas d'IBM, dont la filiale allemande Dehomag aurait participé au fichage des Juifs (ou tout au moins permis), par le biais technologique de la carte perforée (mécanographe, 1886,  de Hermann Hollerith, 1860-1929), facilitant la spoliation des biens et même à l'extermination des Juifs, s'il faut en croire Edwin Black  (Edwin Black, "IBM and the Holocaust: The Strategic Alliance Between Nazi Germany and America's Most Powerful Corporation", New-York, Crownbook, 2001).  Dans tous les cas, il n'y a pas de doutes à avoir sur le profit retiré par la société de sa collaboration avec l'Etat nazi. De 1933 à 1938, Dehomag double de valeur nette, passant de 7.7 millions à 14 millions de RM (reichsmark) d'investissements, augmentant profits, bénéfices, et partant, dividendes reversés à la maison mère aux Etats-Unis  (Edwin Black, "IBM ..." op. cité).  Les ventes de la filiale de Coca-Cola passent de 243.000 à 4.5 millions de caisses entre 1934 et 1939. 

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Les ventes de Ford-Werke GmbH (usine automobile de Cologne) et d'Opel-Adam (du nom de son fondateur allemand Adam Opel, devenue propriété de GM) sont dopées par la reprise économique impulsée par le programme de réarmement du Reich, mais aussi par une politique coercitive contre les ouvriers, que nous examinerons au prochain chapitre. A elles deux, les compagnies General Motors et Ford possédaient 70 % du marché automobile allemand. William Knudsen, président de GM, fera des dons très généreux à l'American, Liberty League, d'obédience fasciste.  Interviewé après son retour d'Allemagne en 1933, où il rencontra le chef nazi de la Luftwaffe, Hermann Goering, il parle du pays comme d'un "miracle du vingtième siècle (Charles Higham, "Trading with the ennemy, 1983 : 167).  "Miracle" auquel Knudsen, comme d'autres grands patrons, participe grandement au travers d'Opel-Adam, en faisant fabriquer des chars, des camions et des moteurs bombardiers, tandis que d'autres comme Texaco ou Standard Oil, fournit les Allemands en caoutchouc, l'huile de moteur, gazole et carburants divers (Jacques Pauwels, op. cité).  Sans l'appui des banques américaines et suisses, mais surtout sans le matériel de guerre, les fournitures, la technologie américaines, l'Allemagne hitlérienne, c'est un fait certain,  était incapable de mener la guerre qu'elle a menée. 

 

A la fin de l'année 1941, on estime à près de 475 millions de dollars les participations américaines dans l'économie de l'Allemagne nazie. 

    GmbH        :   Gesellschaft mit beschränkter Haftung, l'équivalent de notre SARL, Société à Responsabilité Limitée. 

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knudsen william-life magazine 17 juin 19

 Le directeur de la filiale allemande de Coca, Max Keith, arborant alors la même moustache que le führer, célèbre son 50e anniversaire en grand admirateur de Hitler, tout comme le fondateur d'IBM, Thomas Watson, ou le président Irénée Du Pont (de famille pourtant d'ascendance juive), qui non seulement finançait les nazis mais les fournissait en armes et munitions via les Pays-Bas. Beaucoup de ces dirigeants, comme celui d'ITT (trust qui conservera longtemps des sympathies fascistes, en particulier dans le Chili sous Pinochet) Sosthenes Behn, n'avaient, comme en Europe à l'époque, pas de problème ni avec l'antisémitisme, ni avec  les régimes fascistes qu'ils affectionnaient, si propices aux affaires, et qui, de plus, étaient anti-marxistes, la bête noire de l'élite américaine. Rappelons qu'Henry Ford avait publié "The International Jew" / "Le Juif international", Dearborn Publishing Co, un ensemble de 91 articles parus en 1920 dans un journal qu'il a acheté, le Dearborn Independent  (Michigan), ouvrage dont la lecture avait régalé et donné des idées à Hitler (Pauwels, op. cité).  Ford a, par ailleurs, financé les campagnes de propagande de l'America First Committee dont un des célèbres porte-voix fut l'aviateur Charles Lindbergh, antisémite comme lui et partisan d'une alliance avec Hitler. 

