Les Forts
et
les faibles
40.000 ans de domination sociale
Bienvenue !
J'ai remonté le fil et j'ai fini par me retrouver aux côtés d'hommes préhistoriques, parce que les archéologues révèlent, année après année, que nos principaux problèmes sociaux se posaient déjà depuis les tréfonds de l'histoire humaine. A partir de là, patiemment, j'ai commencé de relever les faits établis par les historiens, de les croiser, de les agencer, et ils m'ont fait comprendre que la domination sociale d'une poignée d'êtres humains, aisés ou riches, qui se pensent les meilleurs, sur beaucoup d'autres, plus ou moins pauvres, qu'ils considèrent comme inférieurs, forme le soubassement, la dynamique, les forces principales de l'histoire de l'humanité, tout un ensemble de choses que nous n'avons jamais appris dans les livres d'école, bien sûr, parce que l'école fait aussi partie intégrante, nous le verrons plus tard, de la domination sociale. Ceci explique le nom donné à ce site : Ploutos (plutos, Πλοῦτος), la richesse, en grec, entendue péjorativement, le fric, et Kratos (Κράτος), le pouvoir.
Ce travail que je vous propose est donc une démonstration permanente par les faits de cette domination sociale, du pouvoir de quelques uns sur beaucoup d'autres et recouvrant la plupart des activités humaines. C'est l'histoire des Forts et des Faibles, de la violence plusieurs fois millénaire, physique ou psychique, exercée par les dominants sur les dominés, et par effet pervers, et très profitable aux puissants, entre les dominés entre eux. Ce sont, en plus de la force, les stratégies, les ruses, tous les moyens mis en œuvre pour façonner un monde qui puisse permettre à ceux qui l'organisent, alors qu'ils sont très peu nombreux, d'obtenir, de conserver, mais aussi, d'augmenter au mieux leurs pouvoirs et leurs richesses. C'est l'histoire de ces idéologies qui ont très tôt réussi à acquérir durablement dans toutes les couches de la société une dimension naturelle, éternelle, nécessaire. De la même manière qu'à Babylone, dans l'empire Inca ou celui du Mali, dans l'Egypte des Pharaons, l'Europe médiévale ou celle d'aujourd'hui, il n'existe aucune société dont les fondements sont le bien-être et l'égalité de tous les êtres humains. En effet, même les plus égalitaires d'entre elles, nous le verrons, n'ont jamais établi l'égalité entre les hommes et les femmes.
Ce travail n'est pas du tout théorique et s'adresse à tous. Il est ancré dans le réel, au plus près de ce qui construit les inégalités sociales entre les hommes : la violence, la guerre, l'oppression, l'esclavage, la religion, la politique, la servitude par la dette, l'exploitation par le travail, les inégalités de logement, de santé, d'éducation, etc.. Nous irons au cœur des savoirs nécessaires à la compréhension de cette fabrication de l'inégalité, et chaque contribution à ce travail sera systématiquement sourcée. Car, si un adage se révèle d'une grande pertinence ici, c'est que "le diable est dans les détails." Si la domination sociale a, pendant longtemps, été permise en grande partie par la force, elle n'aurait pas pu être effective, solide et durable, nous le verrons, sans une mise en œuvre puissante, répétons-le, de moyens, de ruses, de manipulations, de stratégies, que les sciences historiques et sociales ont en partie mises à jour. Ici, donc, l'idéologie, au sens péjoratif du terme, n'est pas de mise, à savoir une "théorie vague et nébuleuse, portant sur des idées creuses et abstraites, sans rapport avec les faits réels" *, bâties sur des préjugés, des croyances à partir desquelles elle tire un ensemble de principes, politiques, économiques, moraux, en particulier.
Bonne lecture à toutes et à tous !
Camille Lefèvre, 16 janvier 2020
* CNTRL, Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
https://www.cnrtl.fr/definition/
IIllustrations : A gauche, détail d'une miniature tirée des Riches Heures du Duc de Berry, mois de Janvier, 1410-1411, manuscrit conservé au château de Chantilly. A droite, corvée de paysans, détail d'une miniature d'un manuscrit de la London Library, 1310-1320