 « la principale source de la maladie du corps national allemand (...), c’est l’influence des Juifs  »

« la race aryenne... le peuple dominant, choisi au cours des siècles pour régir le monde. »  

                                                                                                                                 Henry Ford, op. cité

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Le 26 juin 1940, un responsable commercial allemand fête les victoires allemandes à l'hôtel Waldorf-Astoria, New-York, en présence de plusieurs industriels américains, dont un cadre dirigeant de General Motors, James Mooney. Comme Ford, comme Watson, il fut décoré par Hitler et reçut une médaille  (Pauwels, op. cité).  Quelques jours plus tard, c'est Torkild Rieber, chairman de Texaco, un autre grand sympathisant fasciste qui organise un dîner dans la même ville pour les mêmes raisons, avec beaucoup de personnalités américaines des affaires. 

 

Comme en Europe, une partie des prêtres américains, comme de nombreuses personnalités politiques ou économiques, mais aussi religieuses, au Vatican, à commencer par le pape lui-même, nous l'avons vu, manifestent leur sympathie pour le fascisme d'Hitler ou de Mussolini. 

Plus généralement c'est le Big Business qui profita le plus de la guerre, c'est-à-dire la soixantaine d'entreprise qui bénéficia de 75 % des contrats liés aux fournitures militaires.   En finançant de nouvelles technologies, de nouvelles usines, de nouveaux projets publics à destination de la recherche militaire  (plus de 17 milliards de dollars), les entreprises privées bénéficièrent d'une aide très substantielle de l'Etat, en particulier d'installations qu'elles pouvaient, après la guerre, racheter pour la moitié ou le tiers du prix à l'Etat, des millions de bénéfices que le sénateur Harry Truman dénoncera comme une "manière légale de réaliser des bénéfices démesurés"  (Pauwels, op. cité).  

Roosevelt avait déclaré que 1600 $ était le budget annuel minimum pour faire vivre une famille de quatre personnes, mais un travailleur de Général Motors, alors la plus grande entreprise du monde, ne gagnait en moyenne que 900 $ par an. En 1936, Knudsen, qui préside alors la branche Chevrolet de la compagnie, est surnommé "le roi du speed up", surnom reçu pour ses efforts pour augmenter si dangereusement la productivité des ouvriers que beaucoup s'évanouissaient d'épuisement. Le président de l'UAW (United Auto Worker), un des plus importants syndicats  de travailleurs automobiles,  Homer  Martin mena le combat des ouvriers contre G.M et déclara : "Nous nous battons aujourd'hui pour la liberté sociale et économique. C'est un combat contre le speed-up inhumain qui a fait de l'homme un esclave de la machine." (Journal Detroit News, 7 janvier 1937).  Il poursuivit en dénonçant un système vicieux mis en place par la société pour priver les ouvriers de rejoindre l'organisation syndicale de son choix, via l'agence Pinkerton,  briseuse de grève (strikebreakerstrikebreaking) professionnelle, payée  167.000 $ en 1935 pour cet infâme travail (Storch, 2013). Pendant ce temps, Knudsen, dans son beau bureau, qui n'était même pas encore le président de l'entreprise, gagnait 375.000 $ pendant la seule année 1936, c'est-à-dire presque quatre cents fois le salaire moyen de ses ouvriers. En Allemagne, les travailleurs des filiales américaines ne seront pas mieux traités. Dès le mois de mai 1940, les travailleurs d'Opel travaillaient soixante heures par semaine avec des amputations de salaire. A la fin de l'année 1942, on était passé à soixante-six heures  (Pauwels, 2002).  Ces mêmes entreprises américaines exploiteront massivement des travailleurs forcés (étrangers, prisonniers de guerre ou des camps de concentration, etc.), en particulier Coca-Cola, Ford ou G.M.  Chez Ford-Werke les travailleurs forcés (dont ceux des camps de concentration) travaillaient douze heures par jour, sauf le dimanche, sans aucun salaire. Un esclavage sous le contrôle de la Gestapo, qui maltraitait les ouvriers, n'hésitant pas à les tuer pour des délits mineurs (Pauwels, 2002).  Précisons que c'est le président Roosevelt lui-même qui, par autorisation spéciale,  permit ce que la loi n'autorisait pas, c'est-à-dire de faire des affaires avec des pays ennemis ou neutres, mais amis des premiers. Roosevelt fit en sorte, aussi, que les sociétés américaines en Allemagne soient le plus possible épargnées par les bombardements. Il y eut tout de même des dommages, pour lesquels les entreprises reçurent de solides indemnisations : 33 millions de dollars pour G.M, 27 millions pour ITT, etc.  (Pauwels, 2002).  Un grand nombre de représentants des grandes firmes américaines a ensuite fait partie, après la guerre, des forces d'occupation, et ont pu verrouiller des informations compromettantes de part et d'autre, côté allié ou côté allemand, où les dirigeants américains avaient établi des relations personnelles. Quelques nazis emblématiques comme Gauleiter Sauckel, plénipotentiaire général de la main-d'œuvre en Allemagne, considéré comme le plus grand marchand d'esclaves de tous les temps,  payèrent pour de très nombreux autres, et ne parlons pas de la responsabilité écrasante des dirigeants américains, qui non seulement ne furent jamais inquiétés, mais plutôt remerciés pour leur riche contribution à l'économie américaine. 

A la Libération,  il faut signaler de nombreux actes criminels commis par les soldats de l'US Army, les fameux GI.  Les militaires américains perpétrèrent  un acte de guerre multiséculaire, le viol, en France, en Angleterre, mais surtout, bien plus massivement, en Allemagne, à l'instar d'autres soldats alliés.  Selon l'historienne allemande Miriam Gebhardt, ce sont près de 860.000 femmes qui ont été violées et parfois tuées : plus de 590.000 viols imputés à l'Armée Rouge soviétique, 190.000 aux GI, 50.000 aux Français et 30.000 aux Britanniques ("Quand les soldats sont arrivés", Als die Soldaten kamen, DVA München/Munich, 2015).  Par ailleurs, les GI, comme d'autres soldats alliés, ont pratiqué, malgré son illégalité, le pillage de biens civils, en particulier des tableaux,  des manuscrits, des timbres, etc.,  souligne l'historien Seth Givens, dans sa thèse de 2015, intitulée "Bringing Back Memories: GIs, Souvenir Hunting, and Looting in Germany, 1945", Ohio University Libraries. 

 

 

                   Des bourreaux sous haute protection

              "En vue d’un « renversement des alliances » impossible du point de vue militaire général mais très avancé sur le plan politique, les États-Unis et le Vatican avaient alors amorcé le sauvetage-recyclage des bourreaux, largement financé par Washington, surtout via Taylor et le symbole ecclésiastique du « pactole » de dollars déversé à Rome depuis 1925, Francis Spellman. Des travaux ont commencé à saisir dès 1969 cette opération de masse, rendue possible par le fin maillage clérical de l’Europe, qui achève d’éclairer les « silences » pacelliens."   (Lacroix-Riz, 2000)  

Les Etats-Unis ont en effet joué un rôle important dans l'exfiltration des nazis à l'étranger  au travers de flières d'évasion ("ratlines"), organisées avec, nous allons le voir, l'appui solide de l'Eglise catholique. Les Américains, en effet, s'intéressaient de près au recyclage des nazis qui avaient des compétences très utiles pour eux : espionnage, expertise anticommuniste, ou encore des savants de tout poil, comme Werner von Braun, qui deviendra  responsable des programmes de la NASA.  Les pires criminels nazis seront employés par la CIA "comme le boucher le Lyon", Klaus Barbie, le médecin tortionnaire d'Auchwitz, officier de la SS (Schutzstaffel : litt. "escadron de protection"), Josef Mengele, ou encore le grand logisticien de la solution finale, Adolf Eichmann, à la tête du 4e Bureau de la RSHA  : Reichssicherheitshauptamt / Office central de la sûreté du Reich  (Steinacher, 2018).  Walter Rauff,  officier SS de la section anticommuniste intéressa aussi de près Alan Dulles, avocat d'affaires, patron européen de l'OSS (Office of Strategic Services), qui menait des tractations secrètes en Suisse avec Karl Wolff, un des chefs de la police SS.  Dulles recrutera ainsi comme consultant un officier responsable de "camions à gaz" de la solution finale, ou encore de l'élimination de Juifs de Palestine  à la tête de commandos, les Einsatzgruppen (litt : "groupes d'intervention), responsables aussi de la "shoah par balles". 

 

"Il y aurait eu jusqu'à 100.000 réfugiés nazis dont des criminels de guerre, aux Etats-Unis" (Fabrizio Calvi,  Journal  La Liberté,  interview du 8 août 2008)

 

 "Les itinéraires et les réseaux de fuite organisés commencèrent à prendre forme à l’été 1946. Au même moment, eut lieu une évasion massive de SS détenus dans le grand camp de prisonniers de guerre de Rimini ; les fugitifs disparurent sans laisser de trace."   (Steinacher, 2018).  Parfois, les officiers américains utilisaient des réseaux déjà mis en place  avec la complicité du Vatican, qui cachait des nazis dans les monastères, ces derniers se voyant remettre des documents de voyage de la part de la Croix-Rouge   (Steinacher, op. cité) .   Les sanatoriums  suisses, du côté germanophone surtout,  sont aussi des lieux connus pour le transit des nazis vers l'Amérique du Sud :  C'est ainsi que l'évêque Jelmini  "transforma « de notoriété publique » le sanatorium d’Agra, près de Lugano, en « gare régulatrice pour l’évasion de nazis vers l’Amérique du Sud » (fonction alors courante des sanatoriums suisses, comme Davos)" (Lacroix-Riz, 2000).  Très actifs aussi étaient les prélats de l'Europe orientale, avec des réseaux puissants, comme de Monseigneur Bucko, du côté ukrainien ou du père Draganovic, côté croate (tristement célèbre aussi,par ses  abominables Oustachis)  : "sa filière aurait soustrait au châtiment environ 30 000 criminels croates, dont Pavelic, Saric et Rozman"  (Lacroix-Riz, 2000) .  L'Eglise yougoslave, selon Guy Radenac, consul  de France à Zagreb,  "s’est compromise à tel point qu’il serait possible de dresser contre elle un réquisitoire en n’invoquant que des témoignages religieux"  qui contiendraient forcément ce que Carlo  Falconi  a appelé un " « hideux mélange de boucheries et de fêtes  »  sur les massacres d’orthodoxes, tel celui de Glina en (mai) 1941, confirmé par le récit du père Thomas, trappiste français réfugié pendant la guerre à Banja-Luka – 2 000 morts dans une nuit, hommes, femmes et enfants, tués et dépouillés ; sur les festivités avec l’occupant, les « grands dîners en l’honneur des officiers allemands » organisés par un couvent où l’on servait « des gâteaux (sic) (sic dans le texte) ornés de croix gammées », décrits par le père Loewenbrück, bénédictin français de Pleterje."   (Lacroix-Riz, 2000) .  L"ancienne confédération des associations catholiques, Pax Romana, de Salamanque à Rome, en passant par Fribourg, avait mis en place tout un système de fausses bourses d'études, de vrai-faux passeports à des criminels de notoriété publique   (Lacroix-Riz,  op. cité) .     A l'Est, la poignée de survivants de la Shoah n'était pas sortie d'affaire à la fin de la guerre. Les Juifs fuyant les pogroms de Pologne vers la Russie se heurtent à la résistance d'extrême-droite, qui veut achever l'oeuvre des nazis. L'archevêque  de Poznan et Gniezno,  August Hlond,  promu archevêque de Varsovie en 1946, anime le pogrom de Cracovie, associé à l'évêque du lieu, Adam Stefan Sapieha, les deux hommes faisant la même chose à Kielce, assistés par l'évêque, de la ville Kaczmarek (Lacroix-Riz, 2000) .

       Falconi     :   "Le silence de Pie XII 1939-1945, essai fondé sur des documents d’archives recueillis par l’auteur en Pologne et en Yougoslavie, Monaco, éd. du Rocher, 1965"  (op. cité)

En plus d'afficher sa neutralité par rapport au conflit, d'assister les Allemands comme victimes de guerre, mais aussi de garder le silence  sur la Shoah, il y aurait eu de la part du président de la Croix-Rouge, Carl Jakob Burckhardt, très anticommuniste, une volonté d'extirper le plus d'Allemands possible, dans les régions de l'Est, des griffes de l'emprise soviétique (Gerald Steinacher, Hakenkreuz und Rotes Kreuz: Eine humanitäre Organisation zwischen Holocaust und Flüchtlingsproblematik / "Croix gammée et Croix-Rouge : une organisation humanitaire entre Holocauste et problème des réfugiés",  Innsbrück, Studienverlag, 2011) .   

 

Theodor Innitzer, cardinal-archevêque de Vienne,  protégé de Pacelli, bien connu "pour ses « Heil Hitler » sonores depuis l’Anschluss de mars 1938 (Lacroix-Riz, 2000) ,  prit sous son aile  Aloïs Hudal, recteur de Santa Maria dell’Anima (un fief du pangermanisme romain,) "nazi aussi précoce que son maître, aujourd’hui connu comme l’un des chefs vaticans de l’« exfiltration » des nazis depuis 1943 (Lacroix-Riz, op. cité) .   Hudal salua "l'acte pacificateur" (op. cité) de l'annexion allemande de l'Autriche,  appelant  de tous ses voeux à "une étroite collaboration entre le catholicisme autrichien et le national-socialisme allemand pour le progrès et la gloire de la race et de l’idéal germaniques.(op. cité).  Restait aux Allemands de se passer de leurs opinions anti-chrétiennes, ce qu'il ne manqua pas de faire avec insistance et très poliment auprès du NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei / Parti national-socialiste des travailleurs allemands), essuyant bien sûr des refus de la part des nazis. On essaya souvent défendre quelques prélats de tant d'infamie, comme l'archevêque de Munich,  Michael von Faulhaber,  pour quelques passages de sermon supposément philosémites, quand bien même ses saillies antisémites avaient commencé au moins depuis 1922 et se poursuivaient  depuis l'avénement de Hitler :  "courageuse affirmation doctrinale" remarqua non sans ironie l’ambassadeur François Charles-Roux,  à propos de la validité de l’Ancien Testament pour faire oublier le mutisme des "autorités supérieures de l’Église, gardiennes de l’orthodoxie catholique" quant à la politique antisémite du troisième Reich   (Lacroix-Riz, 2000) .   

 

 

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                      BIBLIOGRAPHIE 

 

 

 

 

LACROIX-RIZ, Annie, 2000,  "Le Vatican et les juifs, de l’antisémitisme des années trente au sauvetage des criminels de guerre",  In  : "Militantisme et histoire" [en ligne]. Toulouse : Presses universitaires du Midi.

http://books.openedition.org/pumi/18947

STEINACHER Gerald, 2018,  "Les nazis en fuite", Collection Tempus, éditions Perrin

STORCH Randi, 2013  Working Hard for the American Dream, Wiley Blackwell. 

 

